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La Corse face à l'inexorable érosion de son littoral


David Ravier le Dimanche 13 Août 2023 à 18:48

À la fin du mois de juillet, le gouvernement a dévoilé une liste comprenant 242 communes qui font face à des risques d'érosion côtière. Parmi elles, plusieurs localités corses ont été recensées. Une réflexion approfondie sera initiée dès l'automne par l'Etat, dans le but d'élaborer une stratégie solide et durable pour la préservation de ces zones vulnérables.



Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
L'érosion côtière et la montée de la mer causées notamment par le réchauffement climatique et par la hausse de la température de la mer inquiètent. Pour sauver le littoral, le Comité national sur le trait de côte, présidé par la députée Renaissance Sophie Panonacle, a été chargé par le gouvernement de se pencher sur la situation.Composé d'élus, d'ONG, de scientifiques et de citoyens, ce comité a pour mission d'évaluer le nombre et le type de biens qui seront touchés par l'érosion des côtes, dans les cinq prochaines années et à plus long terme, sur une distance de 200 mètres.

D'après les premières estimations, environ 500 biens immobiliers, y compris en Corse, seront touchés par ce phénomène indique Les Échos ce vendredi 11 août. L'exécutif devrait donc lancer cet automne une réflexion pour revoir sa stratégie, et aborder notamment la question centrale du financement des mesures car les petites communes sont forcément dépassées par la question qui suppose des moyens financiers importants. Elles ne peuvent consacrer tout leur budget en digues et réensablement.
 
A titre d'exemple  70 mètres des sacs de sables pour lutter contre l'érosion du littoral ont été installés le jeudi 1er avril 2021, par la Communauté des communes Marana-Golo à Pineto-Lucciana afin de protéger les plages et les habitations mises en danger par les vagues; Le coût total de l'installation de 160 mètres s'élevait à 60 000.   D’autres structures, aménagées en mer cette fois, peuvent casser la puissance des vagues tout en permettant de protéger le trait de côte, à l’image des géotubes sur la plage de San Nicolao. « Avec ce système, ces vagues arrivent avec une plus faible énergie sur le bord et vont moins éroder les plages », souligne Quentin Fontaine, océanographe et responsable d’étude et de recherche à la Station de recherches sous-marine et océanographique de Calvi (Stareso), tout en rappelant que le meilleur moyen de protéger le littoral, « c’est de ne jamais construire près du trait de côte, d’une plage ou d’une zone sableuse pour ne pas être exposé aux phénomènes d’érosion et de submersion des vagues d’une part, mais également pour perturber l’écosystème qui y vit ».  Il rappelle que « Tous les aménagements humains, que ce soit un port, une digue ou des enrochements, viennent perturber la dérive littorale, ce qui entraîne l’érosion du trait de côte, pointe Quentin Fontaine. Avant les aménagements humains près de la façade maritime, le système d’érosion était en équilibre. Ce sont les constructions qui ont perturbé l’environnement naturel ». 
 
Il y a cependant des méthodes naturelles qui peuvent préserver nos cotes. Selon Quentin Fontaine si l’érosion du littoral est inéluctable, il est tout de même possible de ralentir son expansion grâce des banquettes de Posidonie, qui sont les feuilles des herbiers marins qui se détachent pour se déposer sur la plage. « Elles jouent le rôle de barrière naturelle de lutte contre l’érosion, car elles atténuent l’énergie des vagues, ce qui ralentit le recul du trait de côte ». Pour le chercheur, il est donc impératif que ces banquettes de Posidonie restent sur le sable pour les protéger de l’érosion. « Une plage qui est recouverte d’une banquette de Posidonie indique que l’herbier marin qui est situé à quelques mètres de profondeur est en bonne santé », rappelle-t-il.   
 

Toute la Corse n’est d’ailleurs pas soumise à l’érosion de la même manière. La partie orientale de l’île, en particulier de Bastia à Solenzara, est plus touchée par ce phénomène, car elle est composée de côtes sableuses.
À l’inverse, toute la partie ouest de la Corse n’est quasiment pas concernée, car le littoral est constitué de côtes rocheuses et de falaises faites en granit. Malgré cela, toutes les roches ne se valent pas, « la côte granitique occidentale va beaucoup moins s’éroder que la côte rocheuse calcaire de Bonifacio, qui est bien plus friable », souligne Quentin Fontaine. Les conséquences de cette érosion, qui grignote du territoire chaque année, sont d’ailleurs déjà visible, « au sud de Bastia et au nord de Solenzara, on commence à apercevoir la création de falaises au milieu des plages et des dunes à cause de l’érosion du trait de côte », assure l’océanographe.