Moins de feux que les années précédentes
Entre le 1er juillet et le 19 septembre, 132 incendies ont été recensés, engendrant la destruction de 261 hectares de végétation, soit une moyenne de 12 incendies par semaine. Heureusement, dans la majorité des cas (95%), les flammes ont été rapidement maîtrisées, avec des superficies brûlées inférieures à cinq hectares. Parmi ces incendies, ceux de Linguizetta (22 hectares) et de Corbara (162 hectares) en juillet ont été les plus dévastateurs, comptabilisant à eux seuls 71% de la superficie incendiée cet été.
Ces chiffres témoignent d'un été 2023 plus clément que les années précédentes. « L’an dernier, nous étions à 594 hectares brûlés pour 167 feux, et depuis l’année 2005, nous étions à une moyenne de 225 feux par été », se réjouit Pierre Pieri, le directeur du SIS2B, qui impute ces bons résultats à la stratégie développée par les sapeurs-pompiers. « Nous répartissons le plus d’unités possible sur le territoire, ce qui a pour conséquence d’être vu par les habitants, de dissuader les éventuels pyromanes, mais également de pouvoir intervenir le plus rapidement possible pour circonscrire les départs de feu; c’est là toute la force de notre maillage territorial ».
Toutefois, malgré leur efficacité dans la maîtrise des incendies, les sapeurs-pompiers se trouvent désarmés face aux pyromanes, selon le président du SIS2B, Hyacinthe Vanni, qui estime que "90% des incendies sont intentionnels". Les incendiaires sont une minorité qui peut mettre la vie des autres en danger et représenter un désastre pour la faune et la flore, comme ce fut le cas pour l’incendie de Santa-Reparata-di-Balagna, où le président du SIS2B se remémore les « trois mise à feu la nuit par grands vents alors qu’il n'y a pas de moyen aérien, ce qui est d’une inconscience incompréhensible ». C’est pour éviter ce genre de désagrément que le SIS2B a renforcé la présence des sapeurs-pompiers sur le terrain et mise beaucoup sur les casernes en milieu rural et la coopération des habitants pour éviter les drames.
Des changements de comportements dangereux
Le SIS2B a également observé des changements de comportement inquiétants. Avec l'augmentation de la fréquentation des sentiers de montagne due à l'engouement pour la randonnée cet été, les équipes spécialisées ont réalisé 105 interventions de sauvetage, dépassant ainsi les chiffres de l'année précédente. De même, les conditions climatiques en mer ont mis à l'épreuve les sauveteurs chargés de la surveillance de 17 plages en Haute-Corse, avec 58 interventions pour prévenir la noyade en seulement deux mois.
Cette évolution du comportement de la population oblige les pompiers à mobiliser davantage de ressources pour la surveillance en montagne et sur les plages, au détriment de la lutte contre les incendies. Un problème, pour Hyacinthe Vanni, qui voit là l’inconscience d’une partie de la population face au danger. « On a évité beaucoup de drames en mer au prix d’une mobilisation sans précédent, idem pour la montagne même si elle a pu se montrer meurtrière parfois. On ne peut pas continuer sur cette cadence, il faut que les gens prennent leurs responsabilités, qu’ils n’aillent pas en montagne lorsque la météo ne le permet pas ou qu’ils ne possèdent pas l’équipement nécessaire, et qu’ils ne se baignent pas lorsque les drapeaux l’interdisent ».
Pour mener à bien leur mission de sécurité de la population cet été, le Service d’incendie et de Secours de Haute-Corse a déployé près de 650 agents sur le terrain.