L'Autorité de la Concurrence a officiellement autorisé Patrick Rocca, figure bien connue du secteur de la distribution en Corse, à acquérir 18 points de vente appartenant au groupe Casino. Cette décision, prise le 5 août 2024, est l’aboutissement d'une procédure initiée après la notification de l'opération, le 8 juillet 2024, de cession de 100 % des actions de Codim 2, filiale du groupe Casino, à une entité contrôlée par Patrick Rocca. Selon l'Autorité, cette acquisition « emporte par conséquent la prise de contrôle exclusif des 18 magasins cibles ultimement par Monsieur Rocca ».
Impact limité sur la concurrence locale
L’Autorité a minutieusement évalué l’impact de cette opération, tant au niveau national qu’au niveau local et jugé que cette acquisition « n’est pas de nature à porter atteinte à la concurrence sur l’ensemble des marchés examinés ». Les 18 magasins concernés représentent « environ [20-30] % des surfaces de vente » dans la zone de chalandise corse, mais l'incrément de parts de marché généré par l'opération est jugé limité. En effet, les magasins du groupe Rocca et ceux du groupe Casino n'entretiennent que des chevauchements marginaux, notamment à Ajaccio, où se trouvent un hypermarché et un supermarché.
Sur le plan local, l'Autorité a noté que « la nouvelle entité fera principalement face à la concurrence des enseignes Carrefour et E. Leclerc », qui conservent une présence significative dans les zones concernées. Elle a également pris en compte la forte présence d'autres enseignes, telles que Système U, qui permettent aux consommateurs corses de bénéficier de plusieurs alternatives de grande distribution. En conséquence, l'Autorité a estimé que « l’opération n’est pas susceptible de porter atteinte à la concurrence dans la zone de chalandise » des magasins concernés.
Par ailleurs, l'Autorité a examiné la question de l'approvisionnement, soulignant que les magasins corses dépendent fortement des centrales d'achat situées sur le continent, ce qui rallonge la chaîne logistique en raison des contraintes liées à l’insularité. Cependant, elle a précisé que « les producteurs locaux disposent, en Corse, de nombreuses alternatives constituées notamment par de grandes enseignes de distribution », minimisant ainsi l'impact potentiel de cette opération sur la concurrence amont.
Un point de vigilance subsiste néanmoins : la conclusion du contrat de master franchise entre Patrick Rocca et Auchan, qui n'était pas encore finalisée lors de l'examen du dossier. Si ce contrat venait à modifier les termes du contrôle exclusif des magasins, une nouvelle notification pourrait être nécessaire.