Au camp d’Aspretto, 12 jeunes corses apprennent à devenir réservistes de la gendarmerie

Sur le parvis du camp de la gendarmerie d’Aspretto à Ajaccio, un véhicule vient d’être intercepté. Deux jeunes personnes en treillis, ceinturons et gilets de haute visibilité, s'approchent de la voiture : "Vos papiers s’il vous plaît"... 

Cette scène de contrôle routier, plus vraie que nature, n’est en réalité qu’une simulation exécutée par deux des douze stagiaires en formation au centre d’Aspretto pour devenir réservistes de la Gendarmerie. Elle se déroule sous l’œil attentif du Major Fournier.

Depuis deux semaines, ils sont 12 stagiaires insulaires, âgés de 17 à 40 ans, à se familiariser avec le métier de réserviste, surveillés par des intervenants de la réserve et des cadres officiers. Outre le contrôle routier, ils apprennent à travers plusieurs modules à manier une arme de poing, à riposter en cas d’attaque, à se déplacer en troupe et à maîtriser les éléments du Code pénal.

 

« C’est une formation de trois mois condensée en deux semaines. » explique l’un des adjudants de stage, qui préfère rester anonyme. « Nous décelons les profils qui ne sont pas à la hauteur, coté éthique et déontologie. Nous attendons des futurs réservistes qu’ils soient altruistes et rigoureux, qu’ils aiment leur prochain, la citoyenneté et la République. Ils auront de grandes responsabilités une fois sur le terrain. Nous leur mettons notamment une arme de poing à disposition. On ne peut pas se permettre de garder des gens qui seraient inaptes, on écrème chaque année de manière assez stricte. » poursuit-il.

Ainsi, avant d’incorporer cette formation de deux semaines, les aspirants réservistes sont évalués par des tests psychotechniques, un test de connaissances sur les règles de l’intervention professionnelle, et un examen médical.

 

S’ils parviennent à valider ce stage final, ils intégreront la réserve. le Lieutenant Jean-Baptiste Mary explique : « La Garde nationale a été créée par François Hollande à l’issue des attentats du Bataclan. La particularité du réserviste, c’est qu’il choisit en fonction de son temps les missions qui lui sont proposées. On a différents types de profil. Cette année, ils viennent tous des quatre coins de la Corse. Certains sont étudiants, d’autres déjà pères de famille en CDI. La réserve a toujours besoin de renforts. »

Madison, 18 ans, étudiante au lycée de Montesoro, est ravie. À l’issue de ce stage, elle va arrêter ses études, entrer en tant que réserviste puis passer des concours pour devenir maître-chien : « Cette expérience a confirmé ma vocation et mon attrait pour la vie militaire. J’y ai appris des valeurs essentielles comme la cohésion et l’authenticité. On a réussi a créer un groupe avec une forte solidarité. »
 

Pierre, 24 ans, étudiant en Master d’information et de communication à l’université de Corte, se montre lui aussi très enthousiaste : « J’ai voulu m’inscrire pour diverses raisons : me dépasser, rendre fière ma famille, et rajouter une ligne à mon CV, et pas n’importe laquelle. J’envisage potentiellement de poursuivre dans cette voie, mais chaque chose en son temps. J’ai appris de nombreuses valeurs. Certains vont retenir la camaraderie, la cohésion, le fait de travailler tous ensemble, d’autres vont retenir la discipline, l’usage des armes, le fait de se défendre, de s’affirmer. Nous n’avions pas tous un profil parfait avant d’arriver. Je vais continuer mes études dans le civil, tout en servant la nation à travers la gendarmerie et sa réserve. »

 

La cérémonie de remise des brevets aura lieu ce vendredi 10 mai, sur le camp d’Aspretto, en présence des autorités régionales. Les stagiaires diplômés pourront être sollicités au sein de la réserve dès la signature de leur contrat. Cette année, les élèves qui achèvent cette formation obtiennent directement un titre de brigadier, ce qui leur confère une plus grande responsabilité …« d’où notre vigilance particulièrement accrue » conclut Jean-Baptiste Mary.