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Ajaccio : la majestueuse Tour de la Parata se refait une beauté


Patrice Paquier Lorenzi le Vendredi 13 Juin 2025 à 15:43

La Tour de la Parata va faire l’objet d’une vaste réhabilitation portée par le Syndicat mixte du Grand Site des Îles Sanguinaires, jusqu’à la fin de l’année 2025. En amont, l’INRAP mène depuis fin avril une opération archéologique destinée à documenter le site et à mieux comprendre les différentes étapes de sa construction. Jadis blanche porcelaine, la tour retrouvera une teinte plus naturelle, en harmonie avec son paysage.




Des fouilles archéologiques ont été menées sur l'isthme de la Parata (photo Jean-Baptiste Jamin, INRAP)
Des fouilles archéologiques ont été menées sur l'isthme de la Parata (photo Jean-Baptiste Jamin, INRAP)

Édifiée en 1551 sur la colline, la Tour génoise de la Parata, qui fut une des premières tours construites, va faire l’objet d’une vaste opération de réhabilitation ces prochains mois. Dans le cadre des Journées européennes de l’archéologie, organisées par l’INRAP et la DRAC de Corse, qui se déroulent de ce vendredi 13 juin jusqu’à dimanche, le Syndicat mixte du Grand Site des Îles Sanguinaires a tenu à présenter les grands contours du projet.

Depuis fin avril, une équipe de l’INRAP réalise, à cet effet, et à la demande de la DRAC de Corse, une opération d’archéologie préventive ayant pour but de comprendre les différentes étapes mais aussi méthodes de construction, ainsi que les fonctions des différents espaces, comme l’explique Astrid Huser, responsable des opérations au sein de l’INRAP : « C’est une des rares tours génoises à avoir des fortifications, et nous avons essayé de comprendre comment elle avait été conçue avec tous les aléas de chantier et les modifications effectuées en cours de route. Le but du jeu c’était de partir de sa date de construction en essayant de remonter le fil du temps et de voir ce qui a été modifié par la suite. Et notamment ce que l’on appelle la lecture des enduits, en analysant les couches successives qui ont étoffé l’histoire de la Tour. »

Commandée par Accelino Spinola, lieutenant d’Ajaccio, et réalisée par Giacomo Lombardo, chef maçon génois, elle était destinée à la protection de la Citadelle d’Ajaccio. Première tour du golfe d’Ajaccio, elle sera suivie par celle de Capitello. Ayant perdu de son importance, elle retrouvera ensuite son usage au XIXe siècle avec l’installation du télégraphe de Chappe sur son sommet, la transformant en un important relais de communication. Divisée en trois niveaux, la tour comprend une citerne au rez-de-chaussée, et deux étages sous voûte qui témoignent de trois périodes d’intervention. Des fouilles archéologiques avaient mis en avant l’existence de sépultures sur l’isthme de la Parata, lors des travaux de dallage de 2014, puis durant le diagnostic de 2019 : « Le premier squelette que nous avons retrouvé datait du XIVe siècle et laisse plutôt penser à un naufrage isolé plutôt que l’existence d’un véritable cimetière marin, comme cela avait pu être évoqué. » En parallèle de l’étude de la tour, une zone de 50 m² a ainsi été prescrite au printemps 2025, mais la surface appréhendée s’est révélée exempte de vestiges funéraires.


photo : Jean-Baptiste Jamin, INRAP
photo : Jean-Baptiste Jamin, INRAP
Une teinte naturelle plutôt que la couleur blanche porcelaine de l’époque
Une opération de restauration qui a déjà débuté, et qui donne un caractère particulier à ce vaste chantier, comme l’explique Stéphane Desmont, architecte du patrimoine et chargé de la restauration de la Tour : « C’est un chantier exceptionnel qui se déroule en même temps que l’intervention des archéologues. L’idée était d’avoir du contenu complémentaire grâce aux fouilles qui sont en train d’être effectuées. Grâce au travail de l’INRAP, nous allons pouvoir reconstituer et réinterpréter ce qui a été fait à l’époque. Nous avons par exemple trouvé dans la citerne, la pierre d’origine qui faisait office de seuil de la porte d’entrée d’origine. C’est une tour qui n’a pas beaucoup évolué dans le temps, il y a seulement eu une deuxième phase de travaux fin XIXe siècle, effectuée par l’Armée française mais qui a été de piètre qualité. Nous allons donc purger cette période pour retrouver l’état initial de 1551. Pour autant, avec beaucoup de concertation, elle ne retrouvera pas sa couleur blanche porcelaine d’origine, elle gardera sa teinte naturelle plus en rapport avec le paysage classé du Grand Site. » Une décision prise en raison du fait que l’enduit historique ne représentait que 100 années sur les 500 ans d’histoire de la Tour.

photo : Jean-Baptiste Jamin, INRAP
photo : Jean-Baptiste Jamin, INRAP
Une tour qui ne sera pas accessible au public
D’autre part, l’étude de faisabilité des moyens d’accès au 1er étage et la réglementation encadrant les établissements recevant du public ont conduit les responsables du Grand Site à ne pas rendre la tour librement accessible. Les visiteurs pourront seulement l’admirer de l’extérieur après avoir gravi les 157 marches nécessaires pour arriver au pied de la Tour. Pour ce faire, Stéphane Sbraggia, maire d’Ajaccio et président du Syndicat mixte, déclare : « Ce chantier s’inscrit dans notre démarche de valorisation et de transmission mémorielle et patrimoniale. Ajaccio est une ville d’arts et d’histoire (…) Il faut réconcilier les Ajacciens avec leur histoire et leur patrimoine car il est souvent mal connu. Quand on voit ce paysage et cette tour, on se sent comme des privilégiés et il faut savoir le valoriser. » Le coût total de la rénovation s’élève à 701 607 €, financé à 92 % par le Syndicat mixte du Grand Site des Îles Sanguinaires, avec une participation de 49 000 € de la Fondation du Patrimoine.