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Plan de gestion des déchets de Corse : approuvé par le CESEC, dénoncé par la CGT


Philippe Jammes le Mercredi 16 Décembre 2020 à 08:26

La séance plénière du CESEC (Conseil Économique Social et Culturel de la Corse) devait mardi donner un avis sur le nouveau plan de la CdC de gestion des déchets. Il a été adopté*.



Plan de gestion des déchets de Corse : approuvé par le CESEC, dénoncé par la CGT
Ce plan territorial de prévention et de gestion des déchets avait été présenté à la commission du CESEC par François Sargentini,  président de l’Office de l’environnement le 9 décembre dernier. La CGT a indiqué ce mardi avoir voté contre ce rapport dans la mesure où «il n'apportait aucune garantie sur une possible sortie de crise».
Pour le syndicat il comporte même des risques majeurs de surcoûts pour la collectivité et les ménages induits par l'exportation vers les incinérateurs situés en Sardaigne.
"Ce nouveau plan comme les précédents marque un échec cuisant de la collectivité sur un sujet majeur dont la Corse a pourtant la pleine compétence."
Concernant le vote du CESEC l'avis qui reprend l'orientation du rapport a obtenu 26 voix pour, 9 abstentions et 13 contre dont ceux de la CGT
 
«La situation actuelle pas plus que le plan préparé par la CdC n'offrent les garanties pour une sortie de crise. De plus elles montrent au grand jour l'incapacité de l'exécutif  à gérer un secteur essentiel dont il a pourtant la compétence » souligne la CGT pour expliquer son vote contre.
« Refuser les incinérateurs et dans le même  temps  exporter  nos  déchets  vers  ceux  situés  en  Sardaigne  montre l’entêtement contre une solution locale et une préférence pour l'exportation. Avec des trajets en camion de 300 kilomètres vers Macomer et 500  klm vers Cagliari; et retour à vide. Sans parler du coût du transport en bateaux. Au-delà de l’hypocrisie d’une telle solution quel en sera le coût pour la collectivité et les ménages. Encore une  fois,  un  certain  patronat  en  sera  encore  l’unique  bénéficiaire,  accaparant l’argent public sur le dos de la population. La CGT rappelle que la taxe annuelle sur les ordures ménagères par habitant est de 184 euros soit 56% supérieure à la moyenne nationale, alors que le revenu moyen est bien inférieur à celui des habitants des autres régions. Qu’en sera-t-il demain avec ces surcoûts et avec en plus une nouvelle taxation incitative au bon comportement alors que l’impasse actuelle est de la responsabilité des décideurs et non des ménages. Le taux de valorisation de nos déchets est actuellement de 26% bien loin des objectifs réglementaires de 65%. Aucune mesure coercitive n’est envisagée contre les décharges sauvages  pratiquées  notamment  par  les  entreprises  du  Bâtiment. 


Les  2  centres  de stockage de Viggianellu et de Prunelli arrivent bientôt en fin de vie et aucune solution sûre n'existe pour les remplacer. Avec une augmentation de 27% de nos déchets à la fin
de la prochaine décennie, et malgré une augmentation du tri et du sur tri aucune solution pérenne n'existe pour le stockage des déchets ultimes estimés autour de
100  000 tonnes annuelles à cette échéance ».
La CGT attire ainsi l'attention sur les conditions de travail des personnels de la collecte dont les protections sanitaires et les salaires perçus sont très insuffisants. «Ces personnels ont démontré notamment pendant cette crise sanitaire toute leur utilité pour le bien être de tous. Nous rappelons que ces salariés ont une espérance de vie inférieure de 14 ans . Ainsi la très grande majorité des salariés de la décharge de Teghime sur les hauteurs  de  Bastia  sont  décédés  avant  l'âge  de  leur  retraite.  Les  rares  survivants subissent greffes de reins, Parkinson et cancer des os. Maladies non reconnues comme maladie professionnelle ».
Et le syndicat de conclure : «Il est plus que temps que cette question de gestion des déchets dont la compétence a été attribuée à la Corse bien avant les autres régions, soit assurée sans dogmatisme ni pressions, mais bien au service de l’intérêt général et de sa population ».
 
*Le projet, qui passera devant l’Assemblée de Corse jeudi, prône la prévention de la production de déchets et le tri, le retour probable de l’incinération.