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A Portivechju, la Ville va réglementer les panneaux publicitaires


le Mercredi 14 Février 2024 à 17:53

Lundi 12 février, le conseil municipal de Portivechju a adopté le premier règlement local de publicité (RLP) de son histoire, le deuxième en Corse après Aiacciu. Ce RLP va permettre d’effacer du paysage porto-vecchiais 600 panneaux publicitaires qui n’avaient rien à y faire.



L'affichage publicitaire va être réglementé en bord des routes, comme ici route de Bastia.
L'affichage publicitaire va être réglementé en bord des routes, comme ici route de Bastia.
Portivechju, son port, sa citadelle, ses plages… et ses pubs 4x3. Libre à chacun de trouver du charme (financier ?) à ces grands panneaux publicitaires qui s’enchevêtrent en bord de route, dans une anarchie qui confine à la pollution visuelle. Ces panneaux, la municipalité porto-vecchiaise ne veut plus les voir. Elle va les faire enlever dans les mois à venir, comme l’y autorise la loi Climat Et Résilience. « On considère que nos paysages naturels ont besoin d’être préservés de cette pollution visuelle et lumineuse, estime Nathalie Apostolatos, adjointe au maire. En adoptant ce règlement local de publicité, on améliore le cadre de vie pour le bien commun. »

A quoi sert un RLP ?

Plus de 600 panneaux de préenseignes (qui annoncent la présence d’une enseigne à quelques kilomètres) et publicitaires ont été recensés sur tout le territoire porto-vecchiais. Sur ces 600, « il y en a 98 % qui ne sont pas conformes à la loi », affirme l’élue en charge du patrimoine bâti et paysager. Les pubs, format 4x3, sont normalement à bannir de l’espace public depuis des années, « mais cette interdiction, clairement, l’État ne l’applique pas », constate Nathalie Apostolatos. L’adoption d’un RLP permet ainsi à des élus locaux de reprendre la main sur leur environnement visuel, en lieu et place du règlement national.

Dans l’espace public, effacer les publicités non conformes est la première mesure. La deuxième, c’est la mise en place d’une harmonisation visuelle, avec des choix de typologie qui ont résulté d’une concertation locale. Trois zonages ont été délimités : le premier concerne les sites classés, comme la citadelle, Palumbaghja ou le site préhistorique de Tappa. Sur ces sites, l’affichage pub est interdit. « Sauf de manière temporaire et dans l’intérêt général, pour annoncer une collecte pour le don du sang par exemple », précise Nathalie Apostolatos. La zone 2 concerne la ville de Portivechju intra-muros. La zone 3, les villages et les hameaux. En zone 2, l’affichage de publicité sera désormais soumis à une demande préalable d’autorisation à réaliser en mairie. Les pubs devront notamment respecter un certain dimensionnement. Les préenseignes, elles, seront regroupées dans des panneaux de même typologie, installés par la mairie.

Deux à six ans pour se mettre en conformité

Les enseignes lumineuses devront être éteintes après la fermeture des commerces auxquelles elles sont associées. Actuellement, 32 % des enseignes porto-vecchiaises ne sont pas conformes : « On parle d’enseignes qui débordent sur le toit, par exemple note l’adjointe au maire. Le règlement stipule que les enseignes doivent être en façade. » En zone 3, la publicité et les préenseignes sont interdites, sauf dérogation. « Trop de pub, tue la pub, résume Nathalie Apostolatos. L’idée est d’avoir une meilleure visibilité des commerces. »

Le manque à gagner, il sera à trouver chez les propriétaires fonciers qui acceptaient jusqu’à maintenant qu’on installe sur leurs terrains des panneaux 4x3 en échange d’un loyer perçu. Cette pratique devra cesser, confirme Nathalie Apostolatos, répondant à une question de l’élu d’opposition Jean-Michel Sauli : « Ces personnes vont recevoir un courrier les informant que ces panneaux n’ont plus lieu d’être. » Sur leurs propres terrains, les propriétaires et commerçants auront deux ans pour se mettre en conformité avec le RLP pour les préenseignes et les panneaux pubs. Et six ans pour les enseignes. Les récalcitrants s’exposeront à des mises en demeure, voire à des amendes. « Ça peut aller jusqu’au pénal, note Nathalie Apostolatos, mais on ne le fait pas dans cette intention. L’important, c’est d’apporter de la pédagogie. »