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L'édito de Jacques Renucci : Le mirage catalan


Jacques RENUCCI le Vendredi 13 Octobre 2017 à 23:35

La perspective d'indépendance de la Catalogne devient aléatoire. Elle a contre elle le gouvernement espagnol, l'Europe et les marchés financiers. La région n'a qu'un seul tort : celui d'être trop riche



L'édito de Jacques Renucci : Le mirage catalan
Le référendum catalan devait être à la face du monde l'illustration d'un radieux élan démocratique, la concrétisation de la volonté des peuples à disposer d'eux-mêmes, avec un processus pacifique et harmonieux menant à l'indépendance. Aujourd'hui, cette perspective se fait de plus en plus aléatoire, et les dirigeants catalans font face à une coalition de forces contraires qui pourrait bien faire avorter leur projet.  


A l'intransigeance de Madrid s'ajoute le rejet de l'Europe, dont on comprend plus que jamais qu'elle est plus celle de l'économie mondialisée que celle des individus. Pour intégrer la communauté européenne, le pays postulant a besoin du vote à l'unanimité des pays membres – il est donc écrit que, quoi qu'il en soit, l'Espagne mettra son veto à l'entrée de la Catalogne, un scénario catastrophe pour Barcelone.  


Au Royaume-Uni, lorsqu'il a été question de l'indépendance de l'Ecosse, David Cameron a laissé s'organiser le référendum... C'est l'Europe qui a fait le travail de dissuasion pour que le statu quo soit préservé.  
Le gouvernement de Madrid, héritier du colonialisme militaro-religieux de sinistre mémoire, a été plus brutal, ce qui a accru la sympathie internationale pour les séparatistes. Mais l'élan est vite retombé, au nom du droit, au nom de la force, au nom de la concaténation des économies. Les banques fuient Barcelone, les grandes entreprises transfèrent ailleurs leur siège social... Le risque de dévisser en bourse est pour elles plus fondamental que le soutien initial à une démarche que ce puissant capitalisme régional aurait souhaitée sans accroc.  


On disait partout aimer Carles Puigdemont, le chef du gouvernement catalan, mais lorsqu'il formule une demande de médiation internationale, personne ne répond, on fait semblant de ne pas l'entendre. Dans son camp, on se divise sur la stratégie à adopter, entre jusqu'au-boutisme, négociation et capitulation. Signe des temps, la possible proclamation de la république catalane a même été rejetée lors du congrès du SNP, le parti nationaliste écossais, qui débutait le 8 octobre à Glasgow, au nom du légalisme. Bref, ça flotte et ça craque de toute part.  


Entre naïveté et malignité, les médias ont invité les responsables nationalistes de l'île à parler de la Catalogne, avec évidemment une projection sur la Corse. Sans tomber dans des pièges parfois grossiers, les élus territoriaux ont souligné la différence de nature et d'échelle entre les deux situations. Que la scission se réalise, et l'Espagne perdrait trois places au classement mondial, passant de la treizième à la seizième. Quant à la république catalane, elle constituerait un pays équivalent au Portugal ou à la Grèce. On est loin de tout cela.  


Pour conforter son analyse, Jean-Guy Talamoni a assuré qu'un processus d'indépendance ne peut être viable que si la région concernée est économiquement indépendante. Encore faut-il qu'elle ne le soit pas trop, et que le pays quitté ne perde pas de sa richesse. L'Angleterre lâche Chypre et Malte, qui ne pèsent rien, mais garde l'Ecosse. C'est le même problème qui se pose aujourd'hui à l'Espagne. L'Europe est dans une logique similaire : elle refuse l'Ecosse ou la Catalogne, mais accepte la Slovénie ou le Montenegro, qui ne menacent aucun équilibre.  


En somme, une Corse riche, ce serait le seul critère qui le moment venu pousserait la France à lui refuser l'indépendance. Qu'elle reste comme elle est et elle a toutes ses chances.
Pour cela, nous pouvons faire confiance aux élites qui nous gouvernent.

L'édito de Jacques Renucci : Le mirage catalan