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Adrien Arbanere : Sur les traces du Dauphin corse


Marilyne SANTI le Lundi 10 Juillet 2017 à 22:38

Adrien Arbanere 22 ans étudiant ingénieur, a réalisé les 27 et 28 juin derniers la traversée à la nage entre la Corse et la Sardaigne. Un défi inspiré des exploits de Thierry Corbalan, habitué à dépasser ses propres limites dans les défis sportifs qu’il s’impose. Le Dauphin corse avait réalisé cette même traversée en 5h20. Adrien a cherché à battre ce record.



Adrien Arbanere : Sur les traces du Dauphin corse
Ce jeune homme d’origine Corse vit à Saint-Valery-en-Caux. Il ne savait pas nager avant le mois d’octobre dernier et désirait pourtant réaliser une distance emblématique à la nage en Corse, avec une vitesse moyenne correcte.
Son second objectif était d’élaborer un projet de A à Z mettant en avant l’entreprenariat chez les jeunes, notamment dans le domaine du sport. L'étudiant a été un champion de vélo (niveau régional). Après une blessure, il s'est tourné vers d'autres sports, dont la natation. Il s’est entrainé pour sa préparation dès le mois d’octobre 2016 en piscine et en mer.
 
Une association : Red Pigs
Son association Red Pigs aime lancer des défis. Elle est composée de jeunes étudiants (ingénieur ou BTS) et de jeunes ingénieurs déjà en poste.
C’est e, découvrant l'exploit réalisé par Thierry Corbalan que l’idée a germé dans l’esprit d’Adrien. Thierry Corbalan, contacté par Adrien, a accepté de le conseiller dans la réalisation de son exploit et l’a encouragé, lui dont le credo est que tout est possible à celui qui s’en donne la peine et croit en ses possibilités.
L’association créée par Adrien pour ce projet avait reçu entre autre le soutien financier de son école : l’ITII (Ecole d’ingénieur).
 
Une traversée de 15 km
Le jeune nageur a donc commencé par suivre un programme d’entrainement personnalisé, à partirdu mois d’octobre. Une heure de natation par jour du lundi au vendredi et 3h30 le dimanche en bassin. Mais aussi une sortie mensuelle en mer de 15 km distance exacte de sa future traversée.
Pour son défi, il devait nager sur 30 kilomètres en 2 jours (aller-retour), dans des eaux à fort courant et qui se sont révélées par la suite agitées, en moins de 5 heures par jour pour espérer battre le record de Thierry Corbalan.
La traversée Corse/Sardaigne s’est faite entre Pianterella (près de Bonifacio) et Santa Teresa (Sardaigne). Il sera suivi par deux kayaks.
 
Une équipe pour l’accompagner
Adrien organisateur et nageur, apprenti à l’ITII d’Evreux était entouré d’une équipe de 6 personnes qui assurait sa sécurité :
- Samuel COLIN : kayakiste en charge de la surveillance, de la direction et des ravitaillements, apprenti à l’ITII d’Evreux.
- Norman LAURENT : kayakiste en charge de la surveillance, du suivi et des photos, ingénieur EDF.
- Valentina DEL GRANDE : gestion administrative, apprentie à l’ITII d’Evreux.
- Antoine ARBANERE : gestion informatique, étudiant en BTS informatique.
Pour la traversée deux bénévoles pour la sécurité en bateau Gilbert GABELLI et Barthélémy CORNELI ainsi que Thierry Corbalan et une amie qui ont effectué le retour à la nage avec lui.

Quand Adrien raconte…
L’aller :
« Le 27 juin pour l’aller (Corse-Sardaigne) la météo prévoyait beaucoup de vent mais tout de même des conditions de navigation qui permettaient de réaliser la traversée (des vagues seulement de 0.5 m). Toutefois rapidement après notre départ la météo s’est dégradée, les vagues ont augmentées (d'abord 1 m puis rapidement d’1m50 de creux) et le courant aussi. Au bout des 5 premiers km les kayaks ont commencés à être emportés vers les îles Lavezzi.
A la nage j’ai pu continuer malgré les mauvaises conditions jusqu’ au bout des îles. Toutefois, les kayaks eux n’ont pas pu suivre. Un premier a disparu de notre champ de vision. Il a pu arriver sur l’île dans les rochers et sortir de l’eau à l’abri malgré les vagues de prêt de deux mètres près des côtes de l’île. Ensuite le second kayak l’a rejoint.
J’ai fait demi-tour pour les rejoindre également sur l’île. Une fois tous à l’abri nous avons tant bien que mal amené les kayaks dans les rochers sur une plage de l’île à l’abri des vagues. Nous avons attendu notre bateau sur cette plage. C’est là que le Cross nous a appelés et parlés des mauvaises conditions météorologiques qui s’accentuaient de plus en plus (vent de force 6 et creux de 2 m en pleine mer) le cross nous a conseillé de ne pas repartir et de nous mettre en sécurité. 
Une fois le bateau arrivé nous avons chargé les canoës dans le bateau et je suis monté à bord pour qu’il me relâche là où je m’étais arrêté de nager pour continuer vers la Sardaigne. Une fois à l’eau j’ai dû nager sans les kayaks pour me repérer dans la mer agité et dans les vagues allant jusqu’ à deux mètre de hauteur.
Après avoir fait du sur place et avoir perdu une partie de mes équipements dans les vagues le bateau m’a fait remonter à bord. Il devenait dangereux de rester dans cette zone à faible vitesse pour le bateau et pour moi qui nageait sans avancer dans les vagues. Une fois sur le bateau nous avons passé tant bien que mal la mer agitée pour retrouver une mer plus calme quelques temps plus loin.
Je suis donc retourné à l’eau pour nager cette fois dans des vagues plus faibles entre 0.5 m de hauteur. Après un certain temps de nage nous sommes arrivés au port de santa Teresa en Sardaigne et nous avons donc pu rejoindre notre hôtel. 
Le bilan de la première journée fut globalement mauvais :
- un kayak troué
- l’équipage fatigué par la mauvaise mer (les kayaks et moi-même à cause de la mer n’avions pas pu nous ravitailler, nous avons donc traversée dans la faim et la soif la mer agitée).
- 4 h de nage pour 8 km... »

Le retour :
« le 28, la météo annonçait dès 12h le même vent que la veille puis un avis de tempête à 14 h avec cette fois des vagues plus hautes que 2.5 m. L’objectif était donc de nager et d’arriver avant la tempête. Nous sommes donc partis comme prévus à 6 h du matin pour commencer à nager aux alentours de 6h30.
Le départ fut sous la pluie et l’orage mais avec une mer super calme (un vrai lac). J’ai donc pu nager sans trop de difficulté jusqu’au Lavezzi avec sur certains tronçons une moyenne de 4 km/h. 
Une fois au Lavezzi un léger courant à commencé à se faire ressentir. Les premiers signes de fatigue aussi (tremblement, douleur etc.). C’est à ce moment-là que Thierry Corbalan et Ségolène une de ces amies nous ont rejoint pour finir les 5 derniers km ensemble. Leur présence et leurs encouragements m’ont permis de nager jusqu’ au port de Piantarella.

Cette dernière partie fut malgré la fatigue un super moment et une super expérience. J’ai pu nager entouré de deux grands nageurs qui ont d’ailleurs été très gentils et qui se sont adaptés à mon rythme pour finir la traversée. Après 4h20 de nage nous avons donc enfin rejoint les côtes corses et notre point d’arrivée. »

Si le record de Thierry Corbalan n’a pas été battu, le courage et la détermination d’Adrien devant les éléments déchaînés lui donneront, on l’espère, l’envie de recommencer ce qui reste tout de même un exploit.