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L’Exécutif et l’Assemblée de Corse demandent la publication du rapport de la JIRS sur l’existence d’un système mafieux dans l’île


Nicole Mari le Samedi 23 Octobre 2021 à 21:40

Le président du Conseil exécutif de Corse et la présidente de l’Assemblée de Corse réagissent, dans un communiqué conjoint à la divulgation par le journal « Le Monde » d’un rapport confidentiel de la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Marseille qui conclurait à l’existence d’un système mafieux en Corse. Ils demandent au gouvernement de rendre publics les éléments objectifs en sa possession.



L'hôtel de région, siège de la Collectivité territoriale de Corse et de l'Assemblée de Corse. Photo CNI.
L'hôtel de région, siège de la Collectivité territoriale de Corse et de l'Assemblée de Corse. Photo CNI.
« Le gouvernement doit rendre publics les éléments en sa possession relatifs au « système mafieux » qui aurait été objectivé en Corse selon un rapport de la JIRS ». Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, ont réagi, samedi soir, dans un communiqué conjoint, à un article du journal « Le Monde » paru sur le site internet du titre le 23 octobre 2021. Cet article, qui fait le buzz sur les réseaux sociaux, affirme que la Juridiction Interrégionale Spécialisée (JIRS) de Marseille aurait transmis à la Chancellerie un rapport confidentiel qui conclurait à l’existence d’un « système mafieux » en Corse et demanderait en conséquence que de nouveaux moyens lui soient alloués. « Dans un rapport confidentiel, des magistrats défendent la création d’un pôle antimafia pour la Corse. La Chancellerie reste sourde à leur demande », tweete lemonde.fr. Ce rapport d’une centaine de pages, indique le quotidien national, « dresse un panorama inédit du système criminel insulaire » qui « repose sur près de 150 dossiers traités entre 2009 et fin 2019. Il concerne plus d’une quarantaine de personnes condamnées ou mises en examen. Huit cent ans d’emprisonnement ont été prononcés dans ces affaires et plus de 15 millions d’euros d’avoirs saisis. La conclusion de ce travail est sans appel : « Le banditisme corse revêt toutes les formes du phénomène mafieux » ». Mais, ajoute lemonde.fr : « Après avoir examiné les demandes, le ministère estime, pour sa part, que l’organisation actuelle fonctionne plutôt bien ».

Une session spéciale
Dans leur communiqué, les deux présidents corses avouent leur perplexité : « N’ayant à ce jour aucune connaissance du contenu de ce document, nous ne pouvons, à ce stade, nous exprimer sur le fond de celui-ci, et ce d’autant mieux que les méthodes et affirmations de la JIRS ont souvent été critiquées ou battues en brèche, par les juridictions de jugement comme par les associations de défense des droits, et notamment la Ligue des droits de l’homme ». Ceci posé, ils expliquent que l’Exécutif corse avait, dès 2019, proposé une session spéciale sur le sujet : « dès le 26 septembre 2019, au lendemain de l’assassinat de Massimu Susini, point culminant de nombreux actes criminels survenus en Corse lors des mois précédents, le Conseil exécutif de Corse a proposé une session spéciale de l’Assemblée de Corse. Cette session, préparée en amont par une large consultation, avait pour objectif de dégager un diagnostic commun sur la situation mafieuse ou pré-mafieuse en Corse, et de proposer des voies possibles d’action. Dès le 8 janvier 2020, la Conférence des Présidents (réunissant le Président du Conseil exécutif de Corse, le Président de l’Assemblée de Corse, et les Présidents de groupe) a initié, dans cette perspective, une série d’auditions de l’ensemble des acteurs institutionnels, associatifs, et citoyens concernés ». Une session retardée par la crise sanitaire, mais pas enterrée. « Différé du fait de la crise Covid puis de l’échéance électorale, le débat prévu devant l’Assemblée de Corse a dû être reporté, et est prévu pour se tenir dans les prochains mois. Il a vocation à être un moment fondateur de la rupture avec les mécanismes qui gangrènent la société corse », précisent-ils.
 
Le choix de la transparence
Les deux présidents nationalistes rappellent également, dans leur communiqué, que la lutte contre les dérives mafieuses est une priorité de la mandature : « La majorité territoriale Fà Populu Inseme, désignée par le suffrage universel en juin dernier, a en effet placé au cœur des engagements pris devant le peuple corse la volonté de construire une Corse réellement démocratique, affranchie des logiques de bandes, de factions, et de toute emprise mafieuse et pré-mafieuse. Au-delà de la majorité territoriale, l’ensemble de la représentation élue de la Corse, tout comme d’ailleurs les forces politiques non représentées au sein de l’Assemblée de Corse, se sont prononcés pour faire de la lutte contre les dérives mafieuses ou pré-mafieuses une priorité. Cette exigence est également portée avec force par la société insulaire, dans toutes ses composantes ». Cependant, estiment-ils, « pour pouvoir statuer et décider en connaissance de cause, les élus de la Corse doivent avoir accès à tous les éléments qui permettent, d’une part d’apprécier la gravité de la situation, d’autre part de proposer les solutions adaptées à celle-ci. C’est dans cette optique que les auditions menées ont notamment mobilisé diverses institutions, ou encore les professionnels du droit, les acteurs de la vie économique, ou les associations ». Ils font remarquer que « Seuls, les services de l’Etat ont refusé de participer à ces auditions et à ces travaux. Ce choix de ne pas participer au processus initié par la Collectivité de Corse aux fins de traiter un problème perçu comme majeur par la société corse est incompréhensible ». Considérant « le fait nouveau » que constitue la révélation du rapport de la JIRS qui pointe, selon l’article du Monde, « l’interpénétration du banditisme, de l’économie et de la politique », ils jugent « plus que jamais indispensable que l’Etat fasse le choix de la transparence sur les éléments structurants permettant d’objectiver cette interpénétration, et donc de la combattre de façon efficace ». Aussi demandent-ils au gouvernement de communiquer aux institutions de la Corse et aux citoyens « les éléments objectifs en sa possession concernant la réalité et l’ampleur de ce que le rapport de la JIRS qualifie de « système mafieux en Corse » ».