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Le développement de la mobilité électrique en Corse en question au CESEC


Julia Sereni le Mardi 26 Juillet 2022 à 18:55

Ce mardi 26 juillet, le Conseil économique, social, environnemental et culturel de Corse a examiné lors de sa session plénière plusieurs projets d’avis sur des rapports qui seront présentés lors de la prochaine session de l'Assemblée de Corse, dont un relatif à la mobilité électrique en Corse. Le sujet a soulevé de nombreuses interrogations de la part des conseillers.



Le Cesec a travaillé sur un projet d'avis concernant la mobilité électrique. Photo : Julia Sereni
Le Cesec a travaillé sur un projet d'avis concernant la mobilité électrique. Photo : Julia Sereni
50 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables en Corse à l’horizon 2030, c’est la projection que font l’agence d'aménagement durable, d'urbanisme et d'énergie de la Corse (AUE) et l’agence de la transition écologique (ADEME). Des chiffres « optimistes » pour le Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC) de Corse. Réunis en séance plénière, les conseillers devaient en effet se mettre d’accord, ce mardi 26 juillet, sur un projet d’avis relatif à un rapport sur la mobilité électrique, qui sera débattu lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse. 

Chargé de présenter le projet issu des travaux en commission, Denis Luciani, à la tribune, développe les interrogations du CESEC. « Sans remettre en cause la réalité des chiffres avancés, le CESEC s’interroge sur la capacité des ménages aux revenus modestes ou moyens à s’équiper de ce type de véhicule, tenant compte du fait que, par exemple, le prix d’une petite voiture citadine à moteur thermique, chez un constructeur français, démarre à 15 000 euros, et que le même modèle en version électrique coûte, au minimum 24 000 euros. »
 
Outre les particuliers, c’est la question de l'équipement des professionnels qui se pose : « Il va falloir les convaincre, et en particulier ceux du transport, de renouveler, dans un délai relativement contraint, leurs flottes », poursuit Denis Luciani. À ce titre, le projet d’avis précise que « le chemin de fer, en Corse, n’utilise à ce jour que des motorisations thermiques ».

« Le tout-électrique à marche forcée »

Rappelant que le modèle économique corse est fortement « basé sur l’économie touristique », le projet d’avis présenté appelle à la vigilance :  « La question des bornes de rechargement devra se situer et rester dans le cadre d’un service d’intérêt général, pour veiller à un maillage territorial cohérent et adapté et éviter qu’elle ne devienne une source supplémentaire d’inégalités territoriales ». Par ailleurs, en référence à la polémique apparue après la décision de certains loueurs de proposer des véhicules électriques, alors même que les bornes de recharges sont encore insuffisantes sur l'île, l’instance invite à « s’assurer du bon niveau en équipement de recharge préalablement à l’incitation à renouveler le parc de véhicules ».
 
Au-delà, certains membres du Cesec s’inquiètent des nuisances environnementales. « L’empreinte carbone de la fabrication d’un véhicule électrique est important et je ne parle même pas du stockage des batteries », indique Marcel Santini, secrétaire général FO Corse. Mais ce qui contrarie davantage encore le responsable syndical, c’est « le manque de prise en compte de l’aspect social ». Pour Marcel Santini, « il y aura une saignée en matière d’emplois dans le secteur automobile, 200 000 au plan hexagonal, et la Corse sera touchée. Nous sommes dans un mouvement du tout-électrique à marche forcée, pour nous c’est un projet néfaste, donc nous ne voterons pas l’avis ».

La solution de l'hydrogène ?

Soulignant que le texte présenté au vote des conseillers était issu d’une commission « très longue,  d’une durée de quatre heures », Marie-José Salvatori, secrétaire régionale de la CFDT, défend le projet. « Aujourd’hui, quel que soit le domaine, nous sommes dans le ‘tout-tout’, mais il va être difficile de continuer à s’éclairer à la bougie à l’heure du nucléaire. Ce n’est pas parce que nous acceptons un plan de bornage électrique que nous prônons le tout-électrique pour autant », argumente-t-elle.
 
À ce titre, le document présenté insiste sur l’émergence d’autres technologies, à commencer par l’hydrogène. « Les motorisations basées sur l’hydrogène auront, d’ici à 2030, une fiabilité comparable aux motorisations électriques et seraient peut-être susceptibles d’apporter des solutions », indique le projet d’avis.
 
« Ce débat souligne à quel point a question de la production d’énergie est complexe », conclut la présidente Marie-Jeanne Nicoli. Il se poursuivra dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse les 28 et 29 juillet prochains.