
Saviez-vous que l’œuf récolté le jour de l’Ascension aurait le pouvoir de ne jamais pourrir ? En Corse, cette croyance populaire perdure dans certaines familles. Conservé toute l’année au sein de la maison, cet œuf est censé protéger les habitants des maladies, des incendies et même de la foudre. En cas d’orage, on le place à la fenêtre pour éloigner le danger.
Autre tradition : l’« arba di l’Ascensione », une plante connue sous le nom de sedum étoilé, cueillie avant le lever du soleil. Accrochée tête en bas à un mur, elle doit se redresser et fleurir à la Saint-Jean. Si elle ne fleurit pas, cela serait de mauvais augure pour la maison. Cette herbe rituelle, discrète mais précieuse, s’inscrit dans un ancien calendrier symbolique que certains perpétuent encore.
À ces croyances populaires s’ajoute le sens profond de la fête pour les chrétiens. L’Ascension célèbre la montée au ciel de Jésus, quarante jours après sa résurrection. Elle figure parmi les grandes fêtes de la liturgie chrétienne, aux côtés de Noël, de l’Épiphanie ou de l’Assomption. Officiellement fériée, elle marque aussi, pour beaucoup, le début de la saison estivale et l’un des ponts les plus attendus de l’année.
Jadis, la journée était aussi marquée par un respect strict : fenêtres closes, silence, repas frugal à base de pain et d’huile d’olive… selon le proverbe : "U ghjornu di l’Ascensione, mancu l’acellu u esce di u nidu".
Aujourd’hui, la société corse s’est largement sécularisée. Mais dans les paroisses insulaires, de nombreuses messes ont encore rassemblé les fidèles ce jeudi matin. Et ces anciennes pratiques — œuf, herbe, prudence — continuent de relier la foi chrétienne à la culture populaire insulaire.