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Ajaccio : Tête à tête avec... François Casasoprana


Vanina Bruna le Mardi 8 Avril 2014 à 22:34

Les municipales sont derrière nous. Mais notre rubrique "Tête à tête avec…" continue. Notre invité du jour : François Casasoprana



Si vous deviez vous définir en quelques mots ?

Ajaccio : Tête à tête avec... François Casasoprana
Il est toujours difficile de parler de soi mais je dirai que je suis quelqu'un qui aime s'engager, porter un projet et le voir se réaliser. J'ai le goût de l'effort et du travail bien fait. J'aime beaucoup les rencontres, les débats. Je pense être une personne avec des goûts simples qui se sent bien entouré de ses proches. Je leur demande parfois beaucoup. Parfois suis-je peut être trop exigeant avec eux ?

Qu'est ce que vous aimez dans la vie?

J'aime les choses simples, retrouver mes proches pour un restaurant, échanger en toute liberté. Je suis également un passionné de sport, tous les sports même si c'est au football que je consacre nombre de mes moments libres. Mon engagement politique est également une vraie passion : être au contact des gens, faire des propositions, relever chaque jour des défis, mener à bien des projets utiles. C'est vraiment dans l'échange que je me sens bien.

Le dernier livre que vous avez lu?

J'ai commencé "Quand la France s'éveillera" de Pascal Lamy,ex-directeur de l'Organisation mondiale du commerce. Cet ancien proche collaborateur de Jacques Delors dresse un diagnostic sur les atouts et les pesanteurs de notre pays face à la marche du monde. Je crois que c'est un ouvrage qui répond au besoin d'optimisme des Français. Nous avons de nombreuses réussites. Il faut croire en nos potentialités. C'est cette volonté de ne pas baisser les bras qui caractérise le mieux l'esprit européen et qui illustre le "compromis social démocrate" J'ai relu il y a peu "Le roman du Kremlin" de Vladimir Federovski... une manière de mieux appréhender la pratique du pouvoir en Russie. Mais j'ai d'une manière générale énormément de mal à finir un livre. J'en attaque un autre avant le dénouement et je reprends mes lectures plusieurs mois après.

Votre parcours politique?

Ajaccio : Tête à tête avec... François Casasoprana
Mon engagement public a commencé avec le syndicalisme étudiant. Puis, en 1999, Simon Renucci m'a demandé de figurer sur sa liste pour l'élection territoriale. J'ai accepté et, dans la foulée, rejoint Corse Social Démocrate, un mouvement politique jeune qui correspondait à mes idées. Tout est allé ensuite très vite. Présent sur la liste conduite par Simon Renucci à l'occasion de l'élection municipale partielle de septembre 2000, je suis élu conseiller municipal et siège avec mes amis de CSD dans l'opposition, pour 6 mois. Simon Renucci me demande de codiriger la campagne municipale de 2001. Nous réussissons pour le second tour de ce scrutin le rassemblement des forces progressistes en agrégeant la liste de la gauche plurielle et la liste conduite par Charles Napoléon. Je suis désigné comme adjoint au Maire et reçois une délégation portant sur les coopérations intercommunales. Je participe ainsi activement à la création de la CAPA dont je deviens vice-président en charge de l'eau  et de l'assainissement. Réélu en mars 2008 comme adjoint au maire, je me présente pour être conseiller général du 3ème canton d'Ajaccio en 2011. J'ai gagné cette élection et je siège depuis au conseil général de la Corse-du-Sud. J'y suis le seul représentant ajaccien de ma famille politique.

Etre conseiller général et adjoint au maire à la fois est-ce un atout ?

Oui, c'est un atout dans la mesure où vous pouvez suivre tous les dossiers qui agissent sur le quotidien des habitants d'Ajaccio. Vous êtes au coeur de la mécanique institutionnelle qui détermine plusieurs politiques de proximité, comme par exemple le logement où les interactions sont nombreuses. Mais il faut vraiment oeuvrer au rapprochement des deux collectivités. Le Conseil général n'investit pas suffisamment sur les problématiques urbaines. Et il ne prend pas en compte ce qu'on appelle les charges de centralité. De quoi s'agit-il précisément? Lorsqu'une ville comme Ajaccio investit dans une crèche, dans une école, sur ses accès routiers, ces opérations sont non seulement utiles à ses habitants, mais au delà à tous les habitants du Département. Le Département doit donc être aux côtés de la Ville pour l'aider à supporter le poids de ces actions. Mais le Conseil général mène une politique désormais dépassée, opposant jusque dans la caricature l'urbain considéré comme riche et le rural réputé pauvre. Cette politique ne fonctionne plus: Le Département fait du sous investissement à Ajaccio (18euro/habitant) et des très gros efforts en milieu rural (jusqu'à 600 euro/habitant) qui ne portent pas leurs fruits puisque beaucoup de villages continuent de se vider. Au delà de l'inefficacité, cette politique est injuste, notamment sur le plan fiscal. La très forte augmentation de l'impôt départemental (+60%) a essentiellement pénalisé les Ajacciens. 5 conseillers généraux ajacciens se sont faits complices de cette injustice par peur de déranger leurs amis de l'UMP. je le regrette. J'œuvre donc à l'alternance au Conseil général car il faut une autre politique: aider Ajaccio à être un moteur de développement pour créer des richesses afin de mieux les redistribuer et de reconstruire un lien Urbain-Rural.

Quelles sont les priorités à Ajaccio selon vous ?

li faut renforcer l'attractivité de notre Cité. Aujourd'hui, la concurrence est sévère entre les territoires pour attirer les activités créatrices de richesses. Il faut donc utiliser la notoriété d'Ajaccio pour la transformer en attractivité. C'est à dire faire du marketing territorial, créer la marque Ajaccio. Il ne s'agit pas d'une marque institutionnelle ou d'un logo mais bien de construire un positionnement compétitif avec toutes les forces vives du territoire. La municipalité a, déjà, pris plusieurs initiatives en ce sens: travail avec l'université, stratégie numérique, politique de destination touristique... L'idée est de travailler sur les portes d'entrée positives du territoire et de constituer des pôles de compétitivité. L'exemple du pôle de recherche scientifique de Vignola est frappant mais il doit maintenant être décuplé.
La deuxième priorité est d'accroître encore les relations de la Ville avec l'Université de Corse, pour qu'Ajaccio soit à terme une ville universitaire, pas concurrente mais partenaire de Corte.
Une autre priorité est de repositionner Ajaccio dans son environnement : Le développement de la Corse passe par le développement d'Ajaccio. Ce message doit être entendu par le Conseil général de la Corse-du-Sud et par la CTC. C'est un préalable indispensable à la résolution de problèmes lourds : accessibilité de la Ville et circulation, approvisionnement énergétique...
Enfin, il faut avoir un vrai projet pour notre jeunesse, en particulier les adolescents et les jeunes adultes. Il y a aujourd'hui un vrai risque de revivre l'exode de nos forces vives comme au cours du 20ème siècle. Mais il n'y a cette fois-ci aucune fatalité. Nous avons entrepris un certain nombre de politiques pour justement maintenir de l'emploi et donner une chance à notre jeunesse. Il faut amplifier l'effort en le ciblant vraiment sur les 15-25 ans. Il faut qu'il puissent dire qu'il est à nouveau possible d'espérer en Corse. Il y a deux clés pour réussir : ni incantations ni débats de principes mais des projets concrets et une vraie implication des jeunes pour les porter. Il y a déjà des réussites encourageantes. Mais nous devons collectivement savoir nous remettre en cause : bien sélectionner nos investissements, nos filières de formation, innover... par exemple, au lieu de réaliser des kilomètres d'enrobés chaque année sur nos routes, travaillons avec les entreprises locales pour créer des routes intelligentes (capteurs intégrés, éclairage adaptatif...)

Comment analysez vous l'échec de la gauche aux municipales ?

Surpris. Je pense pourtant que nous avons fait une grande mobilisation puisque nous rassemblons un peu plus de 12 000 électeurs. C'est quand même un effort de campagne qui a été important. L'analyse à chaud est toujours très difficile, parce qu'il y a beaucoup de déception. En face, il y a aussi une vraie dynamique, jeune. Il faudra analyser plus profondément, voir où, sur quelques éléments stratégiques, nous aurions pu être plus performants, et peut être anticiper un certain nombre de coups. C'est difficile parce qu'on stoppe à peine l'effort de la campagne, parce qu'il y a eu un vrai effort dans cette campagne, et en même temps on essaie de comprendre un petit peu ce qu'il s'est passé, . 

Vous pensez que c'est l'échec d'un homme ou d'un parti ?

Ajaccio : Tête à tête avec... François Casasoprana
Simon Renucci a décidé de se mettre en retrait et de quitter la scène politique. Je pense qu'il l'a fait avec des mots justes en n'oubliant pas non plus son bilan,. L'histoire retiendra aussi son bilan, c'est important. Je pense qu'il ne nous appartient pas maintenant de mettre la responsabilité sur ses seules épaules, il nous appartient surtout de faire un examen lucide. Forcément quand on perd, c'est qu'il y a eu des erreurs de commises, il faut le dire. Il faut le dire tranquillement, pas ouvrir une boite de Pandore en cherchant à faire rouler des têtes. Ca n'est pas le cas. Je pense que le retrait de la vie politique de Simon Renucci, doit nous aider à faire cette petite critique, de manière constructive. Ça permet de dépassionner, de se mettre moins de pression, de le faire tranquillement en essayant d'être utile. Et en même temps que nous faisons une part d'autocritique, nous regardons aussi ce qu'il s'est passé chez les autres. Avec des points positifs, des points négatifs et des points d'interrogations. Je pense qu'il y a eu une dynamique de jeunesse, qu'aujourd'hui il y a un vent de jeunesse qui souffle sur Ajaccio. Ca n'est pas forcément un vent citoyen, mais c'est un vent de jeunesse aussi donc il faut aussi le prendre comme ça et ne pas le porter aux nues, parce que ce ne sont pas nos idées, il y a des clivages. Mais il faut aussi en tenir compte, forcément. Il ne faut pas être non plus dans l'autocritique et dans l'autodestruction. Il faut être lucide, je pense encore une fois que le retrait de Simon Renucci permet de le faire de manière dépassionnée, tranquille, un peu dans le temps, et puis surtout en nous questionnant, nous qui restons. 

Quelles missions vous fixez vous en tant que conseiller municipal de l'opposition?

Il faut être utile à Ajaccio. Ça veut dire veiller à un certains nombre d'équilibre, veiller à ce qu'un certains nombre de chantiers en cours viennent à bout, veiller aussi à ce qu'un certains nombre d'engagements qui ont été pris par la nouvelle majorité soient tenus. Veiller aussi, et je pense que cela intérresse autant la nouvelle majorité que l'opposition, aujourd'hui Ajaccio est coupé en deux : il y a 280 voix d'écart, et je pense que la première mission d'un élu républicain quel que soit son bord, c'est de rassembler Ajaccio, d'apaiser les choses, et qu'Ajaccio se tourne vers l'avenir. Donc nous, l'opposition, allons essayer de le faire. Il faut le faire, sans rien concéder, avec ses idées, avec ses objectifs, avec ses propositions, il appartient à chaque élu républicain de le faire. La majorité, parce qu'elle a un peu plus de leviers, et nous, l'opposition, veillerons à ce qu'il y ait cette volonté de rassembler les ajacciens, de recoudre un petit peu les choses. Ça a été une campagne où il y a eu des affrontements, idéologiques ou sur des propositions, du vrai débat, il faut maintenant que cela se fasse dans un cadre républicain et surtout dans l'intérêt d'Ajaccio. Ce n'est pas facile, parce que autant la nouvelle majorité n'a pas l'habitude d'être dans la nouvelle majorité, autant la nouvelle opposition n'a pas l'habitude d'être dans l'opposition. Cela veut dire qu'il ne faut pas que le niveau d'exigence que nous avons envers nous-mêmes baisse parce que nous sommes dans l'opposition. En revanche, cela veut dire que la nouvelle majorité doit augmenter le sien. C'est passionnant. Je suis dans l'opposition au Conseil Général, et c'est passionnant, parce qu'il y a des choses à dire, parce que je pense que nous sommes utiles dans l'opposition, quand on alerte, quand on propose, et surtout qu'on combat, parce que quand un projet est mauvais il faut le combattre. Quand un projet est bon, surtout si c'est un projet que nous avons mis nous mêmes sur les rails, il faudra l'approuver, il ne devient pas mauvais juste parce qu'un autre le porte. Mais il faut veiller à ce qu'il soit porté dans le même esprit, avec les mêmes objectifs de justice, d'égalité, de construction d'un Ajaccio moderne. 

Sur les chantiers en cours justement quels sont ceux sur lesquels vous allez être le plus vigilant?

Tout ce qui a été mis en cours sur la mobilité, sur le fond de baie, les travaux qui ont été votés et qui sont de démarrage imminent qu'il s'agisse de l'avenue Beverini ou de le rue Maréchal Ornano. Il faudra que l'on continue, aussi, l'effort qui a été fait en matière d'équipements d'assainissement, d'évacuation des eaux pluviales, de gestion du risque pluvial. Et qu'il y ait un vrai projet, un vrai travail qui soit fait sur la citadelle.

Et en ce qui concerne le port pétrolier et méthanier?

C'est un schéma régional ! Pour sécuriser l'approvisionnement en gaz d'Ajaccio, il est prévu de déplacer le poste de dépotage qui aujourd'hui est juste en face d'une zone d'habitation, très peuplée, donc avec de vrais risques. C'est un projet régional, il doit se faire! Pour la région, pas que pour Ajaccio. C'est la stratégie régionale qui a été arrêtée, il faudra donc aussi que la majorité veille à ce que les engagements régionaux soient tenus. Nous serons avec elle chaque fois qu'elle rappellera les promesses, nous serons exigeants aussi si elle oublie parfois de se rappeler de ses promesses ou de se battre sur ce terrain. Ca n'est pas un rôle ingrat l'opposition, c'est difficile, mais ça n'est pas un rôle ingrat. Nous espérons que l'opposition sera respectés et aura les moyens de travailler, qu'elle sera entendue dans la mesure du possible, quand elle fait des propositions,  quand elle essaie d'apporter quelque chose.

Vos projets pour l'avenir?

Ajaccio : Tête à tête avec... François Casasoprana
Je pense qu'il faut une démarche pour Ajaccio. Il ne faut pas simplement jouer placé et continuer des petits jeux politiques pour essayer de sauver quelques places, pour essayer d'exister. Il faut vraiment proposer même sur plusieurs années, une démarche aux Ajacciens, presque un contrat, s'inspirer aussi de ce qui se fait, il y a de la jeunesse, la droite à gagné aussi par sa jeunesse, mais que par ça mais aussi par sa jeunesse. Dans le paysage local mais aussi national, on fait beaucoup appel à l'audace des leaders politiques, on cherche des leaders politiques audacieux, le gouvernement de la France est confié désormais à quelqu'un qui est reconnu pour son audace.  

Vous pourriez être celui là à Ajaccio pour la famille de gauche?

Je suis le seul à avoir un mandat et à avoir été élu sous mon nom, je suis le seul à avoir un ancrage territorial, mais on ne fait pas les choses tout seul, donc il faut le faire avec d'autres. Quand on fait une démarche, ça veut dire qu'il faut être capable d’agréger des forces vives. Peut être aussi que quelques forces vives se sont perdues en route, pour des raisons qui leur appartiennent, qu'elles soient personnelles ou autres. Peut être qu'il va falloir justement éviter que des forces vives se dispersent. Des forces vives de la gauche il y en a, il y en a dans le monde syndical, dans le monde associatif, elles savent répondre présents, le score qu'on a fait en témoigne. Ce n'est pas forcément une démarche personnelle qu'il faut faire. Moi je veux être utile, je n'ai pas l'impression d'être un problème pour ma famille politique. J'ai une équipe qui travaille avec moi au quotidien, j'ai des idées d'avenir, que j'ai publiées, j'ai de l'ambition! Je ne fais pas de complexes, j'espère jouer un rôle, mais je ne veux pas qu'on résume l'avenir de la gauche et la démarche à une question de personnes, parce que ça n'est pas comme ça qu'on gagne et c'est comme ça qu'on crée des problèmes de personnes après.  Je pense que nous avons eu des personnalités rassembleuses,  qu'il faut être capable de susciter le rassemblement sans forcément aller les chercher à l'extérieur et qu'il faut arrêter la stratégie qui est de compiler comme ça des appareils qui ont un monopole sur ce qu'il faut  dire ou ce qu'il faut penser, sur la stratégie politique, sur la désignation des candidats. Soit nous avons des appareils qui sont ancrés sur le territoire, sur le terrain, qui peuvent jouer un rôle, soit, si c'est pour avoir des appareils qui sont au service de démarche personnelle, ce n'est pas la peine. Il faut des appareils politiques, au service de démarches politiques. Je n'ai rien contre les partis politiques, ils sont utiles. Dans la victoire de la droite il y a de la jeunesse, il y a aussi du travail partisan.

Vous pensez qu'on vous a donné la place que vous méritiez dans cette campagne?

Je pense que j'aurais pu être plus utile. Mais c'est difficile. A partir du moment où vous faites une liste où il y a différents courants, différents appareils, il n'est pas facile de laisser s'exprimer les différentes personnalités, les idées, et les démarches de terrain.