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Portivechju : la renaissance de la maternité de la clinique de l’Ospedale


le Mercredi 31 Janvier 2024 à 17:01

Le 28 septembre, lors de sa venue en Corse, Emmanuel Macron annonçait que la maternité de Porto-Vecchio « serait maintenue et confortée », mettant fin à des mois de mobilisation à la clinique de l’Ospedale, contre la volonté initiale de l’Agence régionale de santé (ARS) de transformer la maternité en un centre de périnatalité. Quatre mois après la déclaration du président de la République, l’Agence régionale a définitivement enterré son projet et la maternité porto-vecchiaise renaît.



Véronique Bouffard (la cadre sage-femme, à gauche) et ses collègues de la maternité sont soulagées du maintien de la maternité de Porto-Vecchio, où est né le petit Viktor, ce 19 janvier.
Véronique Bouffard (la cadre sage-femme, à gauche) et ses collègues de la maternité sont soulagées du maintien de la maternité de Porto-Vecchio, où est né le petit Viktor, ce 19 janvier.
Viktor est né le 19 janvier à la maternité de la clinique de l’Ospedale. Avant de lui donner son bain, Mara, sa maman confie son soulagement d’avoir pu accoucher à Porto-Vecchio, comme elle le souhaitait. Avec son conjoint Thomas, « on s’était posé la question, à un moment, si on allait devoir partir sur Bastia ou Ajaccio. On tenait vraiment à ce que j’accouche ici, car c’est plus cocooning. »

Au sein de la clinique porto-vecchiaise, on est conscient de revenir de loin : « Les maternités, quand elles sont menacées de fermeture, en général elles ferment », note Véronique Bouffard, la cadre sage-femme de la maternité. Mais toutes ne bénéficient pas de l’appui décisif d’un président de la République, sans doute désireux d’apporter dans la corbeille du processus d’autonomie quelques signaux d’écoute et de compréhension. Car le maintien de la maternité était réclamé par toute une micro-région, des élus à la population porto-vecchiaise, en passant par le personnel médical et les pharmaciens qui avaient fermé leurs officines une journée d’été par solidarité. Pour ces opposants à la fermeture, il était inconcevable d’obliger les parturientes de la région à faire près de trois heures de route pour accoucher à Bastia ou à Ajaccio.

Un nombre de naissances stable, malgré tout

En dépit de ces remous, la maternité de Porto-Vecchio a vu naître 209 bébés en 2023. C’est un peu moins qu’en 2022 (216 naissances), et toujours en dessous de l’objectif des 300 naissances, qui fait qu’une maternité ne l’atteignant pas peut potentiellement être menacée de fermeture en France. « Mais au vu de l’année chaotique qu’on a connue, on peut dire qu’on s’est maintenu », se félicite Véronique Bouffard, tout en faisant remarquer qu’en 2023, le taux de natalité a baissé d’environ 7 % en France. « Et des femmes nous ont dit ensuite qu’elles n’étaient pas venues accoucher ici car elles pensaient que la maternité était fermée, or elle est restée ouverte tout le temps durant la mobilisation », relate Rémy François, le directeur de la clinique.

Dans cette mobilisation contre la fermeture de la maternité, la direction a fait front commun avec l’intersyndicale et le collectif de citoyens. « Ca a été très fort sur le plan humain », confie le directeur porto-vecchiais. Et du côté du personnel, la sérénité est de retour : « Il y avait forcément la crainte de perdre son emploi, on a vécu deux années très stressantes », confirme Véronique Bouffard. Une période durant laquelle les investissements ont été stoppés : « Aujourd’hui, on a racheté du matériel et je recrute à nouveau des sage-femmes », souligne la cadre de la maternité.

L'ARS suit à nouveau, financièrement

Car derrière l’annonce du président de la République, il fallait voir quels moyens seraient alloués à la clinique de l’Ospedale. « Nous accueillons deux missions de service public : la maternité et les urgences, rappelle Rémy François. Ces deux missions, elles ne sont pas rentables, ce qui est un peu la définition d’un service public », sourit-il. Pour le budget de fonctionnement qui s’établit annuellement « entre 7 et 8 millions d’euros », l’ARS et le ministère abondaient ainsi chaque année à hauteur « de 5,5 millions d’euros » afin de « combler le déficit structurel pour le fonctionnement des urgences et de la maternité », précise le directeur. Or, en 2023, compte tenu de la menace de fermeture qui planait sur la maternité, « on n’avait perçu que 700 000 euros de dotations et de subventions », poursuit-il. La maternité sauvée, l’ARS confirme avoir comblé ce déficit structurel : « En sus des recettes de droit commun liées à l’activité, la clinique a bénéficié en 2023 d’aides complémentaires et de trésorerie à hauteur de 5,6 millions d’euros », communique l’ARS de Corse.

Désormais, il reste à signer le nouveau contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM), sur la période 2024-2029. Il est en cours de négociation, mais l’ARS annonce « qu’une enveloppe d’un million d’euros a été fléchée sur la filière des urgences de l’Extrême-Sud ». S’il se satisfait que la maternité puisse repartir de l’avant sans perte d’effectif et avec les mêmes moyens financiers qu’auparavant, Lionel Baggioni, délégué syndical STC de la clinique, dit rester « vigilant » et attend d’être associé par l’ARS « à la table des négociations ». La maternité sauvée, les projets reprennent : « On veut développer des activités autour de la maternité, en particulier le traitement contre l’infertilité », indique Rémy François. Ce qui, le cas échéant, ne pourra que contribuer à faire grossir le nombre des naissances.