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Relance du tourisme en Corse : la création d’une chaîne hôtelière suscite des interrogations


Philippe Peraut le Jeudi 14 Octobre 2021 à 10:25

Angèle Bastiani, présidente de l’ATC, les responsables du bureau d’études « Nova Consulting » et divers représentants professionnels s’étaient donnés rendez-vous dans les locaux de l’Agence Ajaccio afin de débattre, six après son officialisation, sur la création future d’une chaîne hôtelière, axe fort des huit points spécifiques à la relance du tourisme insulaire validé par la feuille de route territoriale en avril dernier par Jacqueline Gourault et Jean-Baptiste Lemoyne. La perspective de la création d’une chaîne hôtelière est encore loin de convaincre les professionnels du secteur.



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
Premier temps fort de la mandature pour Angèle Bastiani, nouvelle présidente de l’ATC, le rendez-vous de ce mercredi dans les locaux de l’Agence où il était question de la « feuille de route territoriale du tourisme corse », actée en avril dernier par Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion avec les territoires et Jean-Baptiste Lemoyne, ministre du tourisme.
Il s’agissait, dans le détail, de préciser notamment la perspective d’une création de chaîne hôtelière dans l’île, point fort des huit mesures validées en avril concernant la spécificité de la relance insulaire avec, en prime, une enveloppe de 21 millions d’euros supplémentaires pour le secteur.


C’est pour débattre de ce projet qu’Angèle Bastiani avait donc convié des représentants professionnels du secteur ainsi que le bureau d’études « Nova Consulting », mandaté par l’Agence pour plancher sur cette perspective. Lors d’une longue présentation, Julien Bernard, président du bureau d’études, a détaillé un diagnostic stratégique. « L’objectif, souligne-t-il, est de co-construire en Corse avec les hôteliers et leurs représentants, une plateforme et trouver la manière de ce que l’on mettra sur cette politique collective entre les hôteliers, à la fois en termes d’achats groupés ou de produits locaux par exemple, de travail sur la formation métiers de l’hôtellerie pour avoir le personnel nécessaire, un travail collectif sur l’évolution de l’environnement et de l’offre, d’un point de vue écologique, de ses acteurs...Le tout afin de trouver, entre hôteliers et avec l’ATC, des solutions concrètes pour faire évoluer aujourd’hui, l’offre du tourisme en Corse. »
 
Six mois pour fédérer un projet commun
Un plan détaillé qui, force est de le constater, sera loin de faire l’unanimité dans la salle. « Nous sommes réservés, peste Toussaint Coeroli (Gîtes de France), en tant que représentant socio-professionnel de l’UMIH et de la fédération corse de l’hôtellerie de plein air. Par définition, une chaîne hôtelière regroupe des hôtels, 450 en Corse mais il n’y a pas que des hôtels dans l’industrie de l’hébergement, on trouve l’hôtellerie de plein air, les meublés de tourisme, les gîtes ruraux et ils seraient a priori exclus et c’est un choix délibéré critiquable. Ensuite, cette chaîne doit générer forcément une centrale de réservation, d’achat...Et c’est assez flou. Comment distribuer ces hôtels qui vont d’une à cinq étoiles, les commercialiser si ce n’est par le biais d’une centrale de réservation. On nous parle d’achats groupés d’une billetterie aérienne. Quid des agences de voyages et des tour opérators locaux ? Ce n’est pas la vocation de l’ATC... »


Même son de cloche du côté de Jean-Baptiste Pieri (Hôteliers du golfe d’Ajaccio. « On attend de l’ATC qu’elle impulse une dynamique et donne une direction pour combler les manques de l’industrie touristique corse. Nous avons la saisonnalité la plus forte de Méditerranée, des transports déficients, une concurrence déloyale, l’absence de formation qui nous contraint à « décorsiser les emplois (déficit de 90%), la montée en gamme doit être prise en compte avec une augmentation de la Valeur Ajoutée... »


De son côté, la présidente de l’ATC va s’efforcer de tempérer. « Rien ne sera imposé. La méthode retenue est celle de l’échange et de la concertation. Nous allons poursuivre la contractualisation des territoires en étant attentifs aux remontées de terrain. Nous avons rencontré les Offices du Tourisme et je viendrai personnellement voir les établissements afin de trouver le moyen de travailler ensemble. On sera là pour écouter tout le monde. »
Au terme d’une première étude de deux mois et demi, les différents acteurs concernés ont encore six mois pour convaincre les plus réticents et fédérer un projet collectif. Un nouveau travail, plus précis sera présenté au milieu de l’année prochaine.