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"Municipale" d’Ajaccio : La droite reconstruite face à une gauche en grande difficulté


José Fanchi le Lundi 26 Janvier 2015 à 18:25

D’un côté, Laurent Marcangeli et la droite libérale avec 42% des suffrages. De l’autre, Simon Renucci et la gauche avec 27%. 15 points les séparent. Enorme ! Au centre, personne. Les cinq autres listes manquent à l’appel des 10%. Voilà les deux candidats face à face qui disposent encore de quelques heures pour déposer leur liste en attendant les alliances possibles. Ou impossibles !



"Municipale" d’Ajaccio : La droite reconstruite face à une gauche en grande difficulté
Au bout de la dernière ligne droite, un second tour qui ne sera pas ce qu’il devrait être avec le NON du dissident François Casasoprana à l’alliance, malgré le soutien probable des nationalistes. Résultat des courses : la voie royale semble ouverte à Laurent Marcangeli qui fait néanmoins appel aux abstentionnistes pour les convaincre de le rejoindre avec très probablement le soutien inconditionnel de « Tata Angèle » et ses 673 voix, cela pour s’assurer une victoire qui pourrait s’avérer éclatante.
Reste le Front national qui ne donne aucune consigne à ses 6,82%. Francis Nadizi parle de « bipolarisation de l’élection qui serait être à l’origine d’une perte considérable de voix. Nous étions en face de machines politiques. C’est un bon début quand même pour notre parti… » Mais ne donne pas de consigne de vote et laisse ses électeurs libres de leur choix...
 
A gauche, ça coince mais…
Du côté de la gauche, les choses se compliquent. Surtout depuis le débat lundi matin sur RCFM et le coup de tonnerre de François Casasoprana qui se refuse à toute alliance (Vpor par ailleurs). Aussi, tous les scénarii tombent à l’eau et l’on se demande comment Simon Renucci, même avec l’appui des nationalistes, pourrait tenir tête à un Laurent Marcangeli fort bien assis sur ses 42% et ses 15 points d’avance acquis, il faut le rappeler, grâce à ses alliances avec Jacques Billard et François Filoni désormais à ses côtés. Voyons comment se présente la configuration des forces en présence pour ce deuxième tour.


Une chose est sûre, la gauche ajaccienne connaît de grosses difficultés face à une droite, elle, entièrement reconstruite. Ce n’est un secret pour personne, l’intervention, lundi matin, de François Casasoprana a fait mal. Certes, les deux listes nationalistes, chacune de leur côté, ont fait mieux que de se défendre avec 13 % des suffrages, quand bien même n’auraient-elles pas atteint les 10% indispensables. Aiacciu Cità Corsa reproche à François Casasoprana un sabordage de la gauche mais constituera néanmoins une substantielle manne si un accord est trouvé avec Simon Renucci. Il faudra également que Femu Aiacciu, autre élément dont il faudra tenir compte, s’engage. Il n’ira peut-être pas aux côtés de l’ancien maire mais pourrait donner des consignes de vote précises. A suivre bien sûr. Enfin, il faudra tenir compte d’une autre possibilité : Simon Renucci pourrait tout aussi bien bénéficier de bon nombre de suffrages de la liste Casasoprana, lequel n’a pas donné de consigne de vote. La gauche restera-t-elle à gauche ?
 
Une défection à la démocratie…
Avec 6 069 voix, Simon Renucci réalise un score plus que moyen par rapport à son adversaire même s’il espérait « ramasser » beaucoup plus de suffrages pour le second tour. Mais la main tendue vers François Casasoprana n’a pas trouvé de résonance. Il a tout de même lancé un autre appel sur les ondes de notre confrère RCFM : « C’est dommage, car aujourd’hui cette absence sera traduite comme une défection à la démocratie, à l’esprit collectif. Il a le temps de se rattraper dans le courant de la journée. C’est l’incompréhension la plus totale. Nous, on veut le rassemblement des forces démocratiques pour continuer le combat, avec toutes les composantes de la gauche. L’avenir de nos enfants passe au-delà des intérêts d’une personne…»
 
Des électeurs libres de leur choix
François Casasoprana va-t-il changer d’avis et revenir sur ses décisions ? 
Ecoutons-le : « Nous sommes des gens ouverts, la proposition de rencontre nous est parvenue hier soir (lira dimanche) et comme nous nous y étions engagés. Nous l’avons rencontré mais nous ne sommes pas trop d’accord sur le projet, sur la ligne politique. Pour nous c’est terminé, nous n’avons pas souhaité aller au-delà. Nous allons nous réunir aujourd’hui pour laisser nos électeurs libres sur leurs choix si toutefois ils souhaitent adhérer à ce projet. »
Intervention critiquée, notamment aussitôt par le tête de liste d’Aiacciu Cità Corsa, Paul Leonetti, qui avoue ne pas comprendre cette position alors même qu’il a entamé des discussions avec Simon Renucci : « Je suis très étonné de voir qu’un homme de gauche puisse mettre autant en péril sa maison. Je suis surpris de cette position dans un tel moment historique. »
 
Savoir tirer les enseignements
Ce à quoi François Casasoprana a répondu : « Il n’y a aucune sorte de cohérence ? Je parle de ma famille politique. J’ai toujours considéré qu’il fallait la rassembler et s’ouvrir. Et non pas s’ouvrir à sa famille politique. C’est différent. » Puis, s’adressant à Paul Leonetti : « Pour l’homme de gauche que je suis, voir ma famille politique mettre trois listes, une de gauche et deux nationalistes sur la même ligne, ce n’est pas comme cela que je vois les choses. Je vois un rassemblement de la gauche qui s’ouvre aux nationalistes, qui s’ouvre à ceux qui veulent faire évoluer la ville. Si ma famille politique est en péril, c’est peut-être parce qu’elle n’a pas tiré les enseignements des derniers scrutins. Ceux qui pendant 7 mois n’ont pas affronté la droite que vous accusez de tous les maux, moi je l’ai affrontée. Je l’ai affrontée au Conseil Général et puis je rappelle que dans ma famille politique comme dans la vôtre, beaucoup l’ont votée au mois de septembre lors des sénatoriales, moi non ! »
Reste l’autre liste nationaliste de Femu Aiacciu  qui a obtenu 6,54% et qui ne s’est pas encore prononcée.
 
La voie royale ?
Chez Laurent Marcangeli, la sérénité est de mise. On le serait à moins ! Le candidat de la droite libérale a réalisé un score plus que confortable. Un véritable plébiscite qui, loin de lui donner la grosse tête l’incite à la prudence : « Il nous faut avant tout conforter cette belle avancée et confirmer lors du deuxième tour. On me dépeint comme un maire élu par la fraude, je remarque que je fais encore mieux lorsque d’autres font moins. »
Il est le mieux placé pour le duel de dimanche prochain. Calme et détendu il rappelait, lundi, qu’il était prêt à débattre avec son adversaire : « Aujourd’hui, mon adversaire est plus motivé par le fait de détruire l’homme que je suis, ceux qui l’entourent, que d’être élu maire d’Ajaccio. Hier on l’a entendu, mais j’aurai bien voulu débattre avec lui. Il aurait du avoir le courage de venir à ma rencontre, je l’aurai fais de manière républicaine, franche et directe, et je ne me serai pas battu car ce n’est pas ma manière de faire. Je vais quand même vous dire quelque chose, quand on fait de la politique, il faut avoir du courage, il faut affronter les gens de manière digne. Simon Renucci a tenu des propos un peu déphasés et je mets cela sur le compte de la colère et de la déception. Celui qui prétend que j’ai gagné par la fraude au mois de mars dernier, je trouve quand même bizarre qu’il réalise un score moindre aujourd’hui alors que de mon côté, vous connaissez le résultat. Le 30 mars dernier, le bureau électoral n’était qu’à quelques mètres du bureau du maire d’Ajaccio… »
 
Reste le second tour pour mettre un terme à ce débat ou plutôt à ce climat qui n’a que trop duré. Une page se tourne, un de plus ! La vie d’une classe politique est en train de passer.
Il ne reste qu’un détail, celui du résultat de l’enquête au pénal, toujours en cours. Que pourra-t-il changer ?
J .F.