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Pouvoir d'achat : les amendements spécifiques à la Corse rejetés par l'Assemblée nationale


Julia Sereni le Mercredi 27 Juillet 2022 à 10:50

Les amendements à la loi de finances rectificative présentés par les quatre députés corses à l’Assemblée nationale ont été rejetés lors de la séance de nuit du 25 juillet. Ils proposaient d’instaurer des mesures spécifiques en faveur du pouvoir d’achat.



L'hémicycle de l'Assemblée nationale
L'hémicycle de l'Assemblée nationale
Alors que le cycle de négociations entamé avec Paris s’annonçait sous les meilleurs auspices, c’est un peu la douche froide pour les députés insulaires : les amendements spécifiques à la Corse en faveur du pouvoir d’achat ont tous été rejetés par l’Assemblée nationale, lors de la séance de nuit du 25 juillet. « C'est une occasion ratée de répondre à l'urgence et à la gravité de la situation », estime le député de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud Paul-André Colombani. « Plus que maladroit face à l’urgence », confirme pour sa part son collègue de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva.
 
Parmi les mesures proposées par les quatre parlementaires, issues de la conférence sociale de l’Assemblée de Corse : créer un dispositif dédié aux travailleurs modestes de Corse dénommé « Soutien exceptionnel aux travailleurs insulaires », augmenter la remise à la pompe de dix centimes, tripler le montant de l’indemnité exceptionnelle de rentrée ou encore maintenir l’indemnité carburant pour les 115 000 actifs Corses qui utilisent leur voiture pour les trajets domicile-travail.

Unanimité des députés corses, rejet de l'Assemblée

Les députés insulaires n’ont pourtant pas ménagé leur peine pour faire adopter leur amendements, à l’instar de Michel Castellani. Défendant le maintien de l’indemnité carburant, le député a rappelé qu’il s’agit « d’une demande unanime » de l’Assemblée de Corse. « La question est de savoir si les mesures de soutien au pouvoir d’achat doivent être uniformes ou adaptées aux situations territoriales ou sociales. La question est de savoir si la justice et l’égalité passent par l’uniformité. Nous, nous pensons le contraire. Notre amendement et les autres que nous présentons vont dans ce sens-là et visent à prendre en compte des difficultés particulières », a affirmé le député de la première circonscription de Haute-Corse dans l'hémicycle.
 
Laurent Marcangeli, président du groupe Horizons, était sur la même ligne. « L’Assemblée de Corse, lors de sa dernière session, votait à l’unanimité - et j’en faisais alors partie - une demande visant le gouvernement pour faire une adaptation législative et réglementaire en matière de pouvoir d’achat et de lutte contre l’inflation parce que notre territoire subit un certain nombre de difficultés que d’autres territoires ne subissent pas : sur le prix des carburants, sur un certain nombre de denrées alimentaires, sur le pouvoir d’achat, sur l’inflation, et ce, dans la région française la plus pauvre. C’est pourquoi nous demandons le maintien de la prime dans l’attente de la mise en place d’un dispositif spécifique », a-t-il argumenté.

Les négociations comme « prétexte »

Mais malgré l’unanimité de leurs demandes, les parlementaires corses ne sont pas parvenus à convaincre le gouvernement, ni le rapporteur général Jean-René Cazeneuve. Tous deux renvoient aux négociations en cours entre les élus corses et le ministre de l'Intérieur. « Le ministre Darmanin s’est engagé en Corse à avoir une discussion approfondie, périodique, pour essayer d’amener des réponses spécifiques aux spécificités corses. Il faut faire confiance à cette instance de dialogue et au ministre », a indiqué le rapporteur général. De quoi agacer Paul-André Colombani. « Ces discussions n’aboutiront pas avant deux ans, c’est aujourd’hui que les Corses ont besoin de ces mesures sur le pouvoir d’achat ! », a-t-il vertement répondu. 
 
Avant d'être rejoint par Jean-Félix Acquaviva. « Si on n’arrive pas à restaurer l’égalité par une mesure transitoire, sur une demande unanime des élus, alors qu’un dialogue existe avec le gouvernement, soi-disant, depuis la semaine dernière, je crois qu’on est en-dehors du bon sens, de la justice sociale et de la restauration de l’égalité territoriale ! »  De quoi entamer la confiance tout juste retrouvée entre les élus corses et le gouvernement ? « Un dialogue, cela se construit, et la confiance, cela se fait en faisant chacun des pas », a prévenu, dans l'hémicycle, Jean-Félix Acquaviva.