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Spéculation immobilière : Opération de Core in Fronte pour dénoncer les locations AirBNB et les achats spéculatifs


Nicole Mari le Vendredi 30 Septembre 2022 à 19:27

Nouvelle opération de Core in Fronte contre la spéculation foncière et immobilière. Avant une motion pour réguler les meublés de tourisme qui sera présentée à la session d’octobre de l’Assemblée de Corse, le parti indépendantiste a effectué une opération symbolique, rue Fesch à Aiacciu, dans une location AirBNB, pour dénoncer des achats spéculatifs par des non-résidents corses d’appartements de centre-ville. Il demande l’instauration d’un statut de résident pour interdire ce type d’achat et la création d’un permis de louer, comme il en existe déjà dans certaines villes touristiques françaises.



Les militants de Core in Fronte rue Fesh à Aiacciu pour dénoncer la spéculation immobilière. Photo CNI.
Les militants de Core in Fronte rue Fesh à Aiacciu pour dénoncer la spéculation immobilière. Photo CNI.
Il est midi, ce 30 septembre, rue Fesch à Aiacciu, quand une quarantaine de militants de Core In Fronte, se massent devant un petit immeuble au n°70 de la rue piétonne avant d’investir un appartement au dernier étage. Un meublé touristique qu’ils ont pris soin, au préalable, de louer, 120 € la nuit, sur la plateforme AirBNB pour dénoncer la spéculation immobilière qui ronge la Corse, vide centre-ville et villages, et empêche les insulaires de trouver un logement à l’année et à un prix décent. Ce n’est pas la première opération coup de poing du parti indépendantiste qui a fait de la question foncière son premier cheval de bataille. « Nous venons rappeler, sur le terrain de la lutte populaire, notre attachement indéfectible à la préservation des intérêts collectifs de notre peuple, et en particulier celui de la lutte contre la dépossession. La question foncière est une lutte historique du mouvement national. En 2022, elle est plus que jamais d’actualité. Il convient d’enrayer le modèle économique résidentiel qui dépossède les Corses. Le meublé touristique et sa mise sur le marché locatif sur des plates-formes type Airbnb sont devenus, depuis quelques années, le moteur essentiel de cette dépossession », déclare Luc Bernardini, en lisant une déclaration intitulée « Basta A Spussessu ! ».
 
L’eldorado des spéculateurs
Et Core in Fronte d’aligner des chiffres : « Le meublé touristique - qui, dans une ville comme Paris, ville la plus visitée au monde, représente 41 210 logements (Source AirDNA) pour 1 382 779 logements, soit un indicateur de pression foncière de 2,98 % - représent en Corse 39 716 meublés touristiques pour 249 668 logements, soit un indicateur de pression de 15,9 %. Cela représente également plus de 80 % du parc locatif privé, voir beaucoup plus sur les logements de petite surface ». Cette pression, qui engendre une situation dramatique pour les insulaires, est, selon le mouvement, le fait d’investisseurs étrangers à l’île : « Les Corses ne peuvent donc plus se loger et ceux qui ont en ont la possibilité devront s’acquitter de loyers alignés sur les prix pratiqués en location saisonnière par des propriétaires étrangers en majorité français. En effet 35,5 % des personnes qui proposent leurs biens sur Airbnb vivent en France à l’année et 4,7 % ailleurs en Europe ou dans le monde. La Corse est devenue l’eldorado des spéculateurs multi-propriétaires ». Le mouvement indépendantiste pointe du doigt « les forces de l’argent » et les « divers dispositifs de défiscalisation » comme le crédit d’impôt, la loi Pinel, la TVA réduite et récupérable… « au détriment aussi des entreprises de tourisme et de l’emploi local ». Comme l’explique Luc Bernardini à CNI :

Un permis de louer
Core in Fronte entend utiliser les discussions en cours avec Paris sur l’autonomie pour porter cette question. Il demande que des compétences soient dévolues à la Collectivité de Corse afin qu’elle puisse mettre en place « dans les plus brefs délais » deux mesures fortes. La première est une revendication majeure du mouvement national : l’instauration d’un statut de résident avec une obligation de 10 ans de résidence avant de pouvoir acheter un bien. La seconde est la création d’un Permis de louer, un dispositif qui existe déjà à l’échelle de grandes agglomérations et de certaines villes touristiques françaises comme Biarritz, Cannes ou Menton. « Il permet à ces villes de choisir qui est éligible aux droits de louer. Aujourd'hui, la loi instaure la possibilité de louer librement jusqu’à 120 jours sa résidence principale. En plus de cela, à travers ce permis de louer, nous proposerons de limiter l’accès à la location à un seul meublé par foyer fiscal (SCI incluse), en plus du logement principal ». Le parti indépendantiste demande que ces dispositifs soient gérés par la collectivité de Corse et non par les communes. « Cela peut se faire très rapidement par une simple adaptation législative et réglementaire permettant à une collectivité de plus de 300 000 habitants, telle que la Collectivité de Corse, de se voir attribuer les compétences juridiques d’autorisation de l’exercice de la location de meublés touristiques ».
 
Une motion à l’Assemblée
Dans cette optique, le groupe Core in Fronte à l’Assemblée de Corse avait déposé une motion pour cette session de fin septembre et qui sera redéposée à la session d’octobre, concernant la régulation des meublés de tourisme. Cette motion demande la mise en œuvre d’une contractualisation entre la Collectivité de Corse, les communes et les intercommunalités, et la territorialisation de la compétence en matière de régulation de ce type de location, comme l’explique, à CNI, Jean-Baptiste Arena, conseiller territorial et maire adjoint de Patrimoniu :

D’autres actions à venir
L’objectif pour Core in Fronte est de « diminuer le nombre de multipropriétaires et de mécaniquement réguler les prix de l’immobilier. Surtout, cette mesure tempèrera les appétits des investisseurs étrangers. Elle se veut être une première étape avant l’instauration du statut de résident ». Le parti indépendantiste appelle « l’ensemble des acteurs de la sphère immobilière qu’il soit maires, promoteurs, agents, notaires, particuliers, à prendre conscience du problème de la dépossession foncière en Corse ». Il prévient aussi « les acheteurs étrangers, français et autres, que nous allons intensifier nos actions sur leurs propriétés, comme nous le faisons aujourd’hui, sur l’ensemble de la Corse et qu’ils ne pourront plus impunément déposséder notre peuple et assombrir lourdement l’avenir de nos enfants. Basta à u spussessu ! Terra Corsa à i Corsi ».
 
N.M.

Les miitants de Core in fronte dans l'appartement AirBNB. Photo CNI.
Les miitants de Core in fronte dans l'appartement AirBNB. Photo CNI.