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Stella Mare va s'agrandir pour ses langoustes rouges, et reçoit la ministre de l'Enseignement supérieur


le Lundi 6 Novembre 2023 à 16:34

En visite en Corse ce lundi, la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a pu saluer le travail réalisé à Biguglia par les scientifiques de Stella Mare sur la reproduction de juvéniles de langoustes rouges, destinés à venir repeupler nos fonds marins.



Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur, en visite à Stella Mare à Biguglia, ce lundi 6 novembre. Elle tient dans sa main un oursin juvénile élevé dans les bassins de Stella Mare.
Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur, en visite à Stella Mare à Biguglia, ce lundi 6 novembre. Elle tient dans sa main un oursin juvénile élevé dans les bassins de Stella Mare.
Quelques jeunes langoustes rouges âgées de 11 mois barbotent dans les aquariums de Stella Mare. Elles sont encore trop peu nombreuses pour être mises en liberté en mer, bien qu'elles en auraient théoriquement la capacité, ayant atteint l'âge requis des 9 mois pour une mise en liberté. Ces juvéniles de stade 8, Stella Mare les laisse grandir encore, signale fièrement Antoine Aiello, le directeur de la plate-forme corse qui a pris en quelques années une dimension internationale, dans sa capacité quasi unique à reproduire puis élever en laboratoire des espèces sauvages marines en voie de disparition.

Il y a eu l'oursin, d'abord : "Notre travail s'est matérialisé par plus de 100 000 oursins qui ont été remis dans le golfe de Saint-Florent, et par plus de 40 000 oursins de l'autre côté du cap, à Miomo, qui était une zone de carence liée aux prélèvements de l'homme", précise Antoine Aiello. La langouste rouge a suivi très logiquement dans les travaux de ses équipes de recherche. De par sa raréfaction, en premier lieu, car le crustacé a connu un déclin de ses captures : "En Corse, 300 tonnes de langoustes étaient pêchées dans les années 50, or seules 61 tonnes le furent en moyenne durant ces trois dernières années", rappelle Stella Mare dans un communiqué de presse. Par son importance économique ensuite : "La langouste génère un chiffre d'affaires annuel de plus de 4 millions d'euros, souligne la plate-forme bastiaise. Elle représente à elle seule jusqu'à 70 % des revenus de la pêche professionnelle insulaire."

Une mortalité en baisse sur les expérimentations de langouste rouge

C'est "ce lien entre la recherche au service de l'écologie et de l'économie" qui a le plus frappé la ministre Sylvie Retailleau durant sa visite des locaux de Stella Mare, lundi matin. "Il y a ce souci d'identifier les besoins, pour ensuite mieux les utiliser par les usagers qui sont en règle générale les pêcheurs."

L'expérimentation sur la langouste rouge avait connu des taux de mortalité très importants ces deux dernières années : 97% en 2021 mais déjà beaucoup moins en 2022 (67 %). Et cette année, l'amélioration se poursuit, puisque le taux de mortalité n'est plus que de 58 % dans les laboratoires de Stella Mare, ce qui a permis l'obtention de 459 préjuvéniles (contre 64 en 2022). Et sept d'entre eux sont donc actuellement âgés de 11 mois.

Ces langoustes rouges ont atteint l'âge de 11 mois.
Ces langoustes rouges ont atteint l'âge de 11 mois.
"La prochaine étape, c'est de prélever en décembre des gênes de nouveaux géniteurs, comme tous les ans, et d'améliorer les résultats par nos avancées scientifiques qu'on ne détaillera pas", annonce Antoine Aiello. L'objectif étant de parvenir à produire suffisamment de juvéniles "pour imaginer une restauration écologique en collaboration avec les pêcheurs et les gestionnaires de milieux marins".  D'une dizaine aujourd'hui, Stella Mare espère faire grandir "quelques centaines" de juvéniles l'an prochain à "quelques milliers l'année d'après", seuil à partir duquel il pourra être envisagé une restauration de l'espèce en mer.

Le projet d'un nouveau bâtiment de recherche pour les langoustes

Mais pour faire grandir autant de langoustes rouges, Stella Mare devra s'agrandir, ce que l'université de Corse prévoit de faire prochainement, en lançant la construction d'un nouveau bâtiment à proximité des locaux actuels. "Le permis de construire est à l'instruction, dévoile Antoine Aiello. Les travaux pourraient commencer en 2024. Je pense qu'il y aura 12 à 18 mois de travaux." Ce nouveau bâtiment, "pour lequel on a un accord de principe de l'Etat", est estimé à 12 millions d'euros. Il s'inscrit dans le projet Stella Mare 2023-2028, un projet à "26 millions d'euros" dont l'enveloppe sera en partie à aller chercher : "On a des crédits du l'Union européenne, de la Collectivité de Corse et de l'Etat, précise Antoine Aiello. Mais on envisage aussi le mécénat et on a fait une demande de 8 millions d'euros auprès de l'Agence de l'eau."

De quoi faire passer Stella Mare dans une autre dimension : "Les cinq premières années, on a travaillé dans un laboratoire où on a fait les premières démonstrations, notamment sur l'oursin, se remémore Antoine Aiello. Les cinq suivantes, on a bénéficié d'un bâtiment et là, les résultats scientifiques ont véritablement explosé. Ce qu'on a réalisé sur la langouste, c'est dû aux investissements qui ont été réalisés sur ce bâtiment." D'où les perspectives offertes par la construction d'un nouveau bâtiment, qui pourrait déboucher sur de la création d'emplois, via des start-up dédiées à la valorisation économique des recherches menées par Stella Mare. "Aujourd'hui par exemple, la Sardaigne a fermé la pêche aux oursins, fait remarquer Antoine Aiello. Donc on voit bien que sur des voisins immédiats, on aurait du potentiel de développement économique. La Corse peut transformer cette recherche en richesse."