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Prison de Borgo : un atelier de réinsertion pour se projeter sur l’après peine


Livia Santana le Lundi 22 Novembre 2021 à 21:03

Ce mardi 23 novembre, le chantier d’insertion pénitentiaire de la prison de Borgo, coordonné et mis en place par l'association Isatis, recevra le prix de l'économie sociale et solidaire. A cette occasion, CNI est allé à la rencontre des détenus participant à cet atelier qui, trois heures par jour, rénovent des meubles et construisent de petits objets en bois. Le but, avoir un projet de réinsertion lorsqu'ils seront remis en liberté.



Depuis un mois, Dume réalise des plaques en bois numérotés pour les cellules
Depuis un mois, Dume réalise des plaques en bois numérotés pour les cellules
Dans l’atelier de menuiserie du centre pénitentiaire de Borgo, les copeaux de bois jaillissent des machines. Jean-François ponce, méticuleusement, une table en bois de hêtre. « Avant elle était marron foncé, maintenant elle est couleur chêne, cela fait plus moderne. Un coup de vernis et elle pourra être vendue. Cela fera plaisir aux gens », lance fièrement le détenu. Depuis quelques semaines, il travaille sur la rénovation de ce meuble ancien laissé à l’association Install’toit. Après avoir été remis en état, il sera mis en vente à la recyclerie située à Furiani pourra avoir, ainsi, une seconde vie. 
 
Ainsi, du lundi au vendredi, Jean-François, Dume et Franck se rendent de 8h30 à 11h30, à l’atelier chantier d’insertion pénitentiaire de menuiserie. Là, ils sont libres de laisser parler leur créativité et de fabriquer des petits objets. « Ce sont des porte-téléphones et des décorations de Noël faits à partir de palettes et de bois de récupération. Je suis dessus depuis un mois, cela sera vendu à la recyclerie après », explique Franck en montrant ses créations.
L’homme d’une cinquantaine d’années est incarcéré depuis février 2020 à Borgo et cela fait trois mois qu’il apprend le métier d’ébéniste, lui qui était menuisier métallique. « Cela n’a rien à voir avec mon ancienne profession, mais c’est vrai que maintenant je préfère travailler le bois. », reprend Franck qui a suivi précieusement les conseils et les indications de Vincent Vandenzavel, menuisier et formateur technique recruté par l’association Isatis qui est à l’initiative de ce chantier d’insertion. 
« On voit qu’ils ont vraiment envie de travailler, que cela renforce leur estime personnelle », confie le formateur satisfait de pouvoir les accompagner depuis la création de cet atelier en avril dernier. 
 
Dume, lui, y voit une façon de s’échapper pendant quelques heures, de sa cellule. « Ici on se connaît bien, il y a une bonne ambiance, Vincent prend le temps de bien tout nous expliquer. Moi je n’avais jamais touché à la menuiserie mais je trouve cela plaisant. », assure l’ancien barman en achevant la fabrication d’un petit panneau en bois numéroté qui sera placé à l’entrée des cellules. Si en dehors des murs de la prison il ne pense pas se diriger vers la menuiserie, grâce au savoir-faire acquis, il souhaite rénover le bateau de son frère pêcheur.

Une fenêtre ouverte sur l’après

Depuis avril, 20 personnes sont passées par les ateliers du chantier d'insertion
Depuis avril, 20 personnes sont passées par les ateliers du chantier d'insertion

Grâce à ces contrats de 4 mois renouvelables pendant deux ans, les détenus bénéficient d’une réduction de peine allant jusqu’à 3 mois par an, ainsi que d’une rémunération de 200€ mensuels. « Cela paye un peu les dépenses en prison et aussi les parties civiles », lance Franck qui lustre son sapin de noël à peine achevé.
Mais cet atelier ne ressemble en rien aux activités proposées à la prison de Borgo, ici, les détenus sont sélectionnés par un jury en fonction de leur projet d’après peine et de leur volonté d’insertion professionnelle à leur sortie. « Nous choisissons une dizaine de candidats qui à la fin de leur peine seront loin de l’emploi. Avec eux, on fait le point sur leurs envies, leur motivation », détaille Cécile Fazi, cheffe de service chez Isatis.
Depuis sa création en avril, le chantier de réinsertion a accueilli 20 détenus. A leur sortie, trois personnes ont gardé un contact avec l’association et deux ont été intégré d’autres chantiers d’insertion.  Ce mardi 23 novembre, l'atelier de menuiserie recevra même le prix de l'économie sociale et solidaire du Cress. 

La directrice des services pénitentiaires, Julie Latou en est d'ailleurs très fière : « Le but, c’est que l’accompagnement ne s’arrête pas au mur de Borgo. Des détenus ont parfois de très beaux parcours chez nous mais se retrouvent sans repères une fois dehors. Grâce à ce chantier ils connaissent une structure à leur sortie et peuvent même parfois y travailler. »
 
Pour Jean-François et Franck, cet atelier laisse percevoir de jours meilleurs. A leur sortie, tous deux souhaitent suivre de véritables formations pour devenir menuisier et pourquoi pas, rejoindre les équipes d’Isatis.

Franck peaufine son arbre de Noël.
Franck peaufine son arbre de Noël.