De l’avis de tous, la période juillet-août n’a pas été catastrophique, mais ce n’était pas la folie non plus. Dans les rues du centre-ville de Bastia, les commerçants et les restaurateurs commencent à doucement faire le bilan des grandes vacances, moment qui rassemble le plus de touristes.
« Le mois de juillet était moins bien que les années précédentes, mais en revanche, nous avons eu plus d’affluence en août que l’année dernière », affirme Jean-Baptiste, qui officie depuis quatre ans au Café de la Place. Dans ce bistrot très couru de la place Saint-Nicolas, la fréquentation ne faiblit jamais, aussi bien en été qu’en hiver, ce qui en fait un bon indicateur des tendances touristiques. Ici, le ticket moyen oscillait entre 15 et 20€ pour une table de quatre personnes cet été. Si les touristes de passage ont été aussi timides à faire de belles dépenses, le même constat est partagé par Pauline Nicoli, la directrice du personnel à Terra di Catoni. « C’est la crise, les gens font donc très attention à leur porte-monnaie et comptent leurs sous, analyse la directrice du personnel. Pour en avoir discuté avec d’autres commerçants, de ce que j’ai cru comprendre, les établissements qui vendent des kebabs et des crêpes ont bien fonctionné cet été », intime-t-elle pour souligner que les clients ont en partie jeté leur dévolu sur un repas peu coûteux. Pour s’adapter et réussir à attirer la clientèle, son restaurant a opté pour « une formule le midi à 19,60€, soit un prix d’appel qui fonctionne bien » poursuit Pauline Nicoli.
Une clientèle de passage qui dépense peu
Il faut dire que les touristes bastiais qui s’installent dans les cafés et les restaurants sont souvent en début ou en fin de séjours, deux périodes où les vacanciers ne sont pas à même de dépenser. Souvent de passage pour prendre le bateau, ils sont plus enclin à s’arrêter dans une boulangerie pour manger sur le pouce, voire à faire des courses dans les épiceries de proximité pour réduire les coûts. « Peut-être que les tarifs pour venir en Corse ont été si dissuasifs, avec l’inflation du prix des transports et des logements, que les gens consomment moins, tente d’analyser le serveur du Café de la Place. De notre côté, nous n’avons pas trop ressenti la concurrence au niveau du snacking, vu que nous servons de quoi grignoter et que nous faisons également des petits prix à ce niveau-là. Cette stratégie nous a permis d’avoir du monde sur le midi et durant l’après-midi », reconnaît Jean-Baptiste.
Ce n’est pas Antoine qui dira le contraire, lui dont la terrasse a été prise d’assaut par les touristes tout l’été. Idéalement situé, au niveau du cours Henri Pierangeli, entre la place du marché et la place Saint-Nicolas, le gérant de l’épicerie fine de produit corse A Cantina San Roccu a réalisé de bonnes vacances. Durant la période estivale, les deux tiers de ses ventes se sont concentrées sur des planches de charcuterie et des verres de vin, pour une moyenne de 15€ environ, ce qu’il analyse par le type de population qui a fréquenté son établissement. « Les gens qui viennent sont souvent assez pressés, ils ne s’arrêtent que quelques minutes avant de reprendre le bateau ». Avec une population qui ne peut se permettre de jouer les prolongations en termes de temps, les clients vont au plus pressés, ce qui est aussi le plus souvent, le moins cher sur la carte. « On ne va pas se plaindre, on a beaucoup travaillé avec les touristes, même si cela a été moins fructueux qu’en hiver avec les locaux, indique le gérant. La saison a certes été au-delà de nos attentes, mais ce que nous avons réalisé avec une dizaine de tables en été correspond environ à ce que nous faisons avec deux belles tables en hiver ».