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Tahar Ben Jelloun : « J’essaie de transmettre la lumière à travers mes œuvres, que ce soit les poésies ou la peinture »


Philippe Peraut le Vendredi 12 Avril 2019 à 22:17

Romancier, philosophe, poète, ancien prix Goncourt pour « La nuit sacrée » (1987), auteur d’une soixantaine d’ouvrages depuis 1971, Tahar Ben Jelloun a animé, ce vendredi au Palais Fesch d’Ajaccio, une conférence qui marque le point de départ d’une exposition de peintures. Elle va se poursuivre jusqu’au 12 mai prochain. Peintre ou plutôt « apprenti » comme il se définit lui-même depuis 2010, Tahar Ben Jelloun s’efforce de « peindre la lumière du monde ». Une dimension spirituelle très forte que l’on a retrouvée tout au long de la conférence, animée, ce vendredi, aux côtés de François Graziani, responsable de la chaire Esprit Méditerranéen Paul Valéry. C’est au terme d’une conférence où le public, venu en nombre, aura apprécié son charisme, son désir d’œuvrer à l’évolution de l’homme et ses propos emprunts d’amour et de fraternité, que cet auteur de renommée mondiale a répondu à nos questions



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
- L’objet de votre venue ?
- Il s’agit, pour moi, de présenter, bien sûr, mon exposition mais aussi et surtout d’aller à la rencontre du public ajaccien. J’aime beaucoup ce pays que j’ai découvert il y a très longtemps. La Corse est un très beau pays, elle a une âme, des difficultés, certes, mais ce n’est quelque chose de plat ! Il se passe toujours quelque chose. J’y retrouve un peu le Maroc mais pas la France. J’ai donc répondu avec plaisir à cette invitation.

- Parlez-nous de votre exposition ?
- C’est une petite exposition car j’ai de nombreuses toiles ailleurs mais c’est une dimension que j’apprécie beaucoup. Un autre aspect de mon travail, celui de faire plaisir aux autres, les gens sont contents et c’est l’occasion de revenir à la rencontre du public ajaccien. Des toiles, des peintures et de la lumière puisque je peins la Lumière. Ce qui éclate au grand jour dans la peinture, c'est la liberté...Peindre le monde.

- Vous faites allusion à une  lumière. De quelle nature ?
- Spirituelle. Elle est tout ce que les anciens nous lèguent en partant. Ils nous laissent tous un peu de leur lumière. C’est une lumière que l’on ressent, que l’on perçoit, facile à capter mais imperceptible par les sens. J’essaie de la transmettre  à travers mes œuvres, que ce soit les poésies ou la peinture.

- On vous qualifie d’humaniste. Quel regard portez-vous sur la société actuelle ?
- Elle manque de repères. Je ne me fais pas beaucoup d’illusions sur les hommes politiques actuels quels qu’ils soient. Il faut rester vigilant et revenir aux urnes. Je suis favorable au vote obligatoire. Les gens ne se déplacent pas et ce n’est pas bien.
 
- Vous êtes artiste-peintre et écrivain, qu’est-ce qui a votre préférence ?
- L’écriture, et plus particulièrement la poésie m’inspirent beaucoup. C’est la poésie qui m’a amené à la peinture. Et je vais, du reste, m’y consacré exclusivement en termes d’écritures. J’ai raconté assez de choses (rires). J’ai, en effet, commencé par des poèmes à l’âge de 20 ans alors que j’étais dans une prison militaire. J’écrivais des poèmes en cachette et c’est en sortant de cette galère que je les ai publiés. Puis j’ai pris goût et j’ai continué. La poésie, c’est un travail quotidien. C’est la recherche de la justesse des mots. Je compare la poésie aux mathématiques ou à la musique. On ne peut pas se tromper. C’est la musicalité des mots.
 

(Photos Michel Luccioni)