Corse Net Infos - Pure player corse

Soutien aux maires d’Afa et d’Appiettu : la polémique continue sur l’absence de condamnation des actes


Nicole Mari le Mardi 4 Avril 2023 à 21:52

La résolution votée à l’Assemblée de Corse, vendredi soir, en soutien aux deux mairies d’Afa et d’Appiettu qui ont été la cible d’incendies criminels revendiqués par l’organisation clandestine, la Ghjuventù Clandestina Corsa (GCC), continue de faire polémique. Dans le sillage du groupe de droite U Soffiu Novu, le sénateur de Corse du Sud, Jean-Jacques Panunzi, dénonce, dans un communiqué, « l’ambiguïté » des élus nationalistes qui soutiennent sans condamner.



L'hémicycle de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
L'hémicycle de l'Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
Ce fut une résolution très attendue, mais adoptée in-extrémis en fin de session, vendredi soir, sur un mode minimal, faute d’accord entre la droite et les Nationalistes. Le groupe d’opposition de droite U Soffiu Novu, qui avait fini par présenter sa propre résolution, exigeait une condamnation ferme des attentats contre les mairies d’Afa et d’Appiettu, revendiquées la veille par la GCC. « Nous condamnons des actes qui sont des actes gravissimes d’atteinte à la démocratie locale. Cela ne fait pas de nous des procureurs, des moralistes ou des tisonniers qui voudraient jeter la braise », avait tenté le président du groupe, Jean-Martin Mondoloni en proposant de « condamner des actes, sans forcément condamner les auteurs ». Hors de question pour les Nationalistes de se laisser entrainer dans la chausse-trappe de la condamnation. Soutenir, oui, condamner non, comme le résumait l’Indépendantiste Paul-Felix Benedetti, président du groupe Core In Fronte : « Historiquement, on n'a jamais rien condamné. On a eu cette position historique. Par principe, je continue de l'avoir, mais aussi par conviction ». Une position partagée par l’Exécutif et la majorité territoriale qui, par la voix de Romain Colonna a plaidé pour « une Corse apaisée », pour une solution qui permettra « de vivre dans la démocratie » sans « rajouter des divisions ». Le PNC-Avanzemu a estimé avec Pierre Poli « qu’on ne peut pas se contenter de soutenir et de condamner » une situation qui « était prévisible », et a appelé à « s’interroger sur les causes » et à « écouter la jeunesse ».

La résolution adoptée

La résolution présentée par l’Exécutif et la majorité territoriale, qui a finalement été adoptée, se veut donc claire, simple et prudente.

« Après avoir rencontré le jeudi 30 mars 2023 à la Collectivité de Corse, les maires d’Afa et d’Appiettu, le président de l’association des maires de Corse du Sud et le bureau de cette association, le Conseil exécutif de Corse et l’assemblée de Corse expriment leur soutien aux maires et élus d’Afa et d’Appiettu après les incendies volontaires ayant visé les mairies de ces deux villages ; rappellent que les communes sont les premiers échelons de la vie démocratique et que les « case cumune » en sont un symbole intangible et à respecter ; réaffirment solennellement leur refus des logiques de tension et leur engagement en faveur de la construction de la paix ».
 

Jean-Jacques Panunzi : « Les modérés s’opposent toujours modérément à la violence »

Comme on pouvait s’y attendre, la résolution a provoqué une vive réaction du sénateur de Corse du Sud, Jean-Jacques Panunzi, qui, dans un communiqué, a fustigé « Les modérés s’opposent toujours modérément à la violence ». Comme les élus de droite de l’Assemblée de Corse, le sénateur LR espérait, lui aussi, une condamnation ferme : « La condamnation unanime de l’ensemble des maires de la Corse du Sud à travers son président et l’attente d’une parole forte de l’Assemblée de Corse nous laissaient imaginer qu’une résolution commune aurait émané de l’hémicycle régional pour condamner avec la plus grande fermeté les attentats qui ont visé les mairies d’Afà et d’Appietto, sans oublier de condamner de la même façon les 34 attentats qui ont touché des habitations ainsi que des entrepreneurs », écrit-il. « A l’inverse de ce qu’on était en droit d’espérer, deux résolutions ont été présentées et adoptées vendredi 31 mars par l’Assemblée de Corse, car les groupes nationalistes n’ont pas souhaité soutenir la motion présentée par le groupe Un Soffiu Novu qui faisait mention du mot « condamnation » et ont donc préféré présenter leur propre texte en indiquant apporter leur « soutien aux maires des communes visées » », indique-t-il. Avant de conclure : « Une fois de plus, mais une fois de trop, le comportement ambigu des élus nationalistes concernant la violence en Corse n’est pas fait pour faciliter la poursuite des discussions avec le Gouvernement. Une position qui confirme hélas la formule d’Anatole France : « Les modérés s’opposent toujours modérément à la violence » ».