A Borgo, un projet d'apprentissage pour faciliter la réinsertion des détenus

Sur un terrain agricole, à quelques mètres du centre pénitentiaire de Borgo, Antoine, taille un arbuste à la tronçonneuse. Sous l’œil attentif d’un gardien de la prison, lui et quatre autres détenus se forment au métier de paysagiste. Tous ont moins de 29 ans et purgent une peine aménageable. Depuis le 13 décembre 2021, quatre fois par semaine, six heures par jour, ils peuvent sortir des murs de la prison pour travailler sur les sept hectares d’espaces verts appartenant au centre pénitentiaire.

« Ça fait du bien au moral de sortir un peu et de travailler. Ça nous permet de valoriser notre temps en détention et de mieux préparer l’avenir », confie Jean-Étienne, un autre détenu de 26 ans. À ses côtés, la directrice du centre pénitentiaire, Julie Latou, acquiesce d’un signe de tête discret. « Cela fait partie d’une expérimentation. Le but est de mettre en pratique l’apprentissage en prison mais pour l’entretien des espaces verts, il faut bien en sortir. Je prends des risques mais cela permet aux détenus une réinsertion plus facile », affirme-t-elle.

Cette formation n’est pas qu’une bouffée d’oxygène pour les détenus, elle rentre dans le cadre d’un CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) en entretien des espaces verts et paysagisme. Quatre jours par semaine, ils sont encadrés par un formateur du lycée agricole de Borgo et un gardien spécialisé dans l’insertion professionnelle pour la partie pratique. Le cinquième jour place à la théorie avec « des remises à niveau en mathématiques par exemple », explique Julie Latou. La formation dispose des même caractéristiques qu’un CAP classique. Les détenus sont rémunérés pour leur travail comme des apprentis normaux et « ils peuvent poursuivre leur cursus en dehors auprès du CFA partenaire s’ils terminent leur peine avant la fin de la formation », explique Julie Latou.

Bonnet noir vissé sur le crâne, Jean-Étienne sourit : « moi j’ai le Bac mais beaucoup n’ont aucun diplôme et ça permet de sortir de prison avec un bagage professionnel. En plus, ça aide beaucoup pour la demande d’aménagement de peine car ça montre qu’on veut s’en sortir ». L’ambiance est chaleureuse, bon enfant. Les détenus, attentif aux explications des formateurs ne rechignent pas à la tâche. « C’est vraiment important d’apprendre à travailler en groupe », reconnait Jean-Étienne.

Si d’autres formations sont dispensées à l’intérieur de la prison, comme celle en menuiserie ou en maçonnerie, celle-ci est la seule qui permet aux détenus de passer la porte principale du centre pénitentiaire pendant quelques heures. Avant cela, les profils sont scrupuleusement étudiés. « Ils doivent être capables de respecter les règles d’un contrat. Ils peuvent sortir mais doivent avoir un comportement exemplaire », indique Julie Latou.

L’expérimentation était pourtant partie sur les chapeaux de roues. Dès le premier jour, un détenu avait sauté sur l’occasion, en profitant pour s’échapper à travers champs. « Il a été rattrapé sur le continent il y a peu et lourdement condamné », affirme la directrice du centre pénitentiaire.