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Urbanisme : Bastia modifie en profondeur son plan local d'urbanisme


David Ravier le Vendredi 15 Mars 2024 à 07:20

Lors du conseil municipal du jeudi 14 mars, les élus ont décidé de réviser le plan local d'urbanisme en profondeur, en mettant en avant une place plus importante de la nature et en limitant l'emprise immobilière.



La municipalité révise son plan local d'urbanisme (PLU) pour la première fois depuis 2009.
La municipalité révise son plan local d'urbanisme (PLU) pour la première fois depuis 2009.
 

Cela faisait trois mandatures qu'il n'avait pas été changé. Jeudi 14 mars, le conseil municipal de Bastia a accepté la révision de son plan local d’urbanisme (PLU), qui n’avait pas bougé depuis 2009. Cette nouvelle mouture, radicalement tournée vers l’écologie, devrait être mise en application dans le courant de l’année.

 

Sanctuarisation de la nature en ville

 

Ce nouveau PLU, qui veut imaginer le futur de la commune jusqu’en 2041, a pour ambition de remettre la nature au centre des préoccupations de la cité, afin d’être plus en phase avec les nouvelles considérations écologiques. En effet, en 2009, lorsque l’ancien PLU était adopté, le Grenelle de l’environnement ou la COP21 n’avait pas encore mis l’urgence climatique et la préservation de la nature au cœur des actions politiques à mener.
Pour cette nouvelle mouture, la ville de Bastia a décidé de faire de l’agriculture la grande gagnante de cette rénovation urbaine. Ainsi, ce sont 331 hectares de terres qui devraient trouver une fonction agricole, là où cela n’excédait pas 2,5 hectares dans le précédent PLU. Avec ce changement, la municipalité souhaite redonner une place à l’agriculture, « qui fait partie des racines de cette terre », souligne Pierre Savelli, le maire de Bastia. Toutefois, le développement de cette agriculture urbaine ne se fera pas seule, puisque la mairie aura besoin de l’approbation de propriétaires privés prêts à transformer leurs terres en surfaces agricoles en l’inscrivant dans l’association foncière pastorale (AFP) de la ville. De même, le nouveau plan local d'urbanisme entend également sanctuariser les cours d'eau, en interdisant les constructions à proximité des rivières qui traversent la ville.

 

Lutter contre la spéculation immobilière

 

L’autre grand volet de ce PLU concerne la construction immobilière, sujet sur lequel la municipalité veut continuer de peser positivement. Cela passe notamment par une lutte contre la spéculation financière, « un mal dont Bastia était jusqu’ici relativement épargné », selon Pierre Savelli. Pour cela, elle souhaite réserver une partie de ces logements aux ménages modestes qui vivent et travaillent à Bastia, en leur proposant des appartements dont le prix serait inférieur de 30% au marché immobilier. Par la même occasion, la municipalité souhaite poursuivre sa construction de nouveaux logements tout en limitant leur emprise au sol et leur étalement urbain sur le territoire. Ainsi, la mairie assume sa volonté de densifier la population sur chaque nouvel hectare de terrain construit, afin d’optimiser au mieux l’espace. Cela fait notamment partie de son plan pour tendre vers la zéro artificialisation nette (ZAN) des sols d’ici à 2050. À l’horizon 2040, la Ville doit construire environ 4 330 logements à l’horizon 2040, en respectant son envie de continuer de proposer des logements sociaux et une accession à la propriété pour les ménages les plus modestes.

 

Si la révision du PLU et sa prise en compte des enjeux écologiques a été saluée par l’opposition, certains des élus l‘ont jugé peu ambitieuse et dangereuse, à l’image de Julien Morganti, qui critique l’inévitable verticalisation des immeubles qui découlera de la moindre emprise au sol. « Vivre dans des immeubles de huit étages, c’est moins agréable que dans un immeuble de quatre à cinq étages. C’est d’ailleurs le bon sens qui le prouve, depuis 50 ans, les études sociologiques en urbanisme montrent que la verticalisation aboutit aussi à un empilement des tensions » fustige l’élu. Selon lui, la municipalité souhaite donc recommencer la construction de grands ensembles. Une critique également partagée par Jean Zucarelli, qui s’évertue à dire que « Bastia n'a pas besoin d'être transformée en grenier agricole de la Haute-Corse », en multipliant au centuple la place accordée aux agriculteurs en ville.