Corse Net Infos - Pure player corse

PLU de Calvi : l'enquête publique est terminée, l'opposition municipale s'exprime


Jean-Paul-Lottier le Samedi 28 Novembre 2020 à 11:31

L'enquête publique du Plan Local d'Urbanisme de la Ville de Calvi est arrivée à son terme le 20 novembre dernier. Le commissaire-enquêteur doit rendre ses conclusions avant que le document ne soit soumis à l'approbation du conseil municipal entre fin janvier et début février 2021.
Les deux leaders d'opposition Jérôme Sévéon pour « Calvi in core » et Claudine Orabona pour « Anima calvese » donnent leur avis sur ce document qui fait débat



Bien que n'étant pas figé, le PLU engage la ville de Calvi jusqu'en 2035
Bien que n'étant pas figé, le PLU engage la ville de Calvi jusqu'en 2035

"Le PLU qui a vocation à permettre à chaque commune de relever les défis environnementaux et les enjeux de l'urbanisation auxquels elle doit faire face en définissant des zone, mais qui permet aussi de définir les règles applicables en matière d'usage des sols, de volumétrie et d'implantation des constructions , de stationnement ou encore de transports en commun , individuels, pédestre, à vélo, et automobile"  souligne Claudine Orabona, leader du groupe d'opposition « Anima Calvese » qui s'exprime au terme de l'enquête publique du Plan Local d'Urbanisme de la Ville de Calvi .

En attendant les conclusions du commissaire enquêteur, les leaders d'oppositions se sont exprimés sur ce "document que nous attendons depuis trop longtemps déjà" comme le  précise  Jérôme Sévéon, chef de file de « Calvi in core »

Pour lui en ces 30 dernières années Calvi a grandi, sans encadrement urbanistique,  propulsé exclusivement par un tourisme devenu hyper saisonnier,  en oubliant de se poser la seule question qui vaille : "ce développement est-il économiquement durable et sert-il le plus grand nombre des Calvaises et des Calvais résidents ?  "

Pour le leader de l'opposition "les effets ont été salvateurs les premières années, le déséquilibre économique a rapidement  transformé le remède en poison, "u troppu stroppia” les Calvais privés de logement au cœur de leur ville,  une majorité de résidences secondaires donnant l’impression de ville morte 6 mois de l’année, l’espace public réduit à peau de chagrin, un patrimoine paysagé meurtri de façon irréversible, un lien social qui se distend... Calvi n’attire plus pour une vie à l’année aussi comme un signe avant coureur d’une perte d’attractivité touristique."

Pour Séveon il faut changer de cap avec un PLU de rupture
"Malgré les observations et les recommandations de la MRAE (Mission Régionale d’Autorité Environnementale), de la CTPENAF (Commission Territoriale de la Préservation des Espaces Naturels Agricoles et Forestier) , les directives de la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain), les avis des associations environnementales, malgré le  sentiment partagé par des Calvaises et des Calvais toujours plus nombreux à ne plus reconnaître leur ville, la majorité laisse les rênes de l’urbanisme aux initiatives individuelles sans les encadrer » - insiste Jérôme Sévéon - La démographie stagne comme le précisent toutes les données statistiques, mais ce PLU ouvre très largement à une urbanisation de façon disproportionnée . Ce n’est pas le fait de bâtir qui nous gène, c’est le défaut d’encadrement. Ce que nous défendons c’est une réorientation de l’ économie du bâtiment vers un développement alternatif qui soutiendra l’accès au logement pour tous, consolidera un tourisme durable,  portera les projets innovants de diversification économique, créera les voies de déplacement pour donner une place aux piétons et aux vélos ainsi que les espaces et  aménagements urbains nécessaires à une vie sociale ... Aucun des grands enjeux ne trouve de réponse dans ce document comme l’illustre ces dossiers majeurs :  que veut-on faire  au cœur de Calvi (entre la gare et la station Total) ? Le PLU fait figurer un projet obsolète de déplacement de la gare qui a été abandonné depuis 2015 : c’est pourtant  le lieu de la dernière chance pour redonner vie au centre-ville.

Concernant la politique du logement le leader de l'opposition lest aussi critique : "les  jeunes ne peuvent plus se loger mais l’on programme encore 40% de résidence secondaire (objectif qui sera certainement largement dépassé) et on oublie de réinsuffler la vie au cœur de la ville et dans la citadelle. Pour Campo-Longo, la chambre régionale des comptes a remis en cause l’équilibre financier du projet et les lois SRU imposent un changement de modèle mais malgré cela  le PLU prévoit une nouvelle extension ".


« Quel Calvi allons-nous laisser à nos enfants ? »
Pour Jérôme Sévéon "le PLU oublie aussi le plan de déplacement, de redimensionner le stationnement, les voies piétonnes, cyclables et de penser l’intermodalité de transport.. La voie cyclable envisagée par le PLU est totalement irréaliste (enclaves privées, non connectée aux principaux centres d’intérêts)  et ne pourra pas voir le jour, le projet de gare routière est obsolète… Ce PLU nous engage sur une trentaine d'années, et trente années calquées sur le même modèle, nous amène à nous poser cette question : quel Calvi allons-nous laisser à nos enfants ?
 Si l’esprit d’entreprise doit être encouragé, il se doit d’être accompagné et orienté par le politique suivant une seule et unique voie, celle l’intérêt collectif. Le PLU est un outil au service d’une politique,  mais de quelle politique parle t-on ?."
 


"Le PLU, ne doit pas être qu’une machine à spéculer, à récompenser ou punir"
Après avoir rappelé les modalités de ce PLU et précisé que « Malgré l'intérêt de connaître l'avis de la population, la commune ne sera pas tenue de suivre les conclusions formulées par le commissaire-enquêteur et les observations exprimées par le public », Claudine Orabona affirme pour sa part que  souligne que " le sentiment que le PLU, ne doit pas être qu’une machine à spéculer, à récompenser ou punir, mais détermine aussi les relations sociales : l’occupation de l’espace, la vocation donnée à certains espaces, les équipements publics, les voies de circulation piétonne ou automobile, et concourt à créer ou stériliser, le lien social. Tous les Calvais partagent le sentiment que le document essentiel qu’est le PLU n’a que trop tardé à sortir et de ce retard, le paysage porte les stigmates."


"Anima Calvese soutiendra un point de vue soucieux de l'intérêt général "
La leader de « Anima Calvese » regrette à l'examen de ce projet que :
- le PRIFF comme le PPRI documents prescrits par l’Etat ayant été annulés, la commune n’ait pas sollicité les services de l’Etat, pour l’élaboration de nouveaux plans et que l’Etat lui-même ne soit pas saisi de cette difficulté.
- ce projet de PLU intègre un projet de gare dont l’arrêté d’utilité publique a été annulé depuis septembre 2017 et les parcelles rétrocédées.
- la vocation des espaces n’est pas définie en fonction de critères essentiels comme: leur réel potentiel, les besoins de développement harmonieux de notre ville, les accès à la voie publique suffisants pour assurer la sécurité des personnes, l'existence de voies publiques de déplacement, de dessertes d'eau potable et agricole existantes, d'ores et déjà financées.
- les voies de circulation, transports, et de désengorgement de la ville n’y sont pas clairement définies.
- aucune prescription sur le déséquilibre entre résidences secondaires et principales n’a été réellement prise en recherchant à réserver des locations et vente aux résidents à l’année.
Or, la carence d’offres locatives à l’année et le prix prohibitif du foncier constructibles devenu un bien rare, ne permettent même plus aux ménages moyens de devenir locataire ou propriétaire de maisons individuelles et de ce fait la propriété à Calvi n'est accessible qu'à des personnes de l'extérieur très argentées, c'est le paradoxe.
Une hausse qui empêche également la création d’entreprises pérennes et non pas uniquement saisonnières et touristiques.
 Un constat qui implique que l’urbanisation doit certes se poursuivre mais dans le respect des espaces que l’on estime importants pour l’économie, l’écologie, l'attractivité et le développement de notre ville et le bien vivre de ses habitants. Force est de constater que ce projet ne relève pas les défis qui lui sont assignés.
Anima Calvese soutiendra donc lors du vote sur l'approbation de ce projet, un point de vue soucieux de l'intérêt général et s'exprimera lors de ce conseil municipal, car c'est à ce moment que le véritable débat public aura lieu, connaissance prise des conclusions du commissaire-enquêteur".