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Tests COVID - Docteur Franck Fernandez : « La priorité aujourd’hui ce sont les gens qui ont des symptômes »


Julia Sereni le Jeudi 27 Août 2020 à 18:44

Depuis le début du mois d’août, avec la reprise de l’épidémie, les laboratoires de biologie médicale insulaires qui réalisent des tests COVID croulent sous les demandes de rendez-vous. Pour le docteur Fernandez, associé au sein du laboratoire Canarelli-Colonna-Fernandez, le gouvernement n’a pas suffisamment pris la mesure de toute l’organisation que nécessite une généralisation des tests. Mobilisé pour assurer toutes les demandes, il invite néanmoins le grand public à s’armer de patience, rappelant qu’il s’agit d’un acte médical, soumis à des protocoles.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Le laboratoire Canarelli-Colonna-Fernandez était pourtant rodé : ses équipes ont commencé à pratiquer les tests de dépistage COVID depuis le mois de mars. « Nous étions parmi les premiers laboratoires de France à faire des tests » explique le docteur Fernandez. Mais aujourd’hui, ils ont bien du mal à faire face à l’augmentation des demandes. « Jusqu’à fin juillet, la situation était sous contrôle, mais depuis août c’est exponentiel » s’alarme le docteur Fernandez. « Nous sommes passés de 250 tests en juillet à 500 tests aujourd’hui ».
 
« Les autorités ont fait des annonces pour demander aux personnes de venir au laboratoire se faire tester, sauf que c’est très compliqué pour notre organisation » confie t-il. Pourtant, le laboratoire s’est adapté, passant d’un seul site de prélèvement à trois. Mais pas seulement : « Nous avons dû prendre des personnes en plus et fermer le site du cours Napoléon car nous avons dû concentrer notre personnel ». Malgré cette réorganisation, l’afflux des patients a entrainé un allongement considérable des délais d’obtention d’un rendez-vous : « On est passé de 48 heures à une semaine d’attente » regrette le docteur Fernandez.
 
Aujourd’hui, l’équipe doit redoubler d’efforts pour suivre la cadence : « On travaille même la nuit pour pouvoir assurer tout le volume ». Conséquence : un personnel fatigué et soumis à la pression de patients pas toujours très compréhensifs. « On les applaudissait il y a trois mois, maintenant on les insulte quasiment. Il faut que les gens comprennent que nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes à la minute » plaide le docteur Fernandez.
 
D’autant que le laboratoire est aujourd’hui obligé de prioriser, et « la priorité aujourd’hui ce sont les gens qui ont des symptômes ». Pour le docteur Fernandez, la systématisation des tests n’est pas forcément pertinente : « Un jeune asymptomatique qui a été en contact avec un cas peut attendre trois ou quatre jours s’il reste isolé ». Une vision qui, il en a bien conscience, ne cadre pas forcément avec le message incitatif largement diffusé par les autorités : « Expliquer maintenant qu’il y a des priorités est devenu compliqué ».
 
Pour le médecin, le gouvernement n’a pas pris la mesure de l’organisation que nécessite une généralisation des tests : « L’erreur a été de dire ‘‘allez tous au labo, c’est open bar’’. Non, le test est un acte médical qui répond à des protocoles ». Aussi, il en appelle aujourd’hui au civisme et au sens des responsabilité de la population : « Les gens doivent anticiper quand il font leur test pour une reprise de travail, un voyage… et prendre rendez-vous en amont ».
 
Pour autant, le docteur Fernandez assure tout mettre en oeuvre pour faire face à la demande : « Dès la semaine prochaine, nous allons essayer de doubler nos capacités. Nous ferons tout pour assurer tous les tests ». L’objectif principal ?
« Réduire les délais, qui sont aujourd’hui d’une semaine, pour revenir à 48 heures ».

(Photo Michel Luccioni)