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Bastia : Leonor Fini et Louis Schiavo à l'honneur au musée


Odile AURACARIA le Dimanche 6 Juillet 2014 à 00:14

C'est en présence d'un public attentif et venu en très grand nombre que Gilles Simeoni, maire de Bastia, a inauguré vendredi soir, deux importantes expositions temporaires de l'été 2014 : "Vacances d'artistes" 1956, Leonor Fini à Nonza et "Etre créateur à Bastia, 1955 - 2014", Rétrospective Louis Schiavo. Après une allocution de Gilles Simeoni, une intervention d'Elisabeth Cornetto (Conservatrice en chef du musée) et un bref discours de Louis Schiavo le public a pu se diriger dans les étages et savourer ces deux expositions qui pourront être vues jusqu'au 14 septembre 2014.



Vacances d'artistes, 1956, Leonor Fini à Nonza

Il s'agit de la présentation de 53 photographies, en noir et blanc et grand format, collectées par Enrico Colombotto Rosso,qui sont le vibrant témoignage de vacances passées par Leonor Fini et ses amis dans le couvent de Nonza. Elisabeth Cornetto est la commissaire d'exposition. Leonor Fini (Buenos-Aires 1907 - Paris 1996) était une artiste autodidacte inclassable proche du surréalisme. Elle était aussi passionnée de littérature et de poésie. Ecrivaine, illustratrice, créatrice de nombreux décors et de costumes de théâtre, de danse et d'opéra, elle connut l'apogée de sa célébrité après la seconde guerre mondiale et jusque dans les années 1970.
Elle eut de nombreuses villégiatures avant d'opter dans les années 1950 pour le couvent Saint-François de Nonza dans le Cap Corse où elle viendra chaque été pendant une vingtaine d'années avec ses amis. Chaque 30 août, date de son anniversaire, Leonor Fini organisera une fête somptueuse dans le vieux monastère.

Enrico Colombotto Rosso (Turin 1925 - Casale-Monferrato 2013), avait souhaité partager avec la Corse les souvenirs qu'il conservait de ces vacances inoubliables, en mettant gracieusement à la disposition du Musée de Bastia les photographies prises en 1956.
Représentant du néo-surréalisme turinois, Enrico Colombotto Rosso, rencontre pour la première fois Leonor Fini, Stanislao Lepri et Constantin Jelenski à Paris en 1950. Proches par l'expression artistique, ils se lient d'une amitié indéfectible et il deviendra un habitué de Nonza.
Fidèle au souvenir de Leonor, il avait conservé un ensemble de photographies en noir et blanc datant de l'un de ses premiers séjours. On l'y retrouve en compagnie des peintres Stanislao Lepri, Max Ernst et sa femme Dorothea Tanning, Bob et Anik Sine, les écrivains Ector Biancotti, Costantino Jelenski, et la photographe Uga Ronald.

L'équipée annuelle à Nonza
"Tous les mois de juin, elle s'y rendait. Leonor, Stanislao et Kot, chats dans les paniers, prenaient des taxis jusqu'à la gare de Lyon puis des wagons-lits de première classe pour voyager de nuit jusqu'à Marseille. Ils réservaient une suite à l'Hôtel de Noailles, sur la Canabière, où ils restaient un jour (les chats avaient quartier libre). Puis ils prenaient le bateau pour Bastia où deux ou trois taxis les attendaient pour les amener, à travers monts, sur l'autre rive de la mer. Sur le sentier menant au monastère, des ânes prenaient le relais. La première priorité de Leonor était d'aller plonger dans la mer. Ils invitaient leurs proches amis durant les trois ou quatre mois de leur séjour Max Ernst, Dorothea Tanning, Suzanne Flon, Meret Oppenheim, Jacques Audiberti, Fabrizio Clerici, Elsa Morante, Ernst Fuchs, Pao Weng, les artistes Leonardo Cremonini, Enrico Colombotto Rosso et Michèle Henricot, le dessinateur Bob Sine et sa femme Annick. Parmi les autres visiteurs, le photographe David Hamilton, qui prit de nombreux et superbes clichés de Leonor et de ses amis à Nonza..." Souvenirs de Peter Webb

Rétrospective Louis Schiavo , Etre créateur à Bastia 1955 - 2014

Cette exposition constituée de dessins, photographies, peintures, vidéos, sculptures, installations... retrace le parcours artistique du peintre bastiais de 1955 à nos jours. Peintre mais aussi photographe, mélomane averti passionné de jazz et de musique classique, l'artiste a bâti une oeuvre en constante évolution. Ariane Jurquet est la commissaire de l'exposition. 

Louis Schiavo : un artiste autodidacte et fier de l'être!
"Enfant du Mercà" Louis Schiavo s'est fait lui-même. Son père le force à quitter l'école très jeune afin de l'aider à la poissonnerie familiale. Immergé dans la culture populaire, il décide de se mettre au dessin, à la musique et à la lecture. Il rend très souvent visite à son voisin le peintre Hector Filippi.
Louis Schiavo déclare : "Quand j'ai commencé à peindre, dans les années d'après-guerre, les possibilités d'aujourd'hui n'existaient pas. Très peu de tubes de peinture, pas d'informations... On ne pouvait qu'être autodidacte, comme le fut la plupart des musiciens d'alors, des artisans qui possédaient les choses dans leur tête de façon intuitive. Je me sens comme eux et ma grande chance, c'est de ne pas avoir fait de "peinture d'enfants", ni fréquenté d'école d'art ou les Beaux-arts."

A douze ans, il réalise son premier dessin 
A la fin des années 50 et au début des années 60, il effectue ses premières expérimentations picturales et se lance sur les chemins de l'abstraction. C'est aussi à cette période qu'il expérimente toute une série d'installations utilisant des objets qu'il détourne de leur usage habituel.
Il mène ensuite un travail sur la matière picturale avec des huiles sur bois auxquelles il a ajouté des éponges afin de créer des reliefs et des épaisseurs de matière.
En 1964, Louis Schiavo rencontre Alberto Giacometti et en esquisse le portrait d'un réalisme saisissant.
Passionné de musique depuis toujours et musicien lui-même, Louis Schiavo initie en 1968 avec le saxophoniste Coltrane une série de peintures dédiées à la musique. Il dédiera ensuite des toiles à bon nombre d'artistes.
Dans les années 1980, nouvelle évolution, c'est la naissance des trames.
Au début 1990 il introduit dans ses oeuvres des motifs pointillistes.
Entre 2001 et 2005, il aborde un nouveau style extrêmement dépouillé.
En parallèle avec son travail abstrait, Louis Schiavo a aussi créé, entre 1971 et 2014, une vingtaine d'oeuvre sur la Corse.