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Oletta : bras de fer entre la CGT et la direction de "La Palmola"


Philippe Jammes le Jeudi 23 Juillet 2020 à 14:16

Alors que dans un communiqué, la CGT du personnel de l’établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR) "La Palmola" dénonce les agissements de la directrice qui depuis plusieurs mois dégradent conditions de travail, celle-ci avance des problèmes de maltraitance de la part de certains personnels «toxiques». Malaise au SSR La Palmola !



«Il est urgent de mettre fin au comportement de la Directrice de La Palmola » écrit la CGT dans son communiqué. «Les  personnels  de  la  Santé  sont  mobilisés  depuis  plus  de  4  mois  contre  le coronavirus.  Le  14  juillet  dernier,  plusieurs  d’entre  eux  recevaient  un  hommage bien  mérité  de  la  Nation.  Mais  dans  l’établissement  de  soins  de  La  Palmola,  la situation  est  très  tendue  entre  les  personnels  et  sa  Directrice  et  continue  à  se dégrader. Les  professionnels  de  La  Palmola  constatent  depuis  plusieurs  mois  la  dégradation de leurs conditions de travail, qui se traduit par la multiplication des arrêts maladie et des accidents du travail. Des  aides-soignantes  aux  médecins,  en  passant  par  l’assistante  sociale,  les infirmières et les cadres santé : ils sont nombreux à décrire une gestion par la peur, le  dénigrement,  les  humiliations  devant  témoin,  la  remise  en  cause  de  leurs compétences. Les menaces de sanction et de licenciement s’accumulent.  Lassés d’être traités d’incapables ou risquant d’être poussés à la faute, plusieurs ont préféré  partir.  Parmi  eux  des  médecins,  lassés  de  se  sentir  disqualifiés  par  la Directrice et constatant qu’ils ne pouvaient plus exercer leur métier sereinement.  Une  situation  intolérable  pour  la  CGT,  alors  même que DIRECCTE  et Médecine  du Travail sont au courant de la situation. On s’interroge aussi sur le mutisme de l’ARS, pourtant alerté par le personnel.  Pour la CGT, il est plus que temps de mettre fin à cette situation intenable.
Nous appelons les pouvoirs publics à réagir face à une dérive lourde de conséquences pour les personnels et les patients ».
 

 

Contactée par CNI, la Directrice de l’établissement, Astrid Bonavita, se défend

« À mon arrivée à la Palmola, et ce  malgré la réputation de  l’établissement, j’ai cru qu’il n’y avait  plus de  problème de maltraitance  parce que nous  avions atteint un ratio  soignant/patient remarquable permettant de travailler dans les meilleures conditions, qu’un travail admirable avait été mené par notre responsable qualité et  que la grande majorité de notre personnel soignant et non soignant est engagé et dévoué. Nos  patients sont souvent très demandeurs, certains rencontrent,  de par leurs troubles cognitifs, de  grandes difficultés de communication. Il leur arrive d’être agressifs avec le personnel, mais nous n’avons pas le droit de le leur reprocher. Ce n’est pas le patient, très vulnérable,  qui est difficile, c’est le métier. Comme dans tous les foyers familiaux et  les institutions où la maltraitance était  déjà présente, la période Covid a exacerbé le comportement de  certains.  Dans  notre  cas, à  la Palmola, elle a  été révélatrice d’une culture interne toxique, d’un système qui  broie les personnels  qui veulent  exercer dignement leur métier et s’impliquent véritablement auprès des patients. Leur professionnalisme et leur joie fait  de l’ombre à certains : ils subissent  pressions et tentatives d’intimidation, sont  parfois sommés  de se fédérer contre  la Direction sous la   menace de ne pas  être défendus s’ils en avaient besoin… 
L’ensemble de nos personnels ne connait pas les dossiers que nous traitons en direction. Souvent, ils ne savent pas  ce qui  se  cache derrière les accusations et revendications alimentées par des rumeurs, des mensonges facilement démontables et au lexique bien rôdé  (on les a « dans  le collimateur »,  « on  a dit que… » « on veut nous  diviser »).  Elles n’ont pas  d’autre  but que d’instiller la peur et couvrir  des  faits que  beaucoup ignorent. Il suffit d’une poignée pour inquiéter ou, de  façon  plus perverse, activer  les ressorts de l’amitié, convoquer les liens qu’ont créé   des  situations stressantes liées aux difficultés du métier  pour imposer l’obligation de  se poster  derrière la même bannière comme s’il  n’y avait  plus d’individualité  possible face à  un ennemi  imaginaire, la Direction. C’est une vraie organisation mafieuse qui  s’appuie sur  le fait que, dans chaque  corps de métier de l’établissement, certains peuvent ou  ont dérapé soit par  leur désengagement  soit en  commettant  et/ou en couvrant des actes de maltraitance.  Il faut distinguer les personnels maltraitants qui sont incapables  de se remettre en cause et nieront  toujours les faits qui leur sont  reprochés, de ceux  qui se   cachent derrière un « on l’a  toutes fait » pour justifier leur  actes et de la grande majorité qui se  dit parfois  elle-même maltraitante  sans  chercher de  prétexte. Ce sont nos meilleurs  éléments, ceux sur qui nous  pouvons compter  et qui font  la joie des patients car ils sont déjà  dans l’auto-évaluation permanente de leurs pratiques et ont besoin de notre regard et de notre soutien  pour progresser. Tout les soignants,  et encore  plus dans les  établissements accueillants des  patients vulnérables, sont  confrontés tôt ou tard  à des  problématiques de  ce  type. Et nous  sommes  quelques  directions à  ne  pas nous  laisser impressionner par  ceux qui ne  veulent  pas mettre les patients  au centre de leur préoccupations.  Ce à quoi  nous  ne   nous attendions pas, vu nos  convictions et nos  engagements sociaux, c’est qu’ils  soient protégés par la CGT. 
En effet, plusieurs  informations  inquiétantes m’ont  été  communiquées  par écrit,  dont certaines datent d’avant  la période Covid : 
  • Une salariée s’est plainte d’être harcelée par plusieurs de ses collègues, dont une élue CGT et la déléguée syndicale CGT,
  • Un médecin m’a signalé des actes relevant de la maltraitance  sur certains patients,
  • Pendant la crise Covid, une bénévole nous  a envoyé un signalement écrit.  Ce qui l’a  le plus  choquée, outre le  désengagement de certains personnels lorsqu’elle faisait remonter les demandes et les plaintes des patients,  c’est le mensonge raconté aux patients selon lequel nous étions en sous-effectif pour justifier l’absence de soins.  
  • -Une  famille de patient s’est plainte  pour des soins non effectués. 
 
Alors que j’avais commencé à mener une enquête interne, une élue CGT a déclenché une procédure d’alerte pour harcèlement moral à mon encontre.
Conformément au droit du travail, cette alerte a donné lieu à l’ouverture d’une enquête menée conjointement par le Gérant, et deux élues CGT dont celle ayant déclenché l’alerte. Après plusieurs semaines, et avoir entendu l’ensemble du personnel de l’établissement, les enquêteurs ont conclu unanimement  qu’il n’y avait aucun acte de harcèlement de la Direction envers le personnel et que les seuls faits de harcèlement étaient le fait de membres du personnel envers une autre salariée.
Cette enquête a été transmise à la CGT, à l’Agence Régionale de la Santé, à l’Inspection du Travail. Plus  récemment, en mains propres au personnel tout comme  les  recommandations de  la gérance car  nous travaillons dans  la  transparence. 
Les  recommandations de la gérance m’ont amenée à compléter le plan d’actions déjà en place destiné à mener des réformes institutionnelles et culturelles dans le fonctionnement de l’établissement. Parmi celles-ci figure en première place la poursuite  des  enquêtes pour maltraitance et une Évaluation des Pratiques Professionnelles sur la lutte contre la maltraitance. Dans cet  établissement familial,  notre implication ne  peut être  que vouée à l’amélioration  constante  de la prise en charge  des patients  puisque  nous y sommes  liés indéfectiblement et les événements récents n’ont  fait que renforcer notre détermination à lutter contre la maltraitance au sein de La Palmola. 
Comme tous les étés, et dans tous les établissements, l’absentéisme complique la  tache  de ceux qui sont restés  à leur  poste  ou sont venus à la rescousse mais  malgré la  fatigue,  l’ambiance n’en est que plus légère : nos  patients vont bien. 
C’est donc dans ce contexte que j’apprends maintenant l’existence d’un communiqué de presse. Pourtant, les bases du dialogue social sont simples. Dans un premier temps, au niveau  de l’entreprise,  lorsque  des salariés rencontrent des difficultés, ont des questionnements ou des inquiétudes, et s’ils ne souhaitent pas  s’adresser  directement  à la  Direction, les représentants du  personnel  peuvent porter leur voix. Dans un  deuxième temps, lorsque ces mêmes salariés ont  l’impression  de ne pas avoir été entendus par la  Direction, ils peuvent  faire appel à leur syndicat qui envoie  un représentant pour les  assister dans des négociations.
Le dialogue social a pour but de désamorcer les conflits qui pourraient être préjudiciables au bon fonctionnement de l’établissement. Ne  pas en respecter  les règles, c’est pénaliser à  la fois les salariés et nos  patients, vulnérables, qui  peuvent pâtir  d’une mauvaise ambiance. 
Dans le cas présent, comme lors du déclenchement de l’alerte, je n’ai à aucun moment été préalablement sollicitée par la CGT, que ce soit via les représentants du personnel, la déléguée syndicale, ou leurs instances départementales. À la fin de l’enquête suite à  l’alerte, j’ai essayé de contacter un  membre  de la  CGT qui s’est esquivé. Et voilà que maintenant, pour  la  deuxième fois, la CGT tente de faire pression de manière externe sur la Direction  sans aucune tentative de dialogue préalable. 
Il est bien évident que tout cela, loin, de nous intimider, ne fait que renforcer notre détermination à aller au bout des enquêtes, même s’il  faut attendre le  retour de certains  arrêts maladies et accidents du travail, et à protéger coûte que coûte les patients.  J’ai constitué aujourd’hui une  très belle équipe de cadres qui s’appuient en toute sérénité sur des  personnels impliqués et soucieux de progresser. 
La gériatrie est notre problème à tous et nous ne sommes   pas  le seul établissement  à rencontrer ces difficultés.  Nous  partageons tous l’envie de vivre le plus longtemps  possible  et dans les meilleures  conditions, et ici peut-être plus qu’ailleurs,  on  nous apprend  à respecter nos  anciens. Il était  temps que la parole se libère : aujourd’hui  les  patients et  les  familles  se sentent plus libres de communiquer avec nous, d’anciens  membres du personnel  partis, car il ne supportaient pas l’ambiance qui régnait, reviennent. Et nous  avons de très beaux  projets en cours ».
 
La Palmola
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