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Livre : Les passionnantes « Tribulations d’un corse en Chine »


Philippe Jammes le Jeudi 26 Mai 2022 à 10:47

Originaire de Morsiglia, Olivier Bastiani vient de publier un passionnant récit de 5 années de sa vie, 2014 à 2019, passées en Chine. Un témoignage, qui se lit comme un thriller dans le monde de l’économie et de la finance de l'Empire du Milieu.
CNI a rencontré l’auteur aujourd’hui installé à San Martino du Lota.



Olivier Bastiani
Olivier Bastiani
 
- Olivier Bastiani, un mot sur votre parcours
Ma famille est originaire de Morsiglia dans le Cap Corse mais je suis né à Marseille. A 18 ans, après le bac,  j’ai incorporé l’école militaire d’Aix en Provence puis à 20 ans, sur concours, j’intègre l’école de commerce d’Amiens. J’avais la possibilité de faire ces études dans le sud, mais j’avais envie de changer un peu. Comme j’avais échoué dans ces études, j’ai décidé d’aller en Angleterre pour parfaire mon anglais. J’ai débuté comme serveur puis je suis passé manager. En Angleterre on a en effet la possibilité de vite monter dans la hiérarchie dans ce métier. Après 3 ans, je suis parti à Paris toujours en tant que manager. J’y ai rencontré ma femme, une chinoise. Elle m’a même poussé à devenir directeur adjoint d’un resto chinois dans la capitale. Mais au bout d’un an, ma femme a souhaité repartir dans son pays. J’en avais aussi un peu marre. On avait alors en projet d’ouvrir une boulangerie dans la ville de ses racines, Wuxi, au nord de Shangaï. Ce sont ces années passées là-bas que je raconte dans ce livre.

- Comment se sont passés vos débuts là-bas ?
- La famille de ma femme m’a beaucoup aidé à m’adapter. Avec la langue ce n’était pas facile. En travaillant dans un supermarché j’ai été atterré du prix du vin. Je me suis alors lancé dans l’export du vin, du Bordeaux

- Et pourquoi pas le vin corse ?
- Trop compliqué. Il m’aurait fallu exporter plus de 20 000 bouteilles, ce qui est impossible ici, et avec les prix des transports j’aurais été déficitaire. Outre le vin, je me suis aussi lancé dans l’huile d’olive et les cométiques.

- Tout allait bien et puis cet acharnement sur votre nouvelle maman…
- En Chine quand vous entrez dans une famille, elle devient la vôtre. Mama (ndlr les noms ont été changés dans le livre), la mère de ma femme, est devenue ma nouvelle mère. Elle était associée dans une grosse société. Une nuit, 3 milliards ont disparu du compte. Elle a été le bouc émissaire de cette histoire. Police et justice se sont acharnées sur elle. Une partie de la population qui ne connaissait le fin mot, également. On a vécu des moments très difficiles que je raconte dans le livre, dans la clandestinité pendant deux ans. Alors qu’elle avait été laissée libre, un jour la police l’a de nouveau arrêtée. On a nous-mêmes été perquisitionnés sans ménagement. Mama est toujours en prison aujourd’hui, elle a été condamnée sans preuve à 8 ans. Les 3 milliards ne seront jamais retrouvés mais ils ont trouvé un bouc émissaire.

- Tribulations, le titre, c’est un clin d’œil à Jules Verne ?
- Tout à fait. Les aventures modernes de Jules Verne correspondent à ce que j’ai vécu. Aujourd’hui j’apprends le français à des chinois en Corse et je le fais notamment à travers les écrits de Jules Verne qui sont faciles à lire. C’est idéal pour apprendre le français. En plus ça fait voyager.

- Dans ce récit autobiographique, vous faites allusion aux attentats de Paris et notamment au Bataclan…
- Quand ces attentats ont eu lieu, j’étais en Chine. Une époque difficile. J’ai été choqué par les attentats mais aussi par les retombées sur la Chine. La Chine fit part de sa solidarité avec le peuple français mais une journaliste, correspondante d’un grand quotidien français en Chine, insinua que si le gouvernement chinois avait témoigné sa solidarité à la France, ce n’était que calcul pour justifier la répression des musulmans chinois au Xinjiang. Elle faisait allusion à un attentat terroriste à la gare de Kunming où des innocents avaient été égorgés et elle justifiait ces attaques terroristes par un combat pour l’indépendance du peuple ouïgour.  L‘article a déclenché un tollé et le visa de la journaliste n’a pas été renouvelé.

- Souvenir, plus réjouissant, la rencontre avec Paolo Rossi et Roberto Baggio ...
- J’adore le foot. Et me retrouver à la table de ces gloires du foot italien, c’était énorme. C’était à l’occasion d’une tournée des légendes italiennes à travers le pays et comme on détenait des parts dans la société organisatrice, on était aux premières loges. J’ai revu les stars de ma jeunesse : Paolo Rossi, Baresi, Toto Schillaci, Roberto Baggio.

- La fin du livre, ce que vous avez vraiment vécu on le rappelle, aurait pu se transformer en drame…
- Après deux ans de vie confortable, on est confronté à cette affaire de disparation d’argent et on doit se comporter en fugitif malgré notre innocence. A un moment tout semble s’arranger et puis la rechute est brutale. Une grosse déprime s’est emparée de moi alors que j’étais seul avec ma fille.
 
- Pourquoi avoir écrit ce livre ?
- Pour beaucoup de choses. Le confinement dû au virus et la propagande antichinoise, car on a raconté n’importe quoi à ce moment-là. A travers ce livre je donne un autre éclairage. Pour ma fille aussi, qui a 7 ans, pour qu’elle connaisse un jour cette histoire. Et aussi pour mes amis, mes connaissances. Pour leur prouver que ça a été une période difficile alors qu’à mon retour ici on m’a pris pour un Tonton Cristobal**.

- Clin d’œil sur la couverture…
- Oui le tigre pour la Chine, le petit âne pour la Corse.

- Difficile de trouver un éditeur ?
- Très. J’ai envoyé le manuscrit à de nombreux éditeurs. Mais l’air du temps c’est de taper sur la Chine. Or ce n’est pas mon propos dans le livre. Une seule maison m’a répondu, Aedis, qui a une antenne à Vichy et Bastia. Ils font plutôt des livres pour la jeunesse, mais depuis peu se diversifient.   

- Aujourd’hui ?
- De retour en Corse depuis 2019, j’ai retrouvé une certaine sérénité mais j’avoue que j’aimerais repartir en Chine.

- La Chine ?
- Le pays m’a séduit alors qu’on m’avait promis l’enfer. J’y ai trouvé la solidarité, l’honnêteté de ce peuple. Je suis vraiment reconnaissant à cette population. Je n’ai pas d’opinion tranchée sur la politique du pays mais sur sa police et sa justice corrompues, oui. Il y a énormément de corruption.

- Maintenant que vous avez trempé la plume dans l’encrier, cela vous inspire-t ’il des projets ?
- J’ai beaucoup aimé écrire ce livre. Et même si j’ai été un des plus gros importateurs de vin, ma plus grosse réussite c’est ce livre. Alors pourquoi pas une suite ou autre chose.          
    
*Editions Aedis, en librairie ou sur commande sur les diverses plateformes
** Allusion à la chanson de pierre Perret
 
 

Synopsis

Ce récit raconte l’histoire d’un jeune Corse, Dominique Mattei, alias Olivier Bastiani, l’auteur, qui décide de tout quitter pour s’installer en Chine, le pays de sa femme Emma qu’il vient d’épouser. Son aventure de cinq années dans l’empire du milieu n’était guidée que par son amour pour sa femme mais la passion peut conduire à la déraison, et la déraison à l’abime… 

Le 4ème de couverture :
« Dominique Mattei, un jeune du cap Corse s’enlisant au niveau professionnel, décide de tout quitter pour s’installer dans le pays d’Emma, une Chinoise, qu’il vient d’épouser. À peine trentenaire, une idée puis le soutien sans faille de sa femme vont changer leurs vies. Leur ascension rapide les amène à côtoyer un monde de pouvoir, de trahison, de faux-semblants, mais aussi de courage, d’amour et de loyauté́. Ce n’est sûrement pas son absence d’ambition qui l’y a conduit, mais peut-être sa curiosité́ pour ce pays lointain qu’on lui promettait sordide, laid et dépourvu d’humanité́. La Chine est tout à la fois où le meilleur de la nature humaine se heurte à ses bassesses. Son aventure de cinq années dans l’empire du Milieu n’était guidée que par son amour pour sa femme, puis pour son pays qu’il a aussi appris à aimer. Mais la passion peut conduire à la déraison, et la déraison à l’abîme... »