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Libri Mondi : soirée d’ouverture avec Nicolas Mathieu « Je pense que les Soprano ont eu plus d’influence sur mon travail que Tolstoï ! »


Laurent Hérin le Samedi 12 Septembre 2020 à 13:37

Ce n’est pas tous les jours qu’on reçoit un prix Goncourt à Bastia. Tout a été mis en place pour accueillir – contraintes sanitaires incluses – comme il se doit Nicolas Mathieu qui a obtenu le prestigieux prix littéraire en 2018 avec son roman « Leurs enfants après eux. » Cette première rencontre de l’édition 2020 de Libri Mondi se déroulait à L’Alb’oru pour cause de pluie.



Bénédicte Giusti et Nicolas Mathieu à L'Alb'oru © LH
Bénédicte Giusti et Nicolas Mathieu à L'Alb'oru © LH
Après une courte présentation d’un membre de l’équipe rappelant les contraintes sanitaires inhérentes à la rencontre, Sébastien Bonifay, en qualité de président de Libri Mondi, vient confirmer la difficulté d’organiser un tel évènement en période de COVID. Mais « c’était sans compter sur la motivation sans faille de mon équipe ainsi que le soutien, malgré cette difficile période, de tous nos partenaires, publics, comme privés. La Mairie de Bastia en premier lieu. Pierre Savelli et Mattea Lacave sont d’ailleurs là ce soir. Mais ce sont aussi les auteurs que je veux remercier, ils nous ont tous dit oui pour venir, même en cette période incertaine, explique Sébastien avec toujours autant d’énergie, et si le rendez-vous 2019 n’a pu se faire, il avait promis de venir, il est là pour vous ce soir : Nicolas Mathieu ! »

Rencontre
En effet, le prix Goncourt 2018, rejoint Bénédicte Giusti en charge d’animer cette première rencontre. Elle commence par une courte présentation du personnage et de ses livres, il opine de la tête et sourit parfois. La première question porte sur la dimension sociale de ses romans, à savoir si ça lui est venu naturellement ? « Non ! S’exclame Nicolas Mathieu. Longtemps, j’ai écrit des trucs chiants. Mais il ne faut pas écrire pour échapper à son destin social, il faut écrire sur ce qui nous ressemble. Il faut surtout écrire des livres dont on en est capable. » Il poursuit avec humilité : « J’ai baigné dans ce monde ouvrier. Je suis d’ailleurs mélancolique, pas nostalgique. C’est un monde qui s’achève avec la fin du PC, la faiblesse des syndicats, la fermeture des usines… Je ne décolère pas de le voir disparaître, je ne sais pas être indifférent. L’écriture est une manière d’investiguer tout ça. J’ai une vision un peu "martiale" de l’écriture. » Il avoue en même temps « ce sentiment de culpabilité très vif. J’ai parfois l’impression de trahir le monde d’où je viens… »

Littérature et 7e art
L’entretien se poursuit autour de ses romans et des thématiques abordées. L’auteur fait souvent référence au cinéma, par des renvois à des films (Top Gun), à des réalisateurs (Claude Sautet) ou pour expliquer qu’il incite le lecteur à « plonger » dans les multiples regards de ses romans. Pour justifier son style, il oppose John Ford à Orson Welles et confirme : « Définitivement, je suis du côté de Ford. Pas dans la démonstration. J'essaye de ne pas m'interposer entre le lecteur et le texte. »
Il évoque également — tout s’explique – ses études de cinéma et il se souvient de l’analyse de la première scène de Sunset Boulevard qui résume toute l’histoire du film. Par un travelling, un plan, une image… Comme un roman, avoue-t-il, qui « n’est qu’un mille-feuille de signes. »
Bénédicte conclue d’ailleurs cette rencontre par une question sur le cinéma et les séries. « Tout m’influence ! Et oui, un bon film ou une bonne série, ça vous fouette, ça vous donne envie. Je pense que les Soprano ont eu plus d’influence sur mon travail que Tolstoï ! »
 
Il est temps de passer à la séance de dédicace… en respectant les mesures sanitaires et les marques au sol prévues pour l’occasion. Si l’ambition de Libri Mondi est de donner envie au public de lire des livres, le pari est à nouveau réussi. Pour en savoir plus sur Nicolas Mathieu, c'est à lire sur le blog de Christophe Laurent.

​Le programme du week-end de Libri Mondi

Pas de pluie prévue sur Bastia ces deux jours. Les rencontres auront bien lieu dans les jardins suspendus du Musée de Bastia. En plein air mais, attention, le masque est obligatoire !
 
Samedi 12 septembre, Museu di Bastia :
- FRÉDÉRIC PAULIN à 15.30 
- REBECCA LIGHIERI à 17.00 
- RICHARD MORGIÈVE à 18.30 
 
Dimanche 13 septembre, Museu di Bastia :
- JEAN-MARC GRAZIANI à 15.30 
- MARION BRUNET à 17.00 
- VALERIO VARESI à 18.30