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Marie-Laure Musichini : Le vivre ensemble au cœur de sa vision pour la police municipale de Bastia


David Ravier le Lundi 4 Septembre 2023 à 15:29

Depuis un an, Marie-Laure Musichini occupe la fonction de directrice de la police municipale à Bastia, où elle a déployé une approche novatrice centrée sur la proximité avec les habitants, la prévention et le vivre ensemble. La directrice, qui a rejoint ses fonctions le 1er août 2022, incarne une vision de la police qui transcende les rôles traditionnels pour créer un lien solide entre les citoyens et les forces de l'ordre.



Marie-laure Musichini, la directrice de la police municipale de Bastia.
Marie-laure Musichini, la directrice de la police municipale de Bastia.
En prenant ses fonctions en tant que directrice de la police municipale de Bastia le 1er août 2022, elle a concrétisé un parcours jalonné de diverses expériences. Avant d'endosser l'uniforme, elle a exploré plusieurs horizons. À la tête de cette position depuis un an, elle a façonné ce poste à son image.  "Lorsque j'ai posé ma candidature, je n'ai pas dissimulé ma véritable identité. J'ai déclaré que j'avais 40 ans, que j'appréciais qui j'étais à présent, et que je ne souhaitais pas changer ma manière d'exercer en tant que directrice de la police municipale. Mon intention n'était pas de mener une chasse aux sorcières, mais plutôt de diriger un service où mes agents et moi nous sentions bien, où la prévention précède la répression."

Selon sa vision, le rôle du policier municipal est d'être proche des habitants et d'entretenir des relations apaisées avec eux. "Le terme 'tranquillité publique' a une signification particulière pour moi, car il englobe la dimension préventive fondamentale à mes yeux." Bien qu'elle reconnaisse que la prévention n'a pas de sens sans une dimension répressive équilibrée, elle ne souhaite pas mettre en avant cette dernière au sein de sa brigade. Elle différencie cette approche des "collectivités où l'on privilégie la répression, en raison de la surcharge des fonctions de la police municipale, au point de perdre le lien essentiel et la connexion avec les habitants. À mes yeux, il y a une fracture sur le continent entre la police et la population, fracture qui n'existe pas ici. C'est cette situation qui me permet d'exercer mon métier comme je le souhaite."


Promouvoir une vision apaisée de la Police
C'est dans le but de réduire cette fracture que Marie-Laure Musichini a décidé de s'engager, dès qu'elle a compris qu'elle pouvait contribuer à rétablir le lien entre les habitants et les forces de l'ordre. Même si elle vient d'une famille de fonctionnaires de police, elle n'était pas initialement attirée par cette carrière. "Dans ma jeunesse, j'ai été choquée par certains comportements policiers. Ce n'était pas une voie vers laquelle je m'orientais, mais lorsque j'ai compris le rôle du policier municipal, j'ai réalisé que je pouvais apporter ma contribution à cette profession et aider à changer les mentalités concernant cet uniforme pas toujours facile à porter." Après avoir grandi à Guingamp, Marseille, Paris et même la Martinique, elle retourne à Avignon, près de sa famille, et commence à travailler dans la police. En tant que jeune mère, elle recherche une stabilité professionnelle et se tourne vers les concours de la fonction publique territoriale.

Son succès au concours de gardien de police municipale en 2008 et la formation qui s'ensuivit la lancèrent définitivement sur cette voie. Elle intègre la brigade de Bédarrides, dans le Vaucluse, une commune de 5 000 habitants, où elle passe six ans. De cette expérience, où chaque journée était différente et où elle abordait une variété de sujets allant de l'urbanisme à l'environnement, elle garde un bon souvenir : "Mon objectif était d'encourager la population à partager l'espace public, à coexister harmonieusement et à se sentir bien dans le village." C'est une philosophie qu'elle conserve encore aujourd'hui à Bastia, malgré la plus grande envergure de cette commune par rapport à son précédent lieu d'affectation. "Bastia est une sorte de grand village, et c'est exactement ce que j'essaie de recréer ici, quartier par quartier. J'y retrouve vraiment la possibilité de travailler en ce sens."


Établir la confiance sur le terrain
Son engagement pour favoriser le vivre ensemble l'a également conduite vers l'engagement politique, avec un mandat de conseillère municipale dans la commune d'Althen-des-Paluds, toujours dans le Vaucluse, où elle était en charge de la sécurité publique. "Toutes mes activités annexes sont liées à ma profession", souligne-t-elle. Cette expérience lui a apporté une perspective différente en lui permettant de voir la situation du côté de l'élue, avec les difficultés auxquelles une municipalité peut être confrontée. En parallèle, son rôle de fonctionnaire territoriale l'a amenée à voir les choses sous un angle différent sur le terrain.

Le parcours de Marie-Laure Musichini au sein de la police municipale a été jalonné de succès, et le fait d'être l'une des rares femmes dans un environnement majoritairement masculin ne l'a jamais gênée. "La question de la légitimité dans ma progression ne s'est jamais posée, car j'ai réussi grâce aux concours que j'ai passés." Après sa mutation à Avignon, elle réussit le concours de chef de la police municipale et est nommée responsable du centre-ville d'Avignon. Moins de deux ans plus tard, elle accède au poste de directrice de la police municipale d'Avignon, toujours grâce à un concours.

Bien qu'elle aurait pu choisir la police nationale pour changer de dimension et atteindre une plus grande envergure, elle a préféré rester dans la police municipale. "Si j'avais voulu rejoindre la police nationale, j'aurais eu les compétences nécessaires pour le faire, mais j'ai choisi de rester dans la police municipale et de passer tous mes concours. Être à la tête de la hiérarchie me permet d'orienter positivement tout un service pour qu'il fonctionne bien sur la voie publique et promeuve de bonnes valeurs."