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Première coupe de Bastia de philosophie et de joute verbale : première réussie


Philippe Jammes le Samedi 10 Juin 2023 à 15:14

« D’où vient le mal ?». Tel était le thème de cette 1ère édition de la Coupe de Bastia de philosophie et de joute verbale organisée par les services des médiathèques municipales de la ville et Christophe Di Caro, enseignant référent en philosophie, ce vendredi au Centre Culturel l’Alb’Oru.



Concurrents et membres du jury de cette 1ère Coupe de Bastia de philosophie et de joute verbale.
Concurrents et membres du jury de cette 1ère Coupe de Bastia de philosophie et de joute verbale.

En résumé, pas question de philosopher ici, nous n’avons pas le talent, cette première joute aura été un mal pour un bien. Ce thème du mal a en effet non seulement permis de mettre en avant le potentiel des participants mais aussi de l’engouement d’un public qu’on pensait jusqu’ici réduit à quelques unités réunies dans le coin d’un café un soir de semaine. Pour preuve déjà les réunions hebdomadaires de dizaines de personnes dans les deux médiathèques de la ville. Des personnes venant de tous les milieux professionnels, de toutes les couches sociales. Des personnes rompues avec la philosophie, aux références et citations des grands philosophes, mais aussi des quidams qui veulent apporter leurs visions des choses et en débattre avec leurs arguments, leurs expériences de la vie.
« D’où vient le mal ? »
C’était le thème de cette première édition, à la médiathèque Barberine-Duriani à Lupino, et bien entendu, comme on pouvait le penser, aucune réponse n’ a pu être apportée sinon des pistes proposées par les différents intervenants à un jury spécialisé et à public nombreux et attentif.
Deux équipes de 5
La première représentait la médiathèque du Centre-ville, la seconde celle du Centre Culturel L’Alb’oru. En Mr Loyal, Christophe Di Caro.
Dans le jury des initiés : Michel Piquemal, écrivain spécialisé dans la philosophie, Jean-François Pietri, professeur honoraire de philosophie, Isabelle Casta, professeur de littérature, écrivaine et Jocelyne Casta, responsables des bibliothèques et médiathèques de la ville de Bastia, membre du jury du livre corse.
Dans un premier temps les 10 « concurrents » ont exposé en 2 minutes chacun leur vision du mal.
Florilèges 
« Le mal existe car Dieu laisse l’homme libre »
« Le mal est présent partout, les philosophes le vont vivre »
« Tout le monde est confronté au mal. Mais qui dicte ce qui est mal ou pas ? »
« Le mal ? Des pulsions et des émotions à travers le prisme d’un individu »
« Le mal, ça peut être la douleur, le mystère, la rédemption »
« Le mal est l’unique raison d’existence du bien »
« Le mal porte la question de son aboutissement »
« Le mal pour l’un, peut être le bien pour l’autre »
« Comment parler du mal, sans parler du bien ? »
« Le mal est-il l’opposé du bien ? »

« Opposer le mal et le bien est peut-être binaire et stérile »
« Mal, bien, on porte en nous cette dualité »
« Un humain en total autarcie, peut-il faire le mal ? »

Et les candidats de citer les noms des plus grands philosophes : Socrate, Tolstoï, Rousseau, Descartes, Girard, Spinoza, Arendt…. Avec humour un concurrent citera même Jean-Claude Van Damme !
« On s’est focalisé sur le mal généré par l’homme, mais l’homme n’est pas le centre du monde. Le mal peut être animal, végétal. Il faut prendre de la hauteur et voir autre chose que l’homme » intervient une participante. Ce à quoi lui répond un « adversaire » : «Tous les êtres vivants communiquent à leur façon. Mais s’il y a un animal qui a des mots et des maux exacerbés, c’est bien l’homme ».
Belle réflexion aussi de cette concurrente de l’équipe de l’Alb’Oru : « Le mal se vend mieux que le bien dans la presse. L’homme est attiré par ça. J’ai bien l’impression que le bien n’intéresse pas ».
On retiendra aussi ce dernier questionnement : « Il existe des mals nécessaires. Existe-il des biens inutiles ? »
Au terme de 90 minutes de joutes, d’échanges, de réflexions, d’argumentations, d’exemples, Christophe Di Caro siffle la fin du match.
Le public vote pour la meilleure équipe.
Le jury se retire pour délibérer.
Pour le public, l’équipe de l’Alb’Oru  l'emporte de quelques voix seulement.
Pour le jury, les discussions sont plus longues. On hésite, on argumente pour telle ou telle équipe. Un résultat très serré donne la victoire à la médiathèque du Centre-Ville.
Quant au meilleur orateur, là aussi le choix sera cornélien… entre 4 candidats…
D’une courte tête Jacques Arnol-Stephan du Centre-ville l’emporte.
Une bien belle 1ère édition qui en appelle une 2ème, une 3ème, une 4ème … C’est tout le … mal que l’on souhaite aux organisateurs !      
 
Le palmarès
Prix du jury à l’équipe de la Médiathèque du Centre-Ville
Jacques ARNOL-STEPHAN, Canale di Verde
Jeanne LEBOULLEUX LEONARDI, Canale di Verde
Maximilien CERVERA, Biguglia
Stella FRATICELLI, Querciolo
Stéphanie BELLISSIMO, Ponte-Leccia
Coach : Anne HUBERT, Borgo
 
Prix du public à l’équipe de la Médiathèque Barberine DURIANI de l’Alb’Oru)
Claire PESSEIN, Saint-Florent
Éveline LIZÉE, Borgo
Danièle BOUTTEN, Miomo
Yves LOPEZ-VELASCO, Borgo
Ange RAMSES, Folelli
Coach : Joseph IENCO, Bastia
 
Prix du meilleur orateur décerné par le jury
Jacques ARNOL-STEPHAN (Médiathèque du centre-ville)
 
Prix spécial décerné par le groupe de RAP bastiais «Les derniers philosophes » 
à Stéphanie BELLISSIMO (Médiathèque du Centre-Ville). Dans son exposé de 2 minutes, elle s’était présentée comme le mal.