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Protocole sanitaire : rentrée sans changements pour les élèves du lycée Giocante de Casabianca de Bastia


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 2 Novembre 2020 à 19:56

"Aucune mesure" pour protéger les lycéens de l’établissement bastiais contre l’épidémie de Covid-19. C’est en tout cas le constat que font les jeunes étudiants ce lundi 2 novembre après leur première journée de cours placée sous le signe de l’état d’urgence sanitaire. Entre incompréhension et peur, une vague de contestations vient faire écho à la deuxième vague épidémique.



L'inquiétude et l'incompréhension règnent parmi les lycées du Fangu
L'inquiétude et l'incompréhension règnent parmi les lycées du Fangu
Le doute a plané un temps quant à l’ouverture des lycées jusqu’à ce que le premier Ministre Jean Castex et le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer confirment le maintien des lycées ouverts malgré le reconfinement.
Et, en ce premier jour de rentrée après les vacances de la Toussaint et en pleine deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, les lycéens de l’établissement Giocante de Casabianca à Bastia sont bien de retour en cours.
Malgré l’enthousiasme de retrouver leurs camarades et une vie sociale, certains d’entre eux pointent du doigt ce retour en cours qui leur semble illogique face à l’épisode épidémique qui a été annoncé par les responsables politiques, comme encore plus virulent que la première vague du printemps dernier.


« Stupide et illogique »
Ils sont jeunes et pourtant, du haut de leurs 16 ans les élèves du lycée du Fangu semblent, déjà, posséder une façon de penser qui leur est propre. C’est avec un esprit critique acéré qu’ils analysent la situation.
C’est notamment le cas de Loly, 16 ans et élève de première qui relève l’incohérence de la situation : « Pendant l’hommage à Samuel Paty ce matin nous étions 1 200 élèves collés les uns contre les autres, sans respect des mesures de distanciation sociale. On nous dit qu’il faut limiter les contacts et le brassage mais c’était impossible. C’est stupide et illogique ».
Ses deux camarades acquiescent, presque résignées avant de rajouter « de toute façon on n’a pas notre mot à dire ».
L’incompréhension règne et on sent une certaine pointe de révolte dans le ton de Lilian, 17 ans et élève de terminale : « On ferme des commerces qui ne peuvent pas accueillir grand monde mais nous on s’entasse tous dans la cour ! Le ministre Jean-Michel Blanquer avait parlé d’un protocole sanitaire plus strict mais au lycée c’est comme en septembre, rien n’a changé ».
À 16 heures, heure de la récréation, les portes de l’établissement sont grandes ouvertes et personne ne contrôle les entrées et sorties de la centaine d’élèves qui profitent de ce court temps de détente.


Aucun changement depuis la rentrée de septembre
Carla, 16 ans et élève de première s’inquiète d’autant plus qu’elle est asthmatique et, est, donc considérée comme personne à risque. Pour elle qui est interne à l’établissement « des fois j’espère qu’ils vont fermer pour nous protéger. Je dois garder le masque jusqu’à 21 heures heure où je rejoins ma chambre à l’internat. C’est difficile de le garder toute la journée et c’est inquiétant, surtout pour moi. D’ailleurs mes parents n’étaient pas trop d’accord pour que je retourne en cours ».

Les nouvelles mesures, qui ont pour but d’éviter le brassage, ne sont pas respectées pour Lilian : « à la cantine on n’est pas placé par classe et on doit enlever le masque pour manger tout en étant dans un endroit clos. On change de salle de classe à chaque cours et on est obligé de se mélanger avec d’autres groupes car avec la nouvelle réforme du Baccalauréat on a cours en fonction des spécialités choisies ».
Mais pour lui et son camarade Hugo  il est important de retourner en cours pour préparer au mieux l’échéance de l’examen final qui débutera en mars prochain : « pour nous protéger , il aurait mieux valu que l’on soit confiné , mais pour la scolarité il vaut mieux travailler en présentiel. Déjà que la réforme du Baccalauréat est difficile à comprendre alors si on ne peut pas se préparer correctement ça va être très difficile. On a un peu peur pour nos études ». Et l’inquiétude de réussir la fin de son parcours scolaire est vivace.


Réussir son parcours scolaire en 2020 : un vrai parcours du combattant
Fracture numérique, manque de contact avec les enseignants, face aux problèmes que peut occasionner un enseignement en distanciel,  certains seraient même prêts à poursuivre leur scolarité chez eux via des organismes spécialisés tels que le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) comme nous l’avoue Salomé, 17 ans et élève de première : « s’il y a beaucoup de cas positifs au lycée je ne viendrai plus. Je préfèrerai m’inscrire au CNED et je ne suis pas la seule à penser cela ». Loly parle même de rendre l’actuel confinement plus strict à l’image de celui du printemps dernier.
Pour elle, les chiffres de l’épidémie sont alarmants et comportent une zone d’ombre : « on sait qu’il y a des cas positifs au lycée ,car on se connaît tous mais le lycée ne communique plus trop dessus. Même si c’est moins risqué pour nous, on peut ramener le virus à la maison et contaminer notre famille ». La rumeur d’un blocus du lycée du Fangu ce mardi 3 novembre, dès le matin 8 heures, circule même parmi les lycéens qui comprennent qu’un mouvement de contestation cristallise les inquiétudes de chacun.

Comme le disait le président de la République le 14 octobre dernier « c’est dur d’avoir 20 ans en 2020 ».
Avoir 16 et 17 ans et préparer son Baccalauréat semble tout aussi compliqué pour la jeune génération qui navigue à vue pour finir sa scolarité dans les meilleures conditions possibles.