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Paul-André Colombani continue son action pour défendre le système de santé insulaire


le Mercredi 26 Juillet 2023 à 17:09

Le session parlementaire vient de s'achever il y a quelques jours. Durant cette année, le député de la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, médecin généraliste de profession, s'est notamment mobilisé pour améliorer la prise en charge médicale en Corse, en travaillant sur une proposition de loi relative à la création d'un CHU et sur la défense de la maternité de Porto-Vecchio. Il dresse le bilan de ses actions pour CNI.



(Photo : Archives CNI)
(Photo : Archives CNI)
- Vous avez retrouvé votre fauteuil de député il y a un peu plus d’un an pour un second mandat. Quel bilan tirez-vous de cette année parlementaire ?
- L'année parlementaire a été extrêmement riche. Quand nous sommes arrivés au Palais Bourbon, il a fallu reconstituer le groupe, et cela n'était pas gagné. Nous sommes repartis un petit peu plus fort avec notamment l’apport des Ultramarins qui viennent nous aider. Désormais le groupe Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires (LIOT) a pris une place importante malgré son nombre limité de députés dans cette mandature. C'est un point qui est extrêmement positif parce que nous sommes nettement renforcés par rapport à la précédente mandature. Ensuite, bien évidemment, sur la partie Corse, il y a le processus de Beauvau qui est en cours.
 
- Justement comment votre groupe LIOT entend il jouer un rôle de pivot à l’Assemblée Nationale ?
- Nous avons vu quelle était notre capacité. Nous avons voté un certain nombre de textes présentés par le Gouvernement, quand il a su en amont écouter les gens, discuter, et trouver des points de compromis. Mais quand le Gouvernement veut faire passer en force des textes qui sont complètement injustes, comme la réforme des retraites, il nous a trouvé en face jusqu'au bout et a failli tomber à cause de la motion de censure que nous avons déposée. Je crois que dans l'histoire de la Vème République, c'est la troisième motion de censure qui échoue d'aussi près. Nous avons un groupe qui est centriste, avec une liberté de parole, un ancrage dans les territoires et grâce à ça, il y a un certain nombre de voix qui viennent sur nous. Nous allons continuer sur ce chemin. 
 
- Quel bilan tirez-vous des discussions du processus Beauvau ? 
- Pour le moment, ce n'est pas gagné. Le Gouvernement est en train d'analyser les propositions et doit revenir vers nous d'ici l’automne pour voir comment on peut avancer. Ce n'est pas simple. Si on parle d'autonomie, il faut que soit associé un pouvoir de légiférer sur un certain nombre de compétences. Maintenant, la balle est dans le camp de Paris pour savoir sur quelles compétences on devrait pouvoir faire la loi en Corse. L'enjeu se situe à ce niveau-là. Quand on entend certains dire « l'autonomie sans pouvoir législatif », cela ne veut rien dire, car dès lors ce n’est pas de l'autonomie, mais de la décentralisation. Mais tout cela n'est pas gagné parce que l'autonomie fait encore peur à certains à Paris. Il va falloir qu'on ait un accord politique avec le Gouvernement et une fois qu'on aura cela, charge au Président de la République est à nous d'aller convaincre les sénateurs du bien fondé de nos revendications. 
 
- Vous avez travaillé sur une proposition de loi relative à la demande de création d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) en Corse. Votre texte n’a pas pu être présenté en juin dernier. Où est-ce que cela en est désormais et y a-t-il une chance de voir cette demande aboutir ?
- J'ai choisi de ne pas l’inscrire cette année à l'ordre du jour de notre niche parlementaire parce que cela permet d'instaurer un dialogue sur le sujet. Avec Bianca Fazi nous avons rencontré à plusieurs reprises le cabinet de l'ancien ministre de la Santé, François Braun, pour essayer de voir ce qu'on peut mettre en place. L'idée progresse, mais il faut du temps pour faire un CHU. Plus de 25 Corses partent se faire soigner sur le continent tous les ans, et cela n'est pas acceptable. De plus, il y a une perte d’attractivité pour le territoire parce que la plupart des internes s’installent plutôt autour de leur CHU. Et puis ce qui m'a aussi motivé, c'est qu'on nous a dit pendant des années qu'on n'avait pas besoin de CHU en Corse parce qu'il y avait la solidarité nationale. Mais la crise Covid a montré que quand les réas étaient pleines à Marseille, il n'y avait plus de possibilité de bouger et nous nous sommes retrouvés avec une région qui, par rapport à sa population, avait nettement moins de moyens que les autres. Donc, pour toutes ces raisons, il faut se mettre au niveau d’un CHU pour donner aux Corses plus de moyens de se soigner. Dans ce texte on dit qu’il faut un CHU dans toutes les régions de France, et de fait en Corse qui est la seule qui n'a pas de CHU. Grâce à cette formulation, j'ai obtenu des signatures de l'ensemble des groupes de l'Assemblée Nationale que j'ai sollicité. Du coup, cela devient quasiment une proposition de loi qui est transpartisane. Les CHU ont toujours été créés par le pouvoir réglementaire du Gouvernement, mais si je n'ai pas le niveau de discussions que je veux, j'essaierai de mettre ce texte au vote dans la prochaine niche parlementaire de mon groupe.
 
- Plus largement, on vous a vu très impliqué pour défendre la maternité de Porto-Vecchio. Là aussi où en est-on dans les discussions avec le Gouvernement ?
- Il n'y a pas un endroit en France où on parle de seuils de 45 minutes. Je suis ouvert à toutes les dispositions possibles et imaginables, mais je veux qu'on me montre un endroit en France où on va mettre les femmes à deux heures et demie d'une salle d'accouchement. Jusqu'à présent, les différentes autorités n'ont jamais répondu, même si l'ancien ministre était sensibilisé à cette problématique. J'attends de voir des discussions très, très rapidement avec le nouveau ministre de la Santé pour discuter de cela avec lui. 
 
- Enfin, vous avez adressé une question écrite au Gouvernement pour demander lle redécoupage de votre circonscription. Pourquoi ?
- Il y a 10 000 Ajacciens qui votent avec les électeurs de Porto-Vecchio lors des législatives, et qui se retrouvent donc complètement coupés de l'élection. Quand il y a une élection législative on voit qu’il y a seulement 20 % de participation dans ces quartiers, mais quand vous traversez la rue ou êtes dans la « vraie circonscription » d'Ajaccio ce chiffre monte tout de suite à 50 %. Au moment où on parle de désintérêt pour les élections cela n’arrange donc pas les choses. Il faut donc absolument revoir ce découpage hérité de Charles Pasqua qui est une injustice pour les Ajacciens.