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Transports maritimes : Le service social et solidaire en danger ?


Nicole Mari le Jeudi 27 Décembre 2012 à 22:33

Lors du débat sur la Délégation de service public (DSP) concernant la desserte maritime entre la Corse et le Continent, le groupe nationaliste Corsica Libera a fait voter un amendement sur le service social et solidaire. Ce service permet de ne pas bloquer l’île, en cas de grève, en assurant les transports d’urgence (maladie, deuil, examen) pour les résidents et le transport des marchandises de 1ère nécessité consommables et des produits de santé vitaux. Proposé par le STC (Sindicatu di I Travagliadori Corsi), il doit être validé par un accord d’entreprise entre ce syndicat et les compagnies maritimes. Or, aucune compagnie n’ayant à ce jour entamé la moindre négociation, Corsica Libera a interpellé l’Exécutif pour exprimer son inquiétude. Explications, pour Corse Net Infos, de son leader et élu territorial, Jean-Guy Talamoni.



Transports maritimes : Le service social et solidaire en danger ?
- Pourquoi estimez-vous que le service social et solidaire est en danger ?
- Le service social et solidaire est important pour tous les Corses parce qu’il va assurer la continuité du service en cas de conflit. Or, depuis que l’Assemblée de Corse (CTC) a adopté, de façon très majoritaire, ce dispositif, les compagnies n’ont rien fait dans le sens d’un accord d’entreprise avec les syndicats. Le comportement actuel des compagnies nous laisse penser qu’elles ignorent totalement cet aspect des conditions réclamées par la CTC et qu’elles s’apprêtent à passer en force sans tenir compte de ce dispositif essentiel. Le STC a alerté les élus sur ce point.
 
- Qu’est-ce qui vous fait penser que les compagnies ne veulent pas appliquer ce service ?
- Si les compagnies avaient l’intention de donner suite à cette condition essentielle posée par la CTC, elles auraient déjà commencé à négocier avec les syndicats dans le but de passer un accord d’entreprise. Or, manifestement, elles ignorent superbement cette condition votée par la représentation légitime de la Corse. Ce qui est tout à fait intolérable.
 
- Vous avez interpellé le Conseil Exécutif. Que lui avez-vous demandé ?
- Nous lui avons demandé de faire savoir à ces compagnies qu’il serait intolérable qu’elles ne prennent pas en compte l’ensemble des conditions posées par la CTC, y compris, bien entendu, le service social et solidaire.
 
- Comment les compagnies pourraient-elles ne pas souscrire à l’une des obligations du cahier des charges de la DSP ?
- Dans ce type de dossiers, il y a des conditions à remplir avec un échéancier. Il ne faudrait pas que la CTC se retrouve en difficulté, ni qu’il y ait un problème au dernier moment. Le STC, qui est le syndicat qui est prêt à valider ce dispositif de service social et solidaire, pense que cette condition doit être rappelée de manière ferme par l’Exécutif aux compagnies de façon à ce que, dans leurs propositions, les compagnies l’intègrent.
 
- Peuvent-elles ne pas l’intégrer ?
- En tous cas, elles ne prennent pas le chemin préconisé par la CTC puisqu’elles ne font rien dans ce sens ! Le STC soupçonne, et, à notre avis, à juste titre, les compagnies de vouloir passer en force en ne respectant que les autres conditions posées par la CTC. Aujourd’hui, le temps presse, les échéances sont très proches. Il faut mieux prévenir. Il est nécessaire que le Conseil Exécutif soit être particulièrement ferme et clair à l’endroit des compagnies.
 
- La CGT, qui refuse ce dispositif, prétend qu’il est illégal. Que répondez-vous ?
- Ce dispositif a été examiné et validé par des services juridiques. Tel qu’il a été inscrit par la CTC dans la délibération du mois d’octobre, il est parfaitement légal.
 
- Quelle a été la réponse de l’Exécutif et de Paul-Marie Bartoli, président de l’Office des transports, à votre demande ?
- Paul-Marie Bartoli a confirmé que ce dispositif était tout à fait incontournable pour les compagnies. Ce qui est l’évidence même, à partir du moment où il a été voté par la CTC ! Cela dit, il a rappelé les échéances qui sont, maintenant, très proches. Il a, en quelque sorte, affiché une sérénité s’agissant de la suite des opérations. Mais, cette sérénité n’est pas partagée par le STC. Pour notre part, nous sommes assez inquiets. Nous pensons que si, véritablement, les compagnies avaient l’intention de passer un accord d’entreprise, comme nous leur avons expressément demandé, elles auraient commencé des démarches en ce sens. Ce n’est pas le cas !
 
- Que comptez-vous faire, avec le STC, si les compagnies ne valident pas cet accord ?
- C’est le Conseil Exécutif qui est à la manœuvre. Il a une délibération de l’Assemblée qu’il doit faire respecter. C’est à lui, maintenant, d’intervenir fermement dans cette affaire. En ce qui nous concerne et en ce qui concerne le STC, chacun prendra ces responsabilités, le moment venu. Aujourd’hui, la balle est dans le camp de l’Exécutif.
 
Propos recueillis par Nicole MARI