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Présidentielle : le parti Reconquête lance un appel aux maires corses pour parrainer Éric Zemmour


Julia Sereni le Lundi 24 Janvier 2022 à 17:08

Olivier Battistini, cordonnateur régional pour la Corse et orateur national du mouvement « Reconquête », publie une lettre ouverte aux maires insulaires, dans laquelle il lance un appel à parrainer Éric Zemmour pour l’élection présidentielle. Rappelons qu'il faut 500 parrainages pour se présenter à l'élection présidentielle.



Olivier Battistini est Cordonnateur régional pour la Corse et orateur national du mouvement « Reconquête » d'Éric Zemmour. Photo : OB
Olivier Battistini est Cordonnateur régional pour la Corse et orateur national du mouvement « Reconquête » d'Éric Zemmour. Photo : OB
Un mois après la mise en place du comité de soutien, Olivier Battistini, à la tête du mouvement « Reconquête » en Corse, adresse une lettre ouverte aux maires de l’île. Le message est clair : c’est un appel à parrainer Éric Zemmour afin de réunir les 500 signatures qui permettrait au candidat de droite de participer à l’élection présidentielle.

« Un choix essentiel »

« Je m’adresse à vous, car vous êtes au centre de la chose politique, de la vie réelle dans la cité, pour sa cohérence », écrit Olivier Battistini. Cet historien, maître de conférence en histoire grecque à l'Université de Corse rappelle que les Français seront les 10 et 24 avril prochains « face à un choix essentiel, celui du futur Président de la République française, et celui, en conséquence, d’une conception de la grandeur, de la souveraineté et de l’indépendance politique de la France, le choix, enfin, entre la survie ou la disparition d’un ordre du monde, d’une civilisation dont nous sommes les héritiers ».
 
Pour Olivier Battistini,  la participation d’Éric Zemmour à l'élection présidentielle est un enjeu démocratique : « Pour permettre la possibilité d’un débat, d’un choix et d’un vote, la présence de tous les candidats est, évidemment, nécessaire. », argumente-t-il. Dénonçant le point de vue contraire d’Anne Hidalgo   - qui estime que la non-participation de candidats à la présidentielle parce qu’ils n’auraient pas obtenu les parrainages, n’est pas un problème démocratique - Olivier Battistini fustige : « une conception particulière de la démocratie et de sa réalité institutionnelle ». Puis, convoquant « une note sur le tyran Tryzus extraite de l’Alcibiade d’August Meissner, livre publié en 1789 et qu’avait lu et médité Bonaparte », il pose la question de « la loi juste et de la tolérance qui pourraient nous faire réfléchir encore aujourd’hui ».
Les derniers sondages attribuent à Eric Zemmour 12 à 13% des intentions de vote des Français.

« Au-delà des étiquettes politiques »

Le coordonnateur de « Reconquête » demande donc aux maires, « au-delà des étiquettes politiques ou des choix de société qui sont les [leurs], de donner [leur] parrainage. Démocratiquement. » Avant de poursuivre : « Cette campagne présidentielle 2022 est différente des autres. Nous sommes dans une arène politique qu’Éric Zemmour, par son engagement, par les questions qui sont les siennes, les nôtres, a imposée. Il y convoque ses adversaires. S’il veulent bien accepter le débat politique et de ne plus accuser Éric Zemmour de « clivage » – alors que c’est justement le propre de la démocratie qui se fonde sur l’opposition des idées, pour réaliser, dialectiquement, par le vote, un compromis –, ou d’inventer des « polémiques » – selon le mot de la propagande et de l’idéologie dominante –, de déformer ses propos, de les reconstruire ou de leur substituer leurs propres interprétations. Pour les condamner, au nom de la liberté de pensée. » 

Eric Zemmour se dit optimiste, il aurait récolté près de 400 promesses, mais il reste prudent. Les élus ont encore quelques semaines pour confirmer leur promesse ou se décider, ils peuvent déposer leur parrainage au Conseil constitutionnel jusqu'au 4 mars prochain.

La lettre

Eric Zemmour, photo Michel Luccioni
Eric Zemmour, photo Michel Luccioni
Mesdames, Messieurs,

je vous salue.

Je m’adresse à vous, car vous êtes au centre de la chose politique, de la vie réelle dans la cité, pour sa cohérence. Vous êtes, par vos mandats, en lien direct avec vos concitoyens dont vous savez les attentes, les craintes, les difficultés. Les espoirs, aussi. Très vite, ils vont être face à un choix essentiel, celui du futur président de la République française, et celui, en conséquence, d’une conception de la grandeur, de la souveraineté et de l’indépendance politique de la France, le choix, enfin, entre la survie ou la disparition d’un ordre du monde, d’une civilisation dont nous sommes les héritiers.

Dans ces conditions, pour permettre la possibilité d’un débat, d’un choix et d’un vote, la présence de tous les candidats est, évidemment, nécessaire. Pour que, tout simplement, démocratie il y ait. 
Vous l’avez compris, la question que je me permets de vous soumettre est bien celle des parrainages. De vos parrainages.
Pour une élue socialiste qu’il est inutile de nommer, la non-participation éventuelle de candidats à la présidentielle, parce qu’ils n’auraient pas obtenu les 500 parrainages, avant le 4 mars, n’est pas un problème démocratique. Elle précise : « C’est la loi qui décide en fonction des parrainages. S’ils ne les ont pas, c’est qu’ils ne méritent pas d’y participer. » Elle ajoute : « La démocratie est définie par la loi. Si la loi dit que les parrainages doivent être de 500 pour chacun des candidats sur la ligne de départ, c’est la loi qui doit s’imposer. » Elle termine : « Tant pis pour eux, ça veut dire qu’ils n’ont pas convaincu 500 maires. » 
Pas de liberté, donc, pour les ennemis de la liberté ! Le débat ne peut avoir lieu qu’entre des gens qui partagent la même vision des choses et du monde. Mais, ce qui est encore plus remarquable, au-delà d’une conception particulière de la démocratie et de sa réalité institutionnelle, c’est l’idée même que cette loi qui impose que les parrainages ne soient pas anonymes – est souveraine, parce qu’elle est « loi ». Cette élue, elle-même candidate, n’a pas lu Sophocle ni Platon ni les Sophistes. Ni Aristote. C’est la loi juste qui est souveraine, parce qu’elle est « juste », et non parce qu’elle est une « loi ». « La démocratie est définie par la loi », dit-elle encore ! Non,  la démocratie se fonde sur une loi qui se doit d’être juste. Relire Montesquieu aussi…
Cela me fait penser à une note sur le tyran Tryzus extraite de l’Alcibiade d’August Meissner, livre publié en 1789 et qu’avait lu et médité Bonaparte. Il en avait fait des observations et retenu le nom de ce Tryzus. Il me semble utile de citer ce texte en entier. Y est posée la question de la loi juste et de la tolérance qui pourrait nous faire réfléchir encore aujourd’hui. 
Le voici :
« Tryzus voulant prévenir les complots secrets et les conspirations, défendit à ses sujets, par une loi expresse, de parler ensemble, en particulier ou en public : ordre barbare, tyrannique et capable de révolter. On éluda sa loi par un artifice innocent, en substituant aux paroles les gestes, les coups-d’œil, les signes de tête ; on se regardait tantôt avec un air farouche, tantôt avec un air serein, et chacun en fronçant le sourcil, témoignait sensiblement aux autres la vive indignation que lui causaient les malheurs de la patrie. Ainsi tous les sentiments de l’âme se peignaient sur les visages. Tryzus craignant encore que ce silence éloquent, ces gestes expressifs et variés ne produisissent quelque funeste effet, fit une autre loi pour les défendre. Alors un citoyen indigné de ce raffinement de tyrannie, et brûlant du désir de délivrer sa patrie, s’avance au milieu de la place publique, y reste immobile, puis tout-à-coup verse des larmes abondantes et accompagnées de sanglots. Le peuple se rassemble en foule autour de lui, et à son exemple gémit et fond en pleurs. On court annoncer au tyran, qu’à la vérité on ne se permet aucun geste ; mais que les larmes coulent de tous les yeux. À cette nouvelle, non content d’avoir enchaîné la langue et captivé les mouvements du corps, il veut encore ôter aux yeux la liberté qu’ils ont reçue de la nature ; il accourt à pied, avec ses satellites, pour tarir les larmes ; mais du plus loin qu’on l’aperçoit on fond sur ses gardes ; on leur arrache leurs armes, et l’on met le tyran à mort. » 
 
Cette lettre ouverte, donc, Mesdames, Messieurs, pour vous demander, au-delà des étiquettes politiques ou des choix de société qui sont les vôtres, de donner votre parrainage. Démocratiquement. Un appel à parrainer Éric Zemmour pour qu’il puisse participer à l’élection du président de la République française.
Le 6 janvier, sur Europe 1, Éric Zemmour avait demandé, pour obtenir ses parrainages,  l’aide de l’Association des maires de France (AMF). Mais, pour son président, ce n’était pas de sa compétence…
Cette campagne présidentielle 2022 est différente des autres. Nous sommes dans une arène politique qu’Éric Zemmour, par son engagement, par les questions qui sont les siennes, les nôtres, a imposée. Il y convoque ses adversaires. S’il veulent bien accepter le débat politique et de ne plus accuser Éric Zemmour de « clivage » – alors que c’est justement le propre de la démocratie qui se fonde sur l’opposition des idées, pour réaliser, dialectiquement, par le vote, un compromis –, ou d’inventer des « polémiques » – selon le mot de la propagande et de l’idéologie dominante –, de déformer ses propos, de les reconstruire ou de leur substituer leurs propres interprétations. Pour les condamner, au nom de la liberté de pensée.
À mon tour je fais appel aux maires corses. À vous !


Olivier Battistini
Maître de conférences émérite en histoire grecque Université de Corse
Coordonnateur régional Corse Reconquête !