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Les brèves

Michel Stefani : Uber eats, le libéralisme numérique, la Corse et le progrès social  10/10/2019

Les dirigeants de la multinationale UBER veulent installer en Corse une plateforme numérique de travail pour effectuer des livraisons.

La modernité, la facilité d’usage évoquées sont des prétextes au contournement du droit du travail. Ces plateformes proposent des prestations de services et de fait pratiquent une concurrence déloyale au détriment des entreprises traditionnelles respectueuses de la réglementation et évoluant sur les mêmes créneaux.

Leur arrivée peut d’abord paraître bénéfique aux consommateurs et aux travailleurs, avec des prestations et des rémunérations avantageuses. En réalité, ce n’est que pour « casser le marché » dans lequel elles s’insèrent. Une fois que les entreprises traditionnelles sont affaiblies les prix augmentent et les salaires chutent. C’est de la concurrence déloyale et l’évolution de la desserte  maritime de la Corse nous instruit à ce propos avec les opérateurs low cost.

Les travailleurs des plateformes numériques (TPN) sont soumis à une exploitation digne du siècle dernier. Privés du statut de l’emploi, ils n’ont aucun droit : Paiement à la tache, absence de salaire minimum ou d’assurance chômage, pas de protection face à la hiérarchie la rupture du contrat s’opère par : la « désactivation », aucune protection en cas d’accidents professionnels. Ces conditions de travail conduisent aussi au travail des mineurs et à l’exploitation des travailleurs sans papiers. Pour ces travailleurs la révolution numérique n’est pas une émancipation mais un carcan supplémentaire imposé par le libéralisme.

Pourtant, les juges ont reconnu la qualité de salarié des TPN, en l’occurrence, pour les deux types de plateformes de travail les plus problématiques au regard de la place qu’elles prennent sur le marché : une plateforme de livraison de repas et une plateforme de transport individuel de personnes (d’autres activités font l’objet d’un contournement de la réglementation par l’organisation en plateforme, telles que celle d’entretien domestique ou de menus travaux). En ce sens, l’implantation en Corse d’une plateforme UBER est d’autant plus inacceptable que le droit du travail y est déjà souvent bafoué.

Pour autant, les TPN se sont organisés notamment avec la CGT et leurs actions ont permis d’obtenir des évolutions réglementaires favorables en droit. En tenant compte de cela les parlementaires communistes ont déposé une proposition de loi ayant pour objet de poursuivre l’amélioration des conditions de travail des TPN après les décisions de la Cour de cassation. Cette proposition de loi vise à établir un cadre légal et contractuel respectueux des droits sociaux et garantissant l’autonomie à laquelle les TPN aspirent en termes de choix des jours, de durée et d’horaires de travail.

Tourner le regard face aux évolutions liées à la révolution informationnelle ne suffit pas il est indispensable de combiner celle-ci avec le progrès social et l’émancipation humaine. C’est ce combat que les communistes mènent partout contre UBER et le libéralisme numérique.