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Anne Baux, une nouvelle présidente au tribunal administratif de Bastia


Rose Casado le Jeudi 5 Septembre 2024 à 11:32

Le 1er juillet dernier, Anne Baux a pris les rênes du Tribunal administratif de Bastia, succédant à Thierry Vanhullebus. En provenance de Lyon, cette magistrate chevronnée est déterminée à renforcer l'efficacité de l'institution. Rencontre avec une femme de conviction, passionnée par la Méditerranée.



Le 1er juillet dernier, Anne Baux a pris la relève de Thierry Vanhullebus, à la présidence du Tribunal administratif de Bastia.
Le 1er juillet dernier, Anne Baux a pris la relève de Thierry Vanhullebus, à la présidence du Tribunal administratif de Bastia.
Vous venez d’être nommée à la tête du Tribunal administratif de Bastia. Pouvez-vous nous retracer votre parcours professionnel ?
Je suis devenue magistrate administrative il y a près de 22 ans, après avoir réussi le concours complémentaire. J’ai principalement exercé dans le sud de la France, notamment au tribunal administratif de Montpellier puis à la cour administrative de Marseille. J'ai toujours eu une affinité particulière pour la Méditerranée (sourire). Ces cinq dernières années, j’ai présidé une chambre au Tribunal administratif de Lyon. Rejoindre Bastia était un choix délibéré, motivé par mon attachement à la région méditerranéenne. Pour moi, la magistrature est une véritable vocation. Notre mission est de rendre une justice impartiale, compréhensible par tous.

Qu’est-ce qui vous a motivée à demander ce poste en Corse ?
En tant que Méditerranéenne, la Corse me semble être l’incarnation parfaite de cette région que j’aime tant. De plus, il y a beaucoup à accomplir au sein du Tribunal administratif de Bastia. J'ai aussi une expérience de l'insularité, ayant vécu plus d’un an en Nouvelle-Calédonie, ce qui me permet de mieux appréhender les spécificités locales.

Comment percevez-vous l’attitude des Corses vis-à-vis de la justice administrative ?
En Corse, la demande de justice est forte. Même si la justice administrative est parfois méconnue ailleurs, elle est bien identifiée ici. C'est une justice de proximité, qui traite des litiges quotidiens. Depuis mon arrivée, je constate une réelle attention portée à ce domaine par les Corses.

​L'ile est souvent associée à des contentieux électoraux. Quelle est votre expérience à ce sujet ?
Effectivement, la Corse est marquée par les contentieux électoraux, notamment lors des élections municipales. Cela a encore été le cas lors des dernières élections. Si l’on remonte aux grandes décisions du Conseil d’État, jusqu’en 1930, on trouve de nombreux cas corses. Cependant, ces pratiques ne sont pas spécifiques à l’île, elles existent aussi dans le sud de la France, comme les problèmes de bourrages d'urnes ou de votants multiples.

Quelles sont les principales problématiques que vous rencontrez au tribunal, et quels acteurs sont les plus concernés ?
Le tribunal de Bastia se distingue par une sollicitation égale des justiciables et des entreprises. Nous recevons aussi de nombreuses saisines des préfets, principalement en raison des enjeux urbanistiques en Corse. Bien que l'île soit petite, la pression immobilière y est forte. Les préfets veillent donc scrupuleusement au respect des lois littoral et montagne. Il est rare qu’une semaine passe sans qu’un préfet ne dépose un recours à ce sujet.

 
En quoi la spécificité insulaire de la Corse influence-t-elle votre travail au quotidien ?
​Dès mon arrivée, j’ai ressenti une attente forte envers la justice administrative. Beaucoup de justiciables saisissent le tribunal sans avocat, un phénomène rare aujourd’hui. Ils perçoivent notre tribunal comme accessible et rapide. Certaines de nos procédures d'urgence sont réglées en un mois, voire sous 72 heures pour les référés liberté. La situation géographique du tribunal, en hauteur et visible de toute la ville, renforce sa présence dans la conscience collective. Contrairement à d'autres régions, la majorité des Corses savent qu'il existe un tribunal administratif sur leur île.

Quelles sont vos priorités pour la rentrée et les projets que vous souhaitez mettre en place au sein du Tribunal administratif de Bastia ?​
Je tiens d’abord à saluer le travail de mon prédécesseur. Je ne viens pas avec l’intention de tout bouleverser. Depuis le 1er juillet, deux nouveaux magistrats ont rejoint l’équipe, ce qui nous permet de créer une seconde chambre pour répondre à la demande croissante. Nous avons traité plus de 1 400 affaires sur une année glissante, il est donc essentiel d’accélérer les jugements tout en maintenant leur qualité. Nous allons aussi renforcer la médiation, un dispositif peu connu mais efficace pour résoudre certains litiges sans passer par une procédure judiciaire classique. Enfin, je souhaite que le tribunal continue à rayonner, en renforçant nos liens avec l’école des avocats, l’université et l’Institut régional d’administration de Bastia. Il est primordial que les justiciables comprennent que nous rendons la justice au nom du peuple français et que nous sommes là pour eux.