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Livre : « Par les maquis brûlés » d’Antoine Perigot


Philippe Jammes le Samedi 20 Avril 2024 à 08:28

Photographe, restaurateur, barman, voyageur, plusieurs vies pour occuper la vie de l’auteur. Antoine Perigot est originaire de Bastia. Il a longtemps effectué des reportages photos autour du monde pour la presse magazine tels Géo, Grands reportages, Marie Claire Maison, Elle Décoration, Vogue Décoration... Il a aussi édité des ouvrages d’art : Corsica Muntagna, ouvrage de référence consacré à l’univers de la montagne corse, Un voyage intérieur au Burkina Faso, classé par le magazine géo dans les 20 plus beaux livres de l’année 2005 et Opera Umana, dédié au patrimoine bâti de la Corse… Avec ce roman « Par les maquis brûlés »*, aux Editions Micca Nomi, sa propre maison d’édition, Antoine Perigot nous livre une fiction issue de son imaginaire et de sa culture, un univers si proche et déjà lointain...

Rencontre



« Par les maquis brûlés » d’Antoine Perigot : A LIRE !
« Par les maquis brûlés » d’Antoine Perigot : A LIRE !
- Pourquoi ce titre ?
- Passà pé a machja brusgiata, littéralement « passer par le maquis brûlé », est une expression corse qui signifie revenir de l’enfer, avoir vécu une expérience douloureuse, frôlé la mort. Cela peut-être une faillite, une dépression, un deuil, un état de guerre ou autre… Conjuguer cette expression au pluriel, comme je l’entends souvent en Balagne, en accentue la teneur dramatique. Dans mon roman, le personnage principal a eu de grands malheurs dans sa vie, et sait donc bien ce que cela veut dire de « passer par les maquis brûlés ».

- Le thème?
- François, jeune styliste de 30 ans, revient en Corse après 22 ans d’absence. Son Père est récemment mort au Burkina Faso, François en revient pour ramener la photo de la tombe à sa tante Angèle. Dans son village, il retrouve sa famille et tous ses souvenirs, redécouvre une Corse des années 80 différente de celle d’hier, en proie aux violences politiques et mafieuses, déboussolée entre les promesses de la modernité et le message des Anciens. Le jour où ses oncles lui ouvrent le moulin à châtaignes de la famille abandonné au fond de la vallée, François réalise que ce qu’il cherche depuis toujours est enfin sous ses yeux. Envoûté par la magie de la nature sauvage et la puissance d’une culture toujours bien vivante, il décide de refaire ici une nouvelle vie, fort de son expérience de créateur et de tous ses voyages autour du monde. Son rêve lui paraît tellement évident à réaliser qu‘il trouve les mots pour convaincre tous les membres de sa famille de s’y associer, uniti cum’i diti di a manu (unis comme les doigts de la main)... La suite ne va peut-être pas se passer de manière si évidente. Dans ce livre, j’emmène le lecteur dans une plongée au cœur de la Corse, du Burkina Faso, à Paris et jusqu’en Islande.

- Un roman sur fond d’actualité corse avec les thèmes de la mafia, violences politiques et autres ?
- Ce roman ne traite pas de l’actualité, mais de ce que nous avons connu dans les années 80, lorsque la modernité rattrapa brutalement le quotidien des Corses. La lutte armée du FLNC prenait de l’ampleur, et une nouvelle forme de criminalité se mettait en place, qui avait jusqu’alors été cantonnée au Continent. Nous avons vu disparaître nombre d’amis dans des assassinats, braquages, victimes d’overdoses, du Sida, d’accidents de voiture dans des conditions extrêmes… Le livre n’est pas consacré exclusivement à ces thèmes, qui sont abordés dans deux chapitres.


- L’idée du livre?
- Cette idée m’accompagne depuis longtemps, j’ai toujours été persuadé que la Corse génère elle-même ses propres richesses, et qu’il n’est point besoin d’aller chercher ailleurs ce que l’on trouve ici. 

- Un retour aussi aux sources, au patrimoine, à la nature ?
- C’est évidemment un retour aux sources pour François, le personnage principal de ce livre, qui va redécouvrir toute sa famille et ses amis d’enfances, le vieux berger Cilente qui a été pour lui comme un père, avec ses histoires, ses croyances, sa sagesse…La découverte du moulin, abandonné mais toujours en bon état, sera pour ses oncles l’occasion de lui enseigner en langue corse toute la richesse d’une civilisation paysanne disparue. Quant à moi, j’ai toujours vécu au contact de la nature et des animaux, dans ma jeunesse sur les hauteurs de Bastia, qui étaient alors une véritable jungle, et aujourd’hui au village de Corbara où j’ai créé mon lieu de vie Saetta, restaurant et galerie photo.

- Des projets ?
- Honnêtement, je vous dirai que mon projet immédiat est de m’occuper correctement du lancement et de la mise en place de mon livre, et également de réussir une bonne saison d’été au restaurant. Pour la suite , j’ai déjà commencé à griffonner quelques idées pour un nouveau roman, je ne peux pas en dire plus, juste évoquer le mot Patagonie.



​ *  « Par les maquis brûlés » est disponible en librairie, au restaurant-galerie Saetta à Corbara et sur la page FB d’ Antoine Perigot.