Corse Net Infos - Pure player corse

Jean-Christophe Angelini (PNC) : "nous sommes dans une situation qui est en tout point calamiteuse"


Livia Santana le Lundi 21 Février 2022 à 18:30

Le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) a tenu ce dimanche 20 février à Corte, une conférence de presse pour exposer ses préoccupations sur ses relations avec la majorité territoriale et avec l'Etat à l'approche d'importantes échéances comme les présidentielles ou les législatives. Dans une interview accordée à CNI, le secrétaire du parti, Jean-Christophe Angelini, détaille les futures actions du PNC et appelle au "sursaut du mouvement national".



Photo : PNC
Photo : PNC


- Pourquoi tirez-vous la sonnette d’alarme aujourd’hui ?  
- Il y a un mois, lors de notre assemblée générale, la question d’une orientation stratégique nouvelle et adaptée à la situation globale de l’île s’est posée. Nous sommes à moins de deux mois du premier tour des présidentielles et les nouvelles contradictoires s’enchaînent à un rythme soutenu même si ces derniers temps elles sont plutôt mauvaises. La dernière en date étant le maintien du statut de DPS pour Pierre Alesssandri et Alain Ferrandi. On s'attendait aussi à un changement préfectoral allant de pair avec une inflexion politique au fond. Rien de tout ça n'est intervenu sinon le changement de préfet sans que cela corresponde à ce qui était annoncé. S'ajoute à cela le contentieux avec la Corsica Ferries qui n’a pas été réglé ou en tout cas pas dans les termes escomptés. Nous sommes donc dans une situation qui est en tout point calamiteuse. Le PNC a voulu réagir, non pas pour accabler l'actuelle majorité mais pour en appeler à un sursaut. 

- Que préconisez-vous ?  
Tout d’abord un discours de vérité qui pourrait passer par une session extraordinaire de l’Assemblée de Corse au cours de laquelle tous les éléments de la problématique seraient mis autour de la table. Un échange d’informations loyal et transparent. Nous allons aussi mettre en place une série de réunions publiques et d'actions de terrain. Symboliquement, la première d'entre elle aura lieu le 17 mars à Paris avec des membres de la diaspora, des relais d'opinion, des journalistes de l’île et parisiens. Durant celle-ci, nous allons évoquer le problème Corse car je tiens à le rappeler, 70% des insulaires ont voté pour une liste nationaliste et, pourtant, politiquement les choses ont rarement semblé aussi sombres. Enfin, nous voulons penser une réforme constitutionnelle de l'article 74. Notre souhait c'est de rassembler le mouvement national et même au-delà, des personnes autour d'une proposition précise de réformes constitutionnelle. La proposition sera présentée après les présidentielles et aura été validée entre temps par des juristes, des constitutionnalistes, des responsables et militants politiques de Corse et d'ailleurs. 


- Vous reprochez aussi à la majorité territoriale, un manque de dialogue sur des sujets prégnants…
- On a l’impression d’apprendre les choses en même temps que les autres élus voire que les autres citoyens, que notre statut de formation nationaliste n’est pas considéré. On avait compris dès juin 2021, après la rupture de l'accord « Pè a Corsica », qui je le rappelle avait été conclu pour 10 ans, que les choses allaient désormais se passer ainsi. Les mois qui passent en apportent de plus en plus la démonstration. C’est profondément regrettable mais on en a pris acte. Aujourd'hui on n’en appelle pas à une concertation avec Femu a Corsica, on en appelle à un sursaut du mouvement national. 


- L’actualité qui a beaucoup fait réagir la classe politique la semaine dernière, c’est la procédure de mandatement d’office du préfet Lelarge pour la Corsica Ferries. Sur ce point vous soutenez la majorité ?
- Cette question transcende les clivages entre majorité et opposition. N'importe quel nationaliste, encarté ou pas, vous dira la même chose. Ce mandatement d'office est purement scandaleux, il vient s'ajouter à une série d’actes incompréhensible. 

- A un peu plus d’un mois des élections qu’attendez-vous de la ou du prochain président de la République ?  
- Pour celui ou celle qui sera demain à la présidence de la République, la Corse représentera une goutte d'eau. On a d’ailleurs l'impression, et c'est quelqu'un qui est opposé historiquement à la violence politique qui le dit, que dès lors que la clandestinité s'est arrêtée, le problème Corse est sorti du champ des préoccupations gouvernementales. C'est malheureux et profondément regrettable. Même notre accession commune aux responsabilités en 2015 puis en 2017, n'a pas su inverser cette tendance. Aujourd'hui il faut engager un rapport de force nouveau. Je pense que collectivement on en a les moyens. 


- Après les présidentielles il y a les législatives, qui allez-vous soutenir ?
- Par trois fois j’ai rappelé mon souhait de préserver l’unité des candidatures nationalistes aux législatives. A ce jour, je n'ai reçu aucune réponse. Ma petite expérience m’a conduit à penser que c'est peut-être parce que la réponse pourrait être gênante. Je me prépare donc à entrer en campagne aux côtés de Paul-André Colombani qui est le seul militant du PNC engagé en tant que député sortant. Cette possibilité de cadre unitaire semble retenue du côté de Corsica Libera. Je n'ai pas de certitudes car le parti tiendra son assemblée générale mi-mars. Pour le reste, j'attends très sereinement de voir quelle est la position des autres formations.