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Christophe Castaner : « On peut mettre en place en Corse un certain nombre de dispositifs spécifiques »


Nicole Mari le Dimanche 10 Mai 2020 à 18:23

Interrogé par France Inter ce dimanche sur les modalités du déconfinement, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner a réagi à la proposition du président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, d’instaurer un GreenPass pour les passagers arrivant en Corse. S’il est ouvert à l’idée de prendre des mesures spécifiques pour l’île et de conditionner son accès, il estime qu’il faut poursuivre le travail sur leur mise en œuvre. Il devrait discuter ce lundi avec Gilles Simeoni.



Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur.
Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur.
« J’ai échangé avec le président Gilles Simeoni, hier, j’ai échangé ensuite avec Olivier Véran et le Premier Ministre, pour prendre en compte la spécificité de la Corse, son caractère d’île, la saisonnalité aussi de son activité touristique. Pendant l’été, en moyenne, 1,5 à 1,7 million de touristes viennent en Corse. C’est un enjeu économique majeur. Donc, il faut trouver de solutions. Or, la Corse est une île, on peut mettre en place un certain nombre de dispositifs spécifiques », a annoncé, dimanche au micro de France Inter, Christophe Castaner. Interrogé dans le cadre de l’émission Questions Politiques sur les modalités du déconfinement, le ministre de l’Intérieur, qui assume « une approche différenciée territoire par territoire », a positivement réagi à la demande du président de l’Exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, d’avoir une approche spécifique pour l’île, notamment en matière de gestion des flux estivaux. « L’idée d’avoir une approche spécifique pour la Corse, compte tenue de son caractère îlien, comme nous en avons aussi sur l’Outre-mer, c’est quelque chose qui ne me choque pas. Je comprends parfaitement la démarche de Gilles Simeoni », a-t-il ajouté.
 
Un GreenPass touristique
Dans son « Plan de sortie progressive et maîtrisée du confinement pour la Corse » adopté, jeudi après-midi, par l’Assemblée de Corse, Gilles Simeoni, estime qu’une gestion non sécurisée des flux peut provoquer une catastrophe sanitaire ingérable. Il préconise, pour sauver la saison touristique, de « conditionner l’accès au territoire à la présentation d’un certificat sanitaire « green pass, c’est-à-dire d’un test COVID négatif. Plusieurs procédés de tests et d’attestations, via des applications numériques, sont actuellement en phase de commercialisation. Ce dispositif permettrait de limiter, voire d’exclure, les risques pour la personne entrante d’être contaminée ou contaminante ». L’objectif, précisait-il dans nos colonnes, est de « construire, dans les semaines à-venir, un modèle mathématique des flux, qui planifiera les niveaux acceptables d’augmentation de notre population, dira quel volume de touristes la Corse peut accueillir en juillet, en août ou en septembre, sans risque d’aggravation de l’épidémie, d’engorgement des structures hospitalières et médicales, ou de mise en danger des populations aussi bien résidentes que de passage ».
 
Des mesures spécifiques
Si le ministre de l’Intérieur semble bien conscient de la menace qui pèse sur la Corse et s’il n’est pas fermé à l’idée d’un Green Pass, il est plus réservé sur la mise en œuvre et la fiabilité des tests. « Est-ce que c’est les tests tels qu’ils ont été proposés par Gilles Simeoni et la Collectivité territoriale, je n’en suis pas sûr, y compris sur le moment où l’on fait le test, sur le risque que le test ne soit pas efficace, sur la difficulté du diagnostic qui serait fait… », commente-t-il. Il propose à Gilles Simeoni d’élaborer ensemble des mesures spécifiques : « Je lui ai proposé que, dès demain, nous poursuivions le travail sur des mesures que nous pourrions mettre en œuvre pour que la saison en Corse soit sauvée d’un point de vue touristique, si les conditions sanitaires le permettent, et que nous ayons une approche spécifique. C’est, d’ailleurs, ce que nous avons prévu dans le texte de loi… Je lui ai proposé qu’il y ait ensuite une réunion en visio cette semaine avec Olivier Véran sur ces sujets-là ». Et de conclure : « Nous devons prendre en compte les caractéristiques spécifiques de la Corse où 30% du PIB sont générés sur les 3 mois d’été. Il faut penser à ces 3 mois d’été, pas pour les vacances, mais pour l’économie corse. C’est toute la Corse qui vit aussi de cette économie touristique tout au long de l’année ».
 
Des tests payants
L’obligation de tests COVID19 pour les voyageurs en aérien, dès leur arrivée à l’aéroport, a été initiée, dès le 22 mars, par la Corée du Sud. En avril, d’autres pays lui ont emboité le pas, notamment les Emirats à l’aéroport de Dubaï. Son principe est en train de faire école en Europe. Notamment en Autriche où la réglementation impose aux personnes, qui veulent entrer dans le pays, de présenter un certificat médical de moins de 4 jours prouvant qu’elles n’ont pas été contaminées. L’absence de ce certificat entraine une mise en quarantaine pendant 14 jours. Selon le site Business Travel, pour éviter cette quarantaine, l’aéroport de Vienne dispose désormais d'un service simple de test payant : « Le test moléculaire-biologique COVID19 (test PCR) coûte 190 € et est effectué dans un laboratoire d’Office Park 3 au rez-de-chaussée de l’aéroport de Vienne ». Le résultat du test, obtenu en 2 ou 3 heures, permet un verdict rapide. Si le test est négatif, le voyageur obtient un certificat médical et évite la quatorzaine. S’il est positif, « les autorités publiques prendront les mesures appropriées ». Une pratique qui pourrait bien se généraliser…
 
N.M.