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Tourisme en Corse : Les campings aussi font grise mine


David Ravier le Vendredi 21 Juillet 2023 à 15:43

Malgré une saison 2022 plutôt bonne, les campings subissent eux-aussi une forte baisse de fréquentation cette année. Une tendance qui serait lié à de mauvais signaux envoyés aux touristes et des prix élevés dont les commerçants seraient les premiers tributaires, selon le président de la fédération d'hôtellerie de plein air.



(Image d'illustration)
(Image d'illustration)
Si les socios-professionnels alertent sur une fréquentation en berne depuis déjà plusieurs semaines, la Banque de France vient de confirmer les choses : la saison touristique 2023 affiche des chiffres moroses en Corse. Dans son rapport sur les tendances régionales sur l'activité économique en Corse publié le 13 juillet, l’organisme pointe ainsi "un niveau d’activité en deçà de celui observé en 2022 ", avec des baisses qui se manifestent aussi bien dans la location de véhicules, la restauration ou l'hôtellerie. Une situation terrifiante pour le secteur de l'hôtellerie et la restauration, qui représente 27,5% des services marchands.

Une accumulation de mauvais signaux

La tendance décrite par la Banque de France est corroborée par Alain Venturi, le président de la fédération corse d'hôtellerie de plein air (FCHPA). Après une bonne saison 2022, les campings insulaires constatent en effet un affaissement des réservations sur la période traditionnellement tendue des vacances. " Mais sur l'arrière-saison, nous avons des réservations équivalentes à l'année dernière", livre-t-il toutefois. D'après les remontées de terrain, Alain Venturi estime que les pertes se chiffrent actuellement entre 10 et 20% en fonction des établissements, bien que selon lui, des disparités existent entre les différents types d'hébergement. "Le modèle du camping résiste mieux que celui de l'hôtellerie classique, bien que l’on constate tous la même tendance. En camping, on a la chance d'avoir une majorité d'établissements qui proposent des séjours avec un hébergement pour les clients, comme des mobil-homes ou des habitations légères de loisir. Ces structures ont des saisons plus longues et résistent mieux à la baisse de fréquentation que ceux qui ne proposent que des emplacements nus à de la clientèle de passage", indique-t-il. 

Face à la faible affluence de visiteurs que subit la Corse cette saison, le président de la FCHPA pointe du doigt plusieurs facteurs comme la multiplication des sujets sur la surfréquentation des sites protégés, les diverses manifestations d'hostilité aux touristes, ou encore la décision de l'Agence de Tourisme de la Corse  de ne plus faire de promotion pour les mois de juillet et août. Une addition qui crée un contexte qui n’est pas forcément favorable à la venue des vacanciers. Pour Alain Venturi, une raison n'est d’ailleurs pas plus en cause qu'une autre. "C’est un mille-feuille où on ne peut pas isoler un élément et dire que c'est la cause principale de la baisse du tourisme. Il est difficile dans ces conditions de sentir le moment où la compétitivité de la destination est remise en cause", souffle-t-il, reconnaissant que l'élément de bascule pourrait se situer au niveau des prix, au moment où les vacanciers n'ont pas forcément pu suivre avec leur budget. 

Une compétitivité tributaire de l'insularité

Souvent pointés du doigt, les tarifs des transports et de l’hébergement souvent élevés en pleine saison en Corse peuvent en effet faire réfléchir à deux fois les vacanciers désireux de venir séjourner sur l’île, et déjà frappé par le contexte inflationniste depuis plus d'un an. Pourtant, Alain Venturi réplique qu'il n'est pas possible de faire autrement, même avec la meilleure volonté du monde, à cause des conditions propres à la Corse. "Il ne faut pas oublier que nous sommes handicapés par notre insularité, qui a une incidence sur le transport des passagers, mais également sur les marchandises dont nous avons besoin, ce qui nous donne des coûts de production plus élevés que nos collègues continentaux. De plus, avec la guerre en Ukraine, le coût de l'énergie a connu une hausse sensible. Là où en métropole, il est possible de faire jouer la concurrence des distributeurs, nous ne pouvons pas le faire. De fait, nous avons subi cette hausse sans pouvoir la combattre", détaille-t-il. 

Le président de l'hôtellerie de plein air le concède, il faudra que tous les acteurs fassent des efforts pour rendre la Corse de nouveau attractive. "Mais on ne pourra pas aller jusqu'à faire s'effondrer les prix en haute saison, car ça serait une erreur que l'on paiera plus tard. En bradant les prix, on mettra en péril nos finances et on abîmera l'image globale de la Corse. Si nous devenons une destination de dernière minute low cost, je pense que ça sera dommageable pour tout le monde", prédit il.