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Julien Paolini : « Le mandat de maire, en pleine crise sanitaire, c’est un vrai parcours du combattant »


Nicole Mari le Lundi 18 Janvier 2021 à 19:35

Le nationaliste, Julien Paolini, a été élu maire de Pietrosu en mars dernier, en binôme avec François Martinetti. Agé de 43 ans, le conseiller territorial de Femu a Corsica, Maître de conférences en chimie à l’Université de Corse, a eu un baptême du feu plutôt chahuté par la crise sanitaire liée au COVID. Il revient, pour Corse Net Infos, sur ses premiers pas de maire, ses six premiers mois de mandat hors norme, et sur la situation budgétaire dégradée trouvée à son arrivée. Même s’il estime qu’il faudra deux ans pour rétablir la capacité d’investissement de la commune, il a déjà engagé, comme promis pendant la campagne électorale, des chantiers structurants en matière d’eau et d’assainissement, mais aussi de logement.



Julien Paolini, maire de Pietrosu et conseiller territorial de Femu a Corsica.
Julien Paolini, maire de Pietrosu et conseiller territorial de Femu a Corsica.
- Vous étiez déjà élu à l'Assemblée de Corse, mais c’est votre premier mandat de maire, qu’est-ce qui vous a poussé à franchir le pas ? En êtes-vous satisfait ?
- Devenir maire est un choix mûrement réfléchi car une telle responsabilité ne se prend pas à la légère. Je trouve mes motivations à plusieurs niveaux. Avant toute chose, l’encouragement et le soutien des nombreuses personnes qui m’ont fait confiance pour accéder à ces nouvelles responsabilités. Ensuite, le constat partagé avec les habitants sur l’état inquiétant de notre commune. Aujourd’hui, je suis pleinement investi dans cette fonction avec la volonté de voir avancer résolument mon village. Maire, c’est à la fois, une notion d’immédiateté pour répondre aux problématiques du quotidien et par ailleurs, une opportunité d’avenir pour assurer le développement de la commune. A ce titre, je profite de l’occasion pour remercier les membres du conseil municipal pour leur implication sans faille depuis notre élection.
 
- Vous avez fait vos premiers pas de maire en pleine crise COVID. Comment avez-vous appréhendé cette fonction et comment la vivez-vous concrètement ?
- Le mandat de maire n’est pas une sinécure, mais en pleine crise sanitaire, c’est un vrai parcours du combattant. Nous avons tenté d’assurer en priorité un service aux personnes âgées, fragiles et isolées. La période de mars à mai 2020 a été particulièrement délicate car nous avions la légitimité des urnes, mais le mandat de l’ancienne municipalité a été prorogé pendant deux mois. Pour autant, avant même notre prise de fonction officielle le 23 mai, nous sommes parvenus, grâce à la volonté de l’équipe municipale, à distribuer des masques et à assurer la livraison de nourriture et de médicaments. Cela, en mobilisant nos moyens personnels, dès le début de la crise. Aujourd’hui, nous travaillons plus sereinement, même si les conditions d’exercice ne sont toujours pas optimales, notamment pour rendre compte publiquement des débats du conseil municipal. Pour cela, nous utilisons les courriels et les réseaux sociaux. D’ailleurs, la récente page Facebook de la commune connait un grand succès auprès des administrés.
 
- Quel premier bilan pouvez-vous tirer de ses six premiers mois de mandat hors norme sous crise sanitaire ? 
- Maire, c’est un mandat prenant et particulièrement enrichissant aussi bien d’un point de vue personnel que collectif. Les discussions avec la population permettent d’engager une véritable dynamique, seule gage de réussite. Malgré la crise sanitaire, notre engagement de communiquer sur nos décisions et d’échanger avec les habitants est tenu. Nous nous félicitons que de plus en plus de personnes participent régulièrement aux conseils municipaux et aux réunions publiques. Au sein de notre équipe, il y a un vrai partage des responsabilités. La solution de la cogestion avec Francois Martinetti s’avère pertinente à l’usage : actuellement premier adjoint, il occupera les fonctions de maire en 2023. De plus, elle me permet de dégager un peu de temps pour mon mandat territorial, ma vie professionnelle et familiale.

- Le fait d’être élu à l’Assemblée de Corse et membre de la majorité est-il un plus pour votre gestion ?
- Le mandat territorial offre une vision globale sur les grands enjeux de l’île alors que le mandat de maire me permet d’avoir une vision précise des problématiques rencontrées dans les communes de l’intérieur. J’essaye de mettre cela à profit dans mes activités à l’Assemblée de Corse. Mon expérience de conseiller territorial me permet d’avoir une connaissance fine des nombreux dispositifs d’aides aux communes proposés par la Collectivité de Corse, les agences et les offices, et ainsi de pouvoir les mobiliser pour financer des projets structurants. Le mandat de maire est, certes, différent de celui de conseiller territorial, mais les sources de motivations qui m’animent sont communes. L’équité, la transparence et l’honnêteté sont les principes fondateurs de mon engagement.
 
- Quelle situation avez-vous trouvée dans la commune à votre arrivée ?
- Une situation très dégradée, notamment au niveau budgétaire, ce qui contraint considérablement nos marges de manœuvre. Ces six premiers mois m’ont permis avec l’aide précieuse des agents et conseillers municipaux de faire un point précis sur les finances et d’élaborer une stratégie pour redresser la situation. Premier constat : un nombre important de factures parfois anciennes - plus de trois ans - et restant dues au moment de notre prise de fonction, et cela aussi bien en fonctionnement qu’en investissement. En outre, un retard considérable sur l’encaissement de certaines recettes - comme l’eau potable, l’assainissement et les baux agricoles - ou encore la perte de dotations et de subventions non mobilisées. Nous estimons que deux ans seront nécessaires pour déterminer précisément notre capacité réelle à investir. Pour autant de nombreux projets structurants ont, d’ores et déjà, été lancés pour la période 2021-2022.
 
- Lesquels ?
- Conformément aux priorités identifiées durant notre campagne électorale, plusieurs chantiers sont sur les rails. Tout d’abord sur l’eau avec deux actions principales : la réhabilitation du bassin principal de Petrosu prévue en mars prochain et l’approbation du schéma directeur, outil indispensable pour financer la rénovation des réseaux et la construction d’une station d’épuration à Casa Pieraggi. Au niveau du logement, nous allons acquérir très prochainement, via l’Office foncier de Corse, une maison de 130 m2 et un terrain de 7500 m2 pour développer l’offre locative et faciliter l’accession à la propriété. Enfin, nous lancerons prochainement une première phase de travaux pour la réhabilitation de la piscine municipale et de la place de l’église.
 
- Quelles sont vos projets et vos priorités pour 2021 ?
- En 2021, il s’agira en premier lieu de solder tous les arriérés de paiement et de trouver de nouvelles recettes, notamment en développant les logements communaux et en optimisant les ressources foncières de la commune. Si nos capacités d’autofinancement sont suffisantes, nous chercherons à mobiliser des financements pour rénover l’école de Casa Pieraggi et l’ancien groupe scolaire de Petrosu afin de créer des lieux de vie et de convivialité. Dans cette période où le télétravail se démocratise, nous envisageons également à moyen terme la création d’un espace de coworking destinés aux jeunes actifs. Toutefois, cela nécessite, au préalable, d’améliorer les performances du réseau numérique et téléphonique, notamment au village et dans les hameaux. Avec mon équipe, nous nous efforcerons de marquer de manière positive et durable l’histoire de notre commune au service de l’ensemble de la communauté villageoise. 
 
Propos recueillis par Nicole MARI.