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Agrobiodiversité animale : A "Moresca" des points communs avec la vache de l'Atlas marocain !


le Mercredi 31 Janvier 2018 à 19:40

La petite vache corse, en lice pour le prix national de la Fondation du patrimoine pour l'agrobiodiversité animale, montera t-elle prochainement sur les podiums du salon international de l'agriculture de Paris ? La chambre régionale, les deux chambres départementales et la profession multiplient depuis quelques temps leurs efforts afin de donner une visibilité et une crédibilité au projet de structuration de la filière bovine corse tant décriée.



A Moresca : Points communs avec la vache de l'Atlas marocain
A Moresca : Points communs avec la vache de l'Atlas marocain
Joseph Colombani, président de la chambre régionale d'agriculture, défend avec beaucoup de conviction ce projet.
"Nous voulons donner une visibilité à la vache corse" explique t-il.
Pour ce faire un véritable projet de structuration de la filière a été mis sur pied.
Il tourne autour d'un veau de lait de plaine de race croisée visant à l'obtention d'une IGP (Indication géographique protégée ) "Vitellu", un veau de lait de montagne de race corse avec l'AOC (Appellation d'origine contrôlée- "Vitellettu" et d'un veau de en finition type, avec la marque "Vaccaghji Energia".
A l'évidence, une belle façon d'effacer le cliché négatif de la prime à la vache, "parce que il n'y a pas que ça en Corse"  soulignent Joseph Colombani et les représentants de la profession dont les recherches ont permis de découvrir une particularité historique exceptionnelle à la vache corse !


Points communs avec la vache de l'Atlas marocain !
"La spécificité génétique de notre race corse fait apparaître le fait que de toutes les races européennes, c’est la race Corse qui a le plus de points communs avec la vache de l’Atlas Marocain ce qui en fait une particularité historique exceptionnelle.
Ainsi, notre groupe de travail a décidé de nommer cette petite vache corse « A Moresca » et un contact a déjà été établi avec le consul du Maroc pour échanger sur toutes les spécificités de leurs races bovines.
Par rapport au réchauffement climatique que subit la Corse cette spécificité de notre race bovine locale peut s’avérer salvatrice
" souligne Joseph Colombani qui ne manque pas relever que la vache corse est le dernier animal "à ne pas avoir eu de reconnaissance officielle".
Alors  " A Moresca" après U Cavallu corsu, u cursinu et bientôt le mulet et l'âne ?
La profession y croit dur comme fer.
En attendant découvrez ci-dessous le dossier de candidature de la vache corse au prix national de la Fondation du patrimoine pour l'agrobiodiversité animale qui pourrait consacrer le travail et les efforts entrepris et tous tendus vers cette reconnaissance.

Le projet

Agrobiodiversité animale : A "Moresca" des points communs avec la vache de l'Atlas marocain !
- En quoi consiste votre projet ?
- Cette race comptant un nombre d’effectif faible, il est apparu indispensable d’engager un travail de sauvegarde et de développement de celle-ci. Initialement conduit par l’association bovine régionale « Corsica Vaccaghi » ce projet de développement a été repris par les Chambres d’Agriculture de Haute Corse et de Corse du sud en 2015.
L’action a débuté par un travail de caractérisation de cette race spécifique initié par Corsica Vaccaghi portant sur l’aspect général, le tempérament, les aptitudes et le gabarit de l’animal
Le projet se poursuit suivant plusieurs objectifs pour maintenir et développer la race locale pour des raisons patrimoniales et génétiques - ses qualités d’élevage et son aptitude à valoriser les milieux difficiles sont des atouts pour l’exploitation des territoires corses et permettre aux exploitations bovines valorisant ce système spécifique « race corse en montagne » de trouver un débouché pérenne et rémunérateur à des produits typiques qui peinent aujourd’hui à trouver leur place sur le marché. Pour contribuer à ces objectifs, une identification des vaches et taureaux de troupeaux correspondant au standard a été entreprise afin d’inclure les individus retenus dans l'inventaire de la race et un plan de gestion des saillies (débuté en 2015) a été réalisé chez 8 éleveurs moteurs. 
Parallèlement, des travaux de caractérisation sont entrepris sur le produit « Vitellettu », petit veau de montagne, qui est une orientation phare de nos élevages de montagne s’appuyant sur cette race. Dans le cadre de cette action, les Chambres d’agriculture ouvrent à présent la démarche à un nombre plus important d’éleveurs travaillant en race Corse pour élargir et consolider la base raciale et vulgariser la démarche. La volonté des professionnels étant de mener de front la valorisation génétique et économique de cette race par, notamment, le positionnement sur le marché, d’une production de veaux aux caractéristiques spécifiques en cohérence avec un système d’élevage extensif valorisant les parcours naturels.


- Quelles ont été les actions précédemment menées en rapport avec ce projet ?
- La première étape a porté sur la constitution d’une base raciale grâce à l’identification des vaches et des taureaux correspondant au standard défini et ce, dans différents élevages candidats.
Un plan de gestion des saillies a été établi par un comité scientifique (Inra de Corte, Institut de l’Elevage, Chambres d’agriculture, ODARC) et mis en œuvre en 2015 chez 8 éleveurs moteurs. Les animaux sont sélectionnés et identifiés au moyen de boucles de couleur spécifique et la gestation des femelles est confirmée par un test de gestation pour permettre de certifier la parenté des veaux nés.
Afin de commencer à caractériser le produit « Vitellettu » (petit veau de montagne élevé sous la mère) et en développer la valorisation bouchère, un test de découpe a été réalisé sur des produits issus du protocole de saillie en 2016. SA la suite de ce test, un bilan technique illustré (photographies et vidéos) a été présenté aux professionnels.
Dans le but d’ouvrir la démarche et de mettre en place des inventaires chez de nouveaux éleveurs pour enrichir la base raciale, une réunion d’information s’est tenue en décembre 2016 pour présenter le projet et le protocole de gestion des saillies à l’ensemble des éleveurs de Haute Corse et recueillir de nouvelles adhésions à la démarche.  


- Quelles actions concrètes envisagez-vous pour la réalisation de votre projet ?
- Dans un premier temps l’objectif est de poursuivre le protocole de gestion des saillies chez les 8 éleveurs sélectionneurs par le repérage des animaux et bouclage, l'isolement en parc de saillie, le test de gestation 1, la conduite des saillies par synchronisation des chaleurs le est de gestation 2.
Il est prévu, dans un deuxième temps, de permettre à un nombre d’éleveurs plus conséquent d’intégrer le protocole de saillie en race pure pour consolider la base raciale et multiplier le nombre d’individus certifiés de race corse sur le territoire.

En parallèle, des inventaires d’animaux répondant au standard de la race sont réalisés chez de nouveaux éleveurs bovins en race Corse pour étoffer la base raciale et favoriser la diversité génétique de celle-ci. Ce travail a débuté en 2017.
L’objectif est également d’étendre la démarche en partenariat avec les professionnels de Corse du Sud sur l’ensemble de la région Corse pour maximiser la base raciale et accroître la notoriété du produit.
D’autre part, une manifestation autour du produit « Vitellettu » est programmée en 2018 et comportera une dégustation ouverte au public. De plus, l’élaboration d’un cahier des charges de production du « Vittelletu » est envisagée et pourrait déboucher sur l’élaboration d’une demande de reconnaissance en AOC.


- Quels sont les acteurs mobilisés pour ce projet ?
- Initialement conduit par Corsica Vaccaghji, le plan de gestion de la race est mis en œuvre par les Chambres d’agricultures depuis 2015 et est accompagné par l’Institut de l’Elevage et l’INRA (LRDE) de Corte. Les actions collectives menées en filière bovine sont par ailleurs soutenues par l’Office de Développement Agricole et Rural de la Corse et par FranceAgriMer. Des partenariats sont envisagés avec d’autres OS et ont fait l’objet de rencontres, en particulier avec l’.


- Quelles sont les perspectives de pérennisation de votre initiative pour les années à venir ?
- L’objectif est de maintenir puis d’augmenter le collectif d’éleveurs impliqués dans la sauvegarde de la race, afin que celle-ci sorte progressivement du statut de race menacée et soit au cœur d’une nouvelle dynamique économique qui permettra de rationnaliser et relancer l’activité bovine en montagne. Dans la continuité, l’obtention d’un signe de qualité permettra de sécuriser le débouché. L’objectif à moyen terme est de permettre aux professionnels de s’organiser en OS  (Organisme de sélection) afin de s’approprier progressivement le projet. Les Chambres d’agriculture poursuivront leur accompagnement technique autant que nécessaire.


- Quel est l’impact de votre projet sur le territoire ? Déterminez l’interaction entre les deux.
- Les animaux de race Corse étant adaptés aux territoires de l’intérieur de l’île qui présentent une ressource herbagère limitée, font preuve d’une meilleure résilience dans ces milieux difficile (sécheresse, relief, ...) et parviennent à maintenir un bon niveau de productivité. L’augmentation des effectifs en race Corse permettra une meilleure valorisation des territoires de l’intérieur et est une voie à privilégier pour améliorer la durabilité des systèmes d’élevage de montagne.
De plus, certains milieux complètement fermés notamment par le maquis sont aujourd’hui ré-ouverts et entretenus par ces animaux, limitant ainsi le risque d’incendie réputé très important durant les périodes sèches.