Corse Net Infos - Pure player corse

Agriculture- Dominique Livrelli : "80% des annonces de Macron ne concernent pas les exploitations corses"


Livia Santana le Dimanche 25 Février 2024 à 18:07

À l'occasion du salon de l'agriculture, le président de l'Office du Développement agricole et rural de Corse, Dominique Livrelli situe, pour CNI, l'importance de cet évènement pour les agriculteurs de l'île, mais s'attarde aussi, et surtout, sur les difficultés qu'ils rencontrent dans le contexte de la crise agricole.



Dominique Livrelli, président de l'Odarc au salon de l'agriculture
Dominique Livrelli, président de l'Odarc au salon de l'agriculture
Le salon de l'agriculture 2024 a ouvert ses portes à Paris ce samedi 24 février, un peu plus d'un mois après le début du mouvement de colère des agriculteurs. Dès le premier jour, Dominique Livrelli, président de l'Odarc (Office de développement agricole et rural de la Corse) était présent sur le village corse pour apporter son soutien aux exploitants insulaires. 

- Que représente cet évènement pour les agriculteurs corses ? Quels sont les enjeux de ce salon pour l'agriculture insulaire ? 
-  L'idée c'est de valoriser la production locale, de mettre en avant les produits corses et nos élevages. Pour que les agriculteurs de L'île puissent monter au salon à moindres frais, la Collectivité de Corse a participé financièrement à hauteur de 800 000 euros, un effort conséquent. Cela a permis à 80 producteurs d'avoir un stand et d'être représentés. Il faut savoir que toutes les régions ne prennent pas en charge de tels frais. Tous les ans nous avons à cœr d'y participer, car les filières de l'île et les exploitations sont très petites, elles ne pourraient pas supporter de telles dépenses. Aussi, le salon permet de promouvoir des produits agro-touristiques comme la "Route des sens". On sait que les personnes qui viennent au village corse s'informent sur les activités liées à l'agriculture qu'ils pourront expérimenter lors de leur séjour en Corse. 

- Le salon de l'agriculture 2024 s'inscrit dans un contexte particulier de crise du monde agricole, quel état des lieux pouvez-vous faire en Corse ? 
- La situation est catastrophique. Elle est la même qu'au niveau national, mais complexifiépar des problèmes liés à l'insularité et aux spécificités de la Corse. Le prix des entrants est démesuré, nous subissons le changement climatique et ses conséquences sur les ressources hydriques, il y a une faiblesse des infrastructures de transport, dans la structuration des filières agricoles et ses outils. Sans parler du foncier qui complexifie l'installation des agriculteurs. Sur l'île, il y a un véritable retard structurel et un problème de modernisation.

- Quelles sont les solutions ? Les annonces d'Emmanuel Macron de ce samedi 24 février au matin vont-elles dans le bon sens ? 
- Au niveau de la Collectivité de Corse, nous ne pouvons  influer qu'à minima sur ces questions, car nous n'avons pas toutes les clefs en main. Concernant les annonces du Président, il faut savoir qu'à ce jour 80% des mesures proposées ne concernent pas les petites exploitations. Or, en Corse, 80% des agriculteurs sont à la tête de petites exploitations. Les spécificités liées à la Corse n'ont pas été évoquées. Pourtant, le 20 décembre, bien avant le début de la crise agricole, nous avons envoyé une note en formulant des demandes au gouvernement. Ce courrier est resté sans réponse. Au mois de janvier, nous avons profité du contexte pour réitérer ces mêmes demandes, nous attendons toujours un retour de l'État.