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Réforme de la Police judiciaire : l'ex-patron de la PJ du sud, Eric Arella, détaille ses propositions


CNI avec AFP le Mardi 3 Janvier 2023 à 19:19

Eric Arella, l'ex-directeur de la PJ pour la zone Sud, qui fut aussi patron de la Police judiciaire en Corse, s'est exprimé ce mardi 3 janvier pour la première fois depuis son éviction en octobre 2022 après une manifestation de ses troupes contre la réforme de la police judiciaire, en détaillant ses propositions d'amendements. Son limogeage avait déclenché une vague de protestations inhabituelle rassemblant policiers et magistrats.



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La première expression publique du commissaire Arella, désormais chargé de mission auprès du patron de la police, s'est déroulée en petit comité, dans une salle exiguë de l'Assemblée.
L'ancien directeur de la PJ de la zone Sud (allant de Toulouse à la Corse, en passant par Perpignan, Montpellier, Marseille, et Nice) a été auditionné en visio par les deux co-rapporteurs de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la réforme de la police nationale, Marie Guévenoux (Renaissance) et Ugo Bernalicis (LFI).
L'audition n'a pas fait l'objet de diffusion en direct sur le site de l'Assemblée, comme la plupart de celles menées par cette mission d'information dont le sujet est hautement sensible. Très souvent, les auditions, notamment les plus importantes, sont retransmises en direct.
M. Arella a tenu d'emblée à affirmer qu'il avait "validé le principe" de la réforme, à savoir la constitution de filières, et a assuré qu'il y avait "un constat partagé sur la problématique de la délinquance de masse". "Il n'y a pas d’ambiguïté pour trouver une solution à ce qui constitue un problème", a-t-il dit. En revanche, il a insisté sur la nécessité de ne "pas mettre à mal la lutte contre la délinquance de haut de spectre".
Eric Arella a expliqué avoir été missionné en juin 2022, comme directeur de la zone Sud, pour faire des propositions d'ajustement de la réforme.
Le projet de réforme de la police nationale portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, prévoit de placer tous les services de police d'un département --renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et PJ-- sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Les opposants au projet dénoncent le risque d'un "nivellement vers le bas" de la PJ et un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes.
Pour tenter de désamorcer la fronde, Gérald Darmanin s'est engagé à la fin de l'année dernière à sanctuariser les effectifs de la PJ. Il a évoqué aussi la création d'un directeur zonal pour la Police judiciaire.
Le maintien des effectifs de la PJ faisait partie des propositions de M. Arella et de ses homologues. Mais ils avaient également proposé que le directeur zonal ait une "autorité fonctionnelle et hiérarchique". Sur ce point, a-t-il dit, "ce n'est pas clair" de la part du gouvernement.
Ils avaient proposé en outre de "garder au niveau supra départemental tout ce qui est criminalité organisée de haut de spectre". M. Arella a laissé entendre que la fronde des policiers de la PJ était la résultante d'une non réponse aux propositions faites fin juillet et réitérées fin septembre.
Il assure les avoir "résumées" au patron de la police Frédéric Veaux, lors de sa venue à Marseille le 6 octobre. "Les réponses aux propositions ont été mises entre parenthèses", a-t-il dit.
Le 6 octobre, M. Veaux avait dû traverser une "haie du déshonneur" composée de 200 enquêteurs opposés à la réforme. La vidéo de cette traversée était vite devenue virale. M. Arella avait été évincé le lendemain.
Depuis, un audit sur la réforme, dont les conclusions pourraient être connues en janvier, a été demandé par M. Darmanin.