Notre-Dame de la Miséricorde d'Ajaccio, une confrérie exclusivement féminine

En entrant dans la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption, quelques voix s'élèvent déjà. La prière quotidienne de la neuvaine précédant la Madonuccia n'est pourtant prévue qu'à 18 heures. Une dizaine de jeunes pousses s'essaient au chant, sous le regard bienveillant de plusieurs femmes vêtues de bleu. Les dernières arrivées troquent leur jean de ville pour leur habit traditionnel. La confrérie Notre-Dame de la Miséricorde se réunit mais il ne faut pas s'y méprendre : seules des consœurs composent les rangs de ce groupement.

L'une des rares confréries 100% féminines de l'île est aussi l'une des plus jeunes. "Elle a été instituée le 30 novembre 1994 par Monseigneur Casanova, qui l'a reconnue, présente Danielle Auger-Ottavi, première prieure tout juste élue au début du mois. Elle est de droit canonique et possède une association. Nous sommes aujourd'hui 26 membres, mais elles étaient 21 au départ." 

Même pas trentenaire, la confrérie s'est constituée presque par hasard. "Il y avait à l'époque une remise en train de toutes les confréries en Corse, certaines datant du Moyen-Âge mais surtout masculines, se remémore Danielle Caïtucoli, membre fondateur de la confrérie. Un jour, au détour d'une conversation presque de comptoir avec le père Jean Simeoni, on s'est dit qu'il serait bien de créer une confrérie féminine, puisqu'il n'y en avait pas ici. Ça fait maintenant 30 ans et même si ça paraît peu, c'est beaucoup par rapport aux évolutions de la société."

La confrérie Notre-Dame de la Miséricorde est intimement liée à la Vierge Marie et donc, aux fêtes mariales. Son engagement premier n'est pas le chant, mais la charité. "On n'est pas un groupe de prières, affirme d'ailleurs Danielle Caïtucoli. Chacune doit mener une action tous les mois : s'occuper des handicapés, des malades, des personnes âgées, etc. C'est aussi important que le chemin de foi d'être concrètement au service des autres."

La procession qui aura lieu ce week-end est un moment clé pour chacune de ces femmes. "Quand on revient de la procession et qu'on rentre dans la cathédrale, il se produit quelque chose qu'on ne peut pas exprimer, raconte avec émotion Rose-Marie Ottavy-Sarrola, la deuxième prieure également élue le 1er mars. Petite, je venais aux processions avec mes parents. Le jour où j'ai vu les dames de la Madonuccia, ça m'a donné envie de les rejoindre. Aujourd'hui, nous sommes une confrérie vieillissante et on veut donner aux enfants cette envie de se rapprocher de nous pour la redynamiser et la pérenniser."

Rose-Marie Ottavy-Sarrola fait partie de celles qui ont œuvré pour un retour des Magnifiques Anciens dans la cathédrale. Depuis quelques années, la coutume voulait que les vœux s'effectue place des Palmiers. Mais cette année marquera le retour de ceux qui, au XVIIe siècle, sont allés prier devant l'église Saint Erasme en faisant vœu de vénérer la Vierge Marie chaque année si elle sauvait la ville de la Peste. "C'était l'histoire de la population d'Ajaccio et on la retrouve", se réjouit la deuxième prieure.
Les femmes en bleu attendent avec impatience de revivre ce moment.