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Annulations et incertitudes pour les foires corses en 2021


Pierre-Manuel Pescetti le Samedi 19 Juin 2021 à 09:53

Malgré l'amélioration de la situation sanitaire, certaines foires de corse ont fait de le choix de l'annulation pour 2021. En cause, les nouvelles restrictions et la mise en place du pass sanitaire pour les évènements de plus de 1 000 personnes, difficile à assumer pour les organisateurs et contraire à l'esprit de la foire rurale agricole et artisanale.



L'incertitude plombe les foires corses en 2021 et notamment celle de Bocognano ici en 2016. Crédits Photo : CNI
L'incertitude plombe les foires corses en 2021 et notamment celle de Bocognano ici en 2016. Crédits Photo : CNI
Les annulations s’enchainent pour les foires de Corse. L’été 2021 devait être synonyme d’espoir et de reprise après une année 2020 en berne mais entre le pass sanitaire et l’incertitude de la situation, les organisateurs des foires de corse sont dans le flou. Là où certains tentent le coup d’autres préfèrent jouer la prudence et attendre l’année 2022 pour plus de sérénité.

Annulée, maintenue, reportée, en attente. L’organisation d’une foire en 2021 relève du casse-tête. « Une foire s’organise des mois à l’avance et nous manquons de visibilité » soupire Joelle Titrant-Suzzoni, présidente de la FFRAAC (Fédération des Foires Rurales Agricoles et Artisanales de Corse). La majeure partie des foires insulaires se déroulant entre juillet et août, difficile de s’organiser dans la précipitation. Une situation à laquelle s’ajoute les nouveaux protocoles sanitaires. Pour la présidente de la FFRAAC « les directives ne sont pas régionalisées et c’est de plus en plus compliqué d’organiser une véritable foire avec toutes ces restrictions ».

Les foires de Luri et d’Aregnu annulées

La nouvelle vient de tomber. Après la foire de l’amandier d’Aregnu c’est au tour de celle de Luri d’être privée de réjouissance. Prévue début juillet la foire du vin devra attendre 2022 pour retrouver son public. Une décision motivée par « la trop grande complexité d’organisation, le risque financier que représente une annulation au dernier moment et le manque de cohérence d’une foire du vin sans comptoir ni dégustation » selon Caroline Franchi, membre du conseil d’administration de la foire pour le CIVC (Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse).

Idem pour la foire de l’olivier de Montegrosso où seul le concours régional d’huile d’olive en AOP sera maintenu en juin.

À Bocognano on dispose de plus de temps. La foire de la châtaigne prévue en décembre est l’une des plus importante de Corse et enregistre près de 20 000 visiteurs chaque année. Mais pour Achille Martinetti, maire de Bocognano et vice-président de la FFRAAC, « nous sommes dans le doute. Rien que la structure et le chapiteau nous coûtent 50 000 euros. Nous ne pouvons pas solliciter des fonds en étant dans l’incertitude et tout doit être bouclé en juillet pour la maintenir en décembre ».

Seule certitude, la foire de Filitosa est maintenue le 30, 31 juillet et premier août ainsi que la foire de la figue le 11 et 12 août qui sera délocalisée. Elle se tiendra dans le village de Peri. Les autres foires tiennent le cap mais ne sont pas à l’abri d’une annulation.

Des restrictions contraires à l’esprit de la foire

Nouveauté cette année, le pass sanitaire. Tous les évènements de plus de 1 000 personnes devront le mettre en place. Pour y accéder, les visiteurs devront présenter leurs certificats de vaccination, un test RT-PCR négatif de moins de 48 heures ou un test RT-PCR ou antigénique positif datant de plus de 15 jours et de moins de 6 mois, qui fait office de certificat de rétablissement après contamination. Le contrôle du pass sanitaire devra être assuré par les organisateurs. « Nous n’avons pas forcément les moyens de le mettre en place » peste Joelle Titrant-Suzzoni.

Autre problème, le fait que les buvettes soient interdites et que le service doive être assuré à table par les équipes de l’évènement. « Un contresens à l’esprit véhiculée par une foire rurale agricole et artisanale » pour la présidente de la FFRAAC et une perte de recettes importante pour les associations organisatrices. L’incertitude plane également quant à la consommation devant les stands alors que celle-ci est autorisée, ou du moins tolérée, lors des marchés de plein air. Une distinction vécue comme « une injustice » par Joelle Titrant-Suzzoni pour qui la transformation des foires en marché n’est pas envisageable : « aucun organisateur ni exposant ne veut que cela se transforme en marché. Une foire c’est de la dégustation, des échanges, des ateliers et des démonstrations ».

Seule certitude, cette année encore, les plus touchés seront les exposants qui comptent sur les foires pour réaliser une grande partie de leur chiffre d'affaire et échanger autour de leurs produits.