“Le but, c’est de faire vivre les souvenirs d’Aleria.” À l’occasion du cinquantenaire des événements d’Aleria, une journée de commémoration est organisée ce vendredi 22 août, sur le site même de l’ancienne cave viticole Depeille, occupée en 1975 par une douzaine de militants de l’Action Régionaliste Corse (ARC), emmenés par le Dr Edmond Simeoni, afin de dénoncer le scandale de la chaptalisation des vins. Un événement porté par l’association Aleria 75 et qui a pour but de faire vivre la mémoire de cet épisode majeur pour la Corse. La commémoration débutera en fin d’après-midi avec une bénédiction et un dépôt de gerbes de fleurs devant la stèle commémorative, suivis de plusieurs témoignages des militants présents il y a cinquante ans. La journée se terminera par deux concerts des groupes L'Arcusgi et I Voci di a Gravona.
Le cinquantenaire des événements d’Aleria sera également l’occasion d’inaugurer un espace mémoriel sur le site où se dressait autrefois la cave. “Aujourd’hui, l’association souhaite créer un lieu de mémoire, de référence de l’histoire contemporaine de la Corse, là où il n’y a malheureusement plus rien”, détaille Sampieru Mari, membre de l’association Aleria 75. “On est en train de finaliser cet espace mémoriel, complet, qui reposera sur trois piliers : une commémoration pour marquer l’anniversaire des événements, mais aussi la création d’éléments didactiques qui permettront d’avoir une diffusion de l’information sur notre site, et enfin un côté mémoriel pour rendre hommage à la période, aux événements, et à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à ces mobilisations, à Aleria, mais aussi avant Aleria.”
Pour les organisateurs, l’objectif est clair : il faut commémorer, et non pas célébrer les journées du 21 et 22 août. “C’est important d’essayer de maintenir toutes ces idées autour d’Aleria, pour que ce ne soit pas juste une journée un peu marquante. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu de la violence, des gens qui ont eu très peur, des familles qui étaient terrorisées, des blessés et des morts. Le fait de commémorer, et non pas célébrer, et d’insister sur ce terme, ça a du sens.”
Un devoir de transmission
Derrière cette journée d’hommage, c’est tout un travail de mémoire que l’association Aleria 75 mène depuis plus de dix ans. Fondée par le Dr Edmond Simeoni et les anciens membres de l’ARC en 2014 pour préparer les premières commémorations de l’année suivante, elle s’attache à rappeler que les événements d’Aleria ne peuvent être compris qu’à travers le processus politique, social et économique qui les a précédés. “Quand on vit un événement historique, c'est difficile de le définir comme tel tout de suite. On se rend compte qu'il l'est seulement grâce au temps qui nous montre qu'on a vécu un moment de référence. Le but de l'association, c’est de faire vivre les souvenirs d'Aleria, mais pas uniquement de la journée du 22 août. Il faut surtout se souvenir du processus qui a amené aux événements de cette journée. C’est se rappeler, finalement, de la raison pour laquelle ces hommes ont essayé de faire entendre leur voix de cette façon-là”, explique Sampieru Mari.
Aujourd’hui, l’objectif de l’association est de préserver la mémoire de cet événement, mais également de la transmettre, notamment aux jeunes générations. “C’est important de laisser une place aux acteurs, parce que ça a quand même été un grand changement pour la société corse. Cependant, on peut voir énormément de jeunes participer aux événements organisés et essayer de s'approprier cette histoire. Et ce que défendent les militaires présents dans l’association, c'est une volonté de transmission et d’accompagnement de la jeunesse en leur laissant, à l'avenir, la main afin de continuer à construire cette chaîne de la transmission qui a toujours existé.”
Pour l’association, Aleria est “une charnière” de l’histoire de la Corse. “C'est la fin de tout un processus de construction idéologique qui nous mène à un renouveau, un nouveau départ après le 22 août. Cinquante ans après, il est possible de dire qu'Aleria fait partie de l'identité corse, et qu'on soit d'accord ou pas avec les idées qui sont portées par ces moments historiques, on est tous des enfants d'Aleria aujourd'hui, tellement la société a été bouleversée par ces faits historiques. L'héritage d'Aleria se trouve un petit peu autour de nous et on est obligé d'y baigner. C'est pour ça qu’il est important de perpétuer ce devoir de mémoire, pour se rappeler qu'Aleria n'est pas juste une journée de violence et de combat.”










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